Jeudi 6 février 2025: Après avoir fait le plein de désert, nous reprenons notre route pour rejoindre les Gorges du Dadès. Nous repassons par Merzouga, les dunes sont toujours aussi belles. Le long de la route, nous croisons un chamelier et ses dromadaires.
Nous prenons la direction de Rissani où nous nous arrêtons dans les souks fort animés pour quelques courses.
Après avoir fait le plein de légumes et de fruits, nous roulons vers Erfoud où nous manquons la route vers Goulmima, funeste erreur. Il nous faut faire demi-tour et arrivé à un carrefour avec feu que je franchis au vert et à vitesse modérée, je me fais arrêter par un jeune policier qui me fait le sketch du passeport, permis de conduire, papiers du véhicule. Je me demande bien ce que j’ai pu faire de répréhensible, ici tout le monde roule n’importe comment.
Notre zèlé policier a remarqué que Caro ne portait pas sa ceinture, il nous en coûtera donc 300 dirhams (30€). Le temps de faire les documents et de recevoir notre diplôme, nous repartons et nous nous arrêtons près de Tinghir. Notre petit camping est à 1.200 mètres d’altitude, on aura que 2°C cette nuit. Demain nous ferons les magnifiques gorges du Dadès.
C’est majestueux Merzouga et cette proximité du désert exceptionnelle. La ville est réellement bâtie à la lisière de l’erg Chebbi dont certaines dunes culminent à 150 mètres de haut. On peut regarder dans toutes les directions, l’ocre des dunes sur lequel se reflète le soleil est magnifique.
Subjugués par la beauté de l’endroit, on n’a que quelques mètres à faire en sortant de Trankilou pour escalader une dune. Ulla court dans tous les sens, monte et dévale les dunes, se roule dans le sable. Elle adore. Ianta n’est pas en reste.
La beauté de l’endroit et la sérénité qu’elle inspire est très vite perturbée par les nombreux Quads qui pétaradent en soulevant des nuages de sable. Les caravanes de dromadaires en mode promène couillons sont légions, tout comme les 4×4 qui roulent entre les dunes. Partout dans la ville, nous sommes sollicités pour des locations ou excursions.
Merzouga est très touristique, ce n’est pas ici que nous trouverons la sérénité et la communion avec l’univers. Pour l’authenticité, il faut aller ailleurs.
Au Sud de Merzouga, après la ville de Taouz, la route est encore goudronnée jusqu’à Ouzina où on trouve encore des auberges camping. C’est donc là que nous irons rechercher le calme du désert.
La ville de Taouz est le centre d’une exploitation minière de Cobalt, Nickel et de Baryte. C’est ce qui explique les nombreux camions qui circulent sur cette route.
Nous parcourons en mode sénateur les 50 km de route à travers le désert et arrivons à notre destination, un hôtel, camping magnifique situé 100 mètres avant la fin du goudron. Après c’est la piste pour 200 km à travers le désert.
Les commentaires dithyrambiques que nous avons lu sur l’endroit ne sont pas exagérés et nous tombons sous le charme du bivouac. Il y a même une piscine sur le toit du bâtiment. Tout est parfait et propre, il ne manque que le signal de Maroc Telecom, nous devrons nous contenter du wifi anémique disponible uniquement au lobby de l’hôtel.
Les dunes moins hautes mais très jolies de l’erg Ouzina nous attendent à l’horizon proche. Une fois installés, nous pouvons enfin écouter le silence.
L’après-midi, je pars en reconnaissance avec Ulla pour une petite randonnée dans le sable. Nous grimpons au sommet d’une première dune. Ici elles ne sont pas aussi haute qu’à Merzouga mais ce l’est bien assez pour nous épuiser. Les derniers mètres, je les ferai comme Ulla à quatre pattes. Nous resterons tous les deux assis sur la crête pour récupérer et admirer l’horizon. On peut enfin regarder l’immensité de l’univers sans être dérangé par la pollution sonore des Quads et buggys. L’authenticité est au rendez-vous.
Le coucher de soleil et son lever à l’aube sont superbes. Avec Alain et Michelle, nous repartons en milieu de matinée explorer une autre dune plus haute que celle de la veille.
Nous marchons vers elle et j’ai à nouveau l’impression que mes dunes reculent au fur et à mesure de notre progression. Arrivés à la dune, elle paraît encore plus haute. Nous commençons à grimper et Michelle préfère nous attendre à mi-hauteur. Ulla est déjà an haut et nous regarde progresser, les derniers mètres sont les plus durs je m’écroule enfin à côté d’Ulla et Alain nous rejoint. La vue récompense nos efforts, les montagnes noires, les oasis proches, la piste qui serpente vers l’horizon. Nous sommes conquis.
Il est déjà temps de retourner déjeuner des plats commandés au restaurant que nous dévorerons arrosés d’un bon vin. Nous prenons le café avec un équipage sympathique rencontré à Aglou et retrouvé ici. Le soir, nous les invitons à l’apéro pour parler de voyages et du Maroc, un bon moment.
Demain nous prendrons la direction des gorges pour d’autres paysages.
Avant de partir nous découvrons enfin les 3 camping-cars VUCC de nos amis et allons les saluer, heureux de les croiser enfin.
Le soleil se lève sur les contreforts de l’Anti-Atlas marocain alors que nos camping-cars s’engagent sur la route qui relie Zagora à Merzouga. Cette traversée de +/- 280 kilomètres s’annonce comme mémorable.
Quittant l’oasis verdoyante de Zagora, nous nous enfonçons progressivement dans un paysage de plus en plus aride. Les palmiers dattiers cèdent la place aux Arganiers et à une étendue rocailleuse où les tons ocre et rouge dominent. La route est étonnamment bien entretenue, serpentant à 900 mètres d’altitude entre les reliefs escarpés. Très vite, nous devons emprunter des déviations pour contourner un pont ou une portion de route effondrée suite aux pluies torrentielles de septembre.
Fort de notre expérience précédente nous évitons soigneusement les parties trop sablonneuses.
À mi-chemin, nous traversons la petite ville de Tazzarine. Les habitants nous font des signes chaleureux, habitués à voir passer les voyageurs en route vers les grandes dunes. Le marché local est très animé mais nous ne nous y attardons pas.
Tout au long de la route, nous croisons des nomades, des enfants, des adultes qui nous font des signes pour demander à boire ou à manger. Ils n’ont pourtant pas l’air de manquer de quoi que ce soit. Il vaut mieux ne pas s’arrêter car ceux qui l’ont fait vous diront la nuée qui s’est abattue sur eux réclamant de l’argent, des bonbons, des vêtements etc.
Passé la ville, nous nous arrêtons pour déjeuner. Je sors les chiens heureux de se dégourdir les pattes. Des enfants qui jouaient au loin se rapprochent mais restent à distance. Nous prenons une boîte de biscuits et voulons la donner à un petit bonhomme qui nous regarde. Il a peur et s’enfuit mais revient avec un grand qui prend la boîte et court la remettre à ses parents. Quand nous repartons, ils nous feront des grands signes de reconnaissance.
La route continue ensuite vers l’est, et le paysage se transforme progressivement. Les montagnes s’effacent pour laisser place à des plateaux rocheux, puis à des étendues de reg, ce désert de pierres caractéristique du Sahara. L’horizon s’élargit, et le ciel semble gagner en immensité. Des dromadaires solitaires ponctuent parfois le paysage, broutant les rares touffes de végétation qui résistent à la sécheresse.
À mesure que nous approchons de Merzouga, nous apercevons au loin une ligne orangée qui se dessine : l’Erg Chebbi et ses dunes majestueuses. Ces monuments de sable peuvent atteindre 150 mètres de hauteur et s’étendent sur des dizaines de kilomètres. Le contraste est saisissant entre la route goudronnée et cet océan de sable qui semble nous attendre.
La dernière portion du trajet est particulièrement spectaculaire. Les dunes se rapprochent, grandissent, et nous comprenons pourquoi Merzouga est considérée comme l’une des portes les plus impressionnantes du Sahara marocain. Nous trouvons deux places dans l’un des campings aménagés au pied des dunes.
Le soir venu, alors que le soleil embrase les dunes de ses derniers rayons, nous prenons l’apéro dans la quiétude de l’endroit. Demain nous partirons découvrir la ville et les environs.
A Foum Zguid, le vent a soufflé toute la nuit et nous avons passé la soirée sans télé, n’osant pas sortir l’antenne. Vers 6H00 du matin, il s’est enfin calmé. A 8H30, le pain tout chaud nous est offert, c’est sympa.
Toute la matinée, nous aspirons, époussetons, lavons pour faire disparaître cette poussière qui s’est invitée partout. Ulla et Ianta n’ont pas été épargnées. Il faudra du temps pour se débarrasser de ce sable plus fin que votre farine bio.
Samedi 1er février 2025: Nous voilà repartis pour une route que nous espérions facile vers Zagora mais cela ne s’est pas tout à fait passé comme cela.
Au bout de quelques kilomètres, ce témoin de charge batterie qu’on avait oublié se rallume et ne s’éteint pas. Je m’arrête, remets en route mais rien à faire, il reste allumé. Je me dis que cette fois l’alternateur est mort mais pas de garage à l’horizon. Il faudra chercher à Zagora, la batterie nous le permettra sans problème. On repart et miracle, tout va bien et la charge est bonne. Allez comprendre, je vais contacter l’assistance pour avoir leur avis.
La route est belle mais nous ne verrons aucune caravane, juste un dromadaire poursuivi pas un vélomoteur, quelques nomades. Au passage des Oueds, le pont et la route sont parfois emportés et il faut prendre une route empierrée provisoire. Ces pluies de septembre ont décidément fait beaucoup de dégâts.
Un fourgon fusée nous dépasse sur cette route très étroite et disparaît rapidement à l’horizon. On se dit que ce n’est pas très prudent. Nous voilà déjà à l’aéroport de Zagora et la route est en réfection. Surprise, le fourgon pressé est bien planté et les ouvriers du chantier s’affairent pour le sortir de là. Nous sommes obligés de passer sur l’autre voie et roulons prudemment mais impossible de repasser sur la voie de droite, les engins ont laissé une bande de terre pour séparer les deux voies. Alain roule doucement car la voie se rétrécit de plus en plus et pas de chance, dans une petite descente la route se dérobe et le voilà ensablé. On sort les pelles et Alain essaye de s’en sortir mais le camion s’enfonce de plus en plus et la cellule finit par reposer sur le sable.
Le comble de l’histoire, c’est que le fourgon nous dépasse en nous jetant un regard moqueur. On ne le caillasse pas même si on en a envie. Les ouvriers du chantier arrivent avec des engins de chantier et s’excusent pour l’état de la route. Après plusieurs essais infructueux, ils parviennent enfin à sortir le camping-car de sa situation de plus en plus périlleuse. Avec le tractopelle, ils égalisent le mur de terre et nous passons sur l’autre voie.
Tout ira bien jusqu’au camping Les Jardins de Zagora, très proche du centre ville. Après déjeuner, nous partons faire quelques courses dans les souks qui regorgent de dattes, de fruits et de légumes. Sur l’avenue nous faisons le plein de pâtisseries marocaines dans le même magasin qu’il y a 5 ans.
Au cœur de la vallée du Drâa, Zagora est une étape très agréable au cours de votre voyage dans le sud marocain. Sous un ciel ocre, la ville de Zagora, balayée par les vents des sables, offre aux environs de nombreuses possibilités d’excursions dans le désert, à pied, à dos de dromadaire ou en 4X4.
Situé à quelques kilomètres des premières dunes sahariennes, Zagora connut un véritable essor au XIème siècle lorsque les Almoravides y bâtirent cette imposante forteresse qui la protégea des siècles durant contre de ses assaillants. Les ruelles ombragées de la ville, qui s’étendent de part et d’autre de l’avenue Mohamed V, rendent la promenade très agréable. On pénètre dans le centre de Zagora par la monumentale porte de Ouarzazate. À l’extrémité sud de la ville se trouve le célèbre panneau annonçant la route de Tombouctou à 52 jours (en dromadaire).
Le soir, je vois sur Polarsteps que les 3 autres équipages VUCC sont dans notre camping. Il fait noir et je pars à leur recherche mais ne les trouve pas. Quel hasard et dommage que nous ne connaissions pas leur programme.
Nous partons demain pour Merzouga en espérant que la route soit plus indulgente qu’aujourd’hui.
Nous sommes proches du désert et les températures remontent la nuit. Ce matin, belle vue de l’autre rive de l’oued. Il fait beau mais la météo annonce un rafraîchissement des températures et du vent pouvant être fort.
Nous avons prévu de faire étape à Foum-Zguid, ce n’est pas très loin (130 km) mais avec le vent si la tempête souffle pour de bon, la route pourrait être difficile.
En chemin, nous nous arrêterons à Tissint, mondialement connue pour la météorite martienne tombée sur Terre le 18 juillet 2011 près du village. Elle est devenue l’une des météorites les plus étudiées au monde en raison de son origine martienne et de sa récupération rapide, limitant ainsi son altération par l’environnement terrestre.
Elle provient de Mars, éjectée dans l’espace il y a environ 1 million d’années suite à un impact violent (astéroïde ou comète) à la surface de la planète. Des témoins ont vu une boule de feu traverser le ciel avant que des fragments ne soient retrouvés dans le désert. Environ 7 kg de matériaux ont été collectés.
Les analyses révèlent des traces de processus volcaniques vieux d’environ 600 millions d’années. Les veines de fusion (dûes à un impact violent) témoignent des conditions extrêmes ayant propulsé la roche hors de Mars.
Des composés carbonés ont été détectés, mais leur origine (martienne ou contamination terrestre) reste débattue. Ils pourraient résulter de processus géochimiques ou, hypothétiquement, d’une activité biologique passée.
Certaines études suggèrent que les nanostructurescarbonéesde Tissint pourraient indiquer une origine biologique, mais cela n’est pas confirmé. La prudence reste de mise, car les processus non biologiques peuvent produire des structures similaires.
Tissint reste un objet d’étude crucial pour comprendre l’évolution de Mars et préparer les futures missions de retour d’échantillons (comme celles menées par Perseverance).
On vous le dit tout de suite, tout au long de la route et à Tissint, nous avons vu beaucoup de cailloux mais pas de météorite.
Quelques belles roches et beaux paysages le long de la route et à l’entrée de Tissint, un camp proche de l’oasis.
Passé Tissint, le vent souffle de plus en plus fort et nous voyons des tourbillons de sable qui se rapprochent de plus en plus de la route. Ils finiront par nous submerger et la visibilité se réduisant de plus en plus, les phares et les antibrouillards deviennent nécessaires pour être vus. A certains endroits, la visibilité est très réduite et nous roulons de plus en plus lentement. J’ai basculé depuis longtemps la Clim en mode air recyclé sans apport extérieur mais le sable est déjà partout autour et dans la camping-car, il s’infiltre partout.
En fin de matinée, nous arrivons enfin à Foum-Zguid et franchissons l’Oued par le gué, le pont ayant été emporté par les pluies torrentielles de septembre 2024.
Rachid du camping La Palmeraie, toutes les orthographes sont autorisées, nous accueille dans son très beau camping, nous nous installons en mode coupe-vent et commandons notre couscous pour le lendemain. Le vent souffle toujours et nous saoule. Il devrait tomber cette nuit.
Mercredi 29 janvier 2025: La météo prévoit du vent jeudi dans la région, il vaut donc mieux ne pas traîner pour rejoindre Tata et éviter une éventuelle tempête de sable. Sur notre chemin, nous avons prévu de visiter le village souterrain de Icht.
Des chiens errants ont aboyé toute la nuit, nous avions l’impression qu’ils tournaient autour de Trankilou. Nous partons relativement tôt rejoindre Icht pas très éloignée. Rien n’est indiqué et nous tournons en rond pour trouver un parking sécurisé. Pas question d’abandonner nos véhicules au milieu des palmiers. On finit par se rendre au camping proche qui nous autorise à nous garer le temps de visiter le village.
Nous voilà parti à l’aventure en nous guidant au pif car les téléphones recherchent des chemins inexistants. Nous finissons par trouver le village et sommes rapidement entourés d’une nuée d’enfants qui vont nous guider et nous accompagner. Ils ont assez peur d’Ulla et se tiennent à distance.
Ils nous amènent dans un premier souterrain, heureusement Alain a une lampe de poche. La fraîcheur de cette Kasbah nous rappelle notre visite du ksar d’Ouled Driss en 2020.
Les habitations souterraines berbères sont une adaptation au climat aride, elles offrent une protection contre les tempêtes de sable et les vents chauds. La température y est constante été comme hiver.
Icht est une oasis envoûtante qui séduit par son authenticité et ses paysages à couper le souffle. Ce village, réputé pour sa kasbah souterraine unique en son genre, offre une immersion totale dans la culture berbère.
L’une des attractions principales d’Icht est sans conteste sa kasbah souterraine. Creusée sur plusieurs niveaux, elle abrite un labyrinthe de ruelles étroites et de maisons troglodytes. Cette architecture ingénieuse permettait aux habitants de se protéger de la chaleur du désert et des intempéries, L’organisation communautaire de l’espace est verticale avec des puits de lumière et un système de ventilation naturelle.
Sur plusieurs niveaux, on y trouve des espaces de vie, des espaces de stockage de denrées ou un système de gestion et de répartition de l’eau entre les habitants.
Les Khettaras, ou réseau d’irrigation souterraine est constitué de galeries drainantes, héritées de l’époque médiévale (voire antérieure) qui captent l’eau des nappes phréatiques ou des sources montagneuses pour l’acheminer vers les oasis.
Beaucoup se sont asséchées à cause des forages modernes, mais des projets de restauration tentent de les sauvegarder. Creusées à la main sur des kilomètres, avec une pente douce (0,5 à 1 %), elles sont renforcées par des pierres ou des troncs de palmiers. Des puits d’aération verticaux, espacés de 10 à 20 m, permettent l’entretien.
À Icht, les khettaras alimentent les palmeraies et les cultures en terrasse, évitant l’évaporation sous le soleil intense. Dans cet oasis, l’architecture s’enfonce dans le sol pour profiter de l’inertie thermique.
Les dattes sont séchées et conservées à l’abri de la chaleur dans des caves à dattes. Des niveaux supérieurs abritent les habitations, des niveaux intermédiaires servent d’écurie ou de bergerie.
La construction se fait de terre crue mélangée à de la paille (pisé), pierres locales, et bois de palmier pour les plafonds.
Les seguias (canaux de surface) complètent les khettaras, formant un réseau hiérarchisé. La communauté gère l’eau de manière à ce que tous les habitants reçoivent en suffisance l’eau dont ils ont besoin.
Notre visite terminée nous repartons vers Tata, ancienne ville de garnisons, où nous nous installons au camping municipal qui a l’avantage d’être situé au milieu de la ville. Nous avons besoin de pain, de légumes et de fruits.
Quelques balades dans la campagne environnante, quelques courses en ville, cette journée « off » est bien vite passée.
Mardi matin, nous reprenons la route vers Amtoudi. Toujours de beaux paysages, des montagnes, des zones désertiques colorées en vert par endroit, des palmeraies brûlées par la sécheresse. Nous étions en fin de matinée installés dans notre camping au pied des greniers d’Amtoudi. Le temps de préparer notre déjeuner et de le manger, nous partons sous un soleil de plomb. Ulla est ravie de nous accompagner.
Nous étions prévenus « les greniers ça se méritent », il faut y grimper par un sentier étroit et raide pour faire les 150 mètres de dénivelé jusqu’aux greniers situés à 1.000 mètres. Et défait ça grimpe raide et on se dit très vite qu’on aura pas dû terminer ce plat de pâtes, un peu plus tard que ces greniers c’est surfait, etc. Nous y arrivons enfin et la vue est magnifique. Le village est tout petit en dessous de nous et à l’horizon, nous distinguons un vent de sable qui souffle au loin. Le gardien du site nous ouvre et nous commençons notre visite.
Perchés dans les montagnes escarpées de l’Anti-Atlas marocain, près du village d’Amtoudi, se dressent des greniers collectifs ancestraux, véritables joyaux d’ingéniosité et de résilience. Ces structures fortifiées, appelées agadirs en berbère, témoignent d’une tradition millénaire de préservation des ressources et de coopération communautaire, caractéristique des populations amazighes (berbères) du Sud marocain.
Un Héritage Historique
Datant pour certains du XIIᵉ siècle, voire plus anciens encore, ces greniers étaient conçus pour stocker les provisions des communautés locales : céréales (orge, blé), huile d’argan, amandes, mais aussi documents juridiques ou objets précieux. En période de sécheresse, de conflits ou d’invasions, ces entrepôts jouaient un rôle crucial pour la survie des habitants. Leur emplacement en hauteur, souvent creusés à flanc de falaise ou juchés sur des pitons rocheux, les rendait facilement défendables, tout en offrant une vue panoramique sur les vallées environnantes.
Architecture Ingénieuse
Construits en pierre locale et en bois de genévrier, les greniers d’Amtoudi se distinguent par leur structure adaptée au climat aride. Les murs épais isolent la chaleur, tandis que des systèmes de ventilation naturelle et des ouvertures minutieusement orientées protègent les réserves de l’humidité et des rongeurs. Chaque famille disposait d’un compartiment verrouillé, fermé par une lourde porte en bois sculpté, dotée d’une serrure complexe en bois (tilast). Ces mécanismes, véritables œuvres d’art, symbolisaient la confiance et la responsabilité collective : chaque chef de famille possédait une clé, mais l’accès global était supervisé par un gardien désigné.
Une Organisation Sociale Rigoureuse
Au-delà de leur fonction utilitaire, ces greniers reflètent une organisation sociale rigoureuse, où la solidarité et l’entraide étaient essentielles pour la survie de la communauté.
Leur gestion était régie par des règles strictes (azerf), codifiées oralement ou par écrit, qui définissaient les droits et devoirs de chaque membre. Les sanctions contre le vol ou la négligence étaient sévères, renforçant la cohésion sociale. Ces greniers étaient aussi des lieux de rassemblement pour régler les litiges ou célébrer des pactes, reflétant l’équilibre entre l’intérêt personnel et collectif.
Notre visite terminée, nous prenons le chemin plus facile du retour. Il faut néanmoins rester prudents car les pierres roulent par endroit sous nos pieds.
Vendredi 24 janvier 2025: Nous profitons de notre dernière journée à Sidi Ifni pour acheter quelques légumes et fruits. En l’absence de produits de conservation, les produits frais pourrissent vite et il faut acheter de petites quantités et les consommer rapidement.
A l’heure du déjeuner nous rejoignons le restaurant du camping. Bien inspiré, Alain a amené une bouteille de rouge qui reste sous la table. Le serveur, complice, n’est pas plus étonné que cela. Pour faire bonne figure, une bouteille d’eau plate trône au milieu des assiettes, on ne la videra pas.
Le lendemain, nous quittons le camping pour rejoindre la plage blanche que nous aimons beaucoup. La route pour la rejoindre est magnifique, les paysages sont à couper le souffle, sauvages et désertiques qui bordent le turquoise de l’océan. Très peu de construction, quelques tentes berbères de nomades pêcheurs.
La Plage Blanche est un véritable paradis pour les amoureux de la nature. Loin de l’agitation des grandes villes, cet endroit offre une tranquillité absolue, bercée par le bruit des rouleaux de l’océan atlantique.
Pour les aventuriers, c’est un terrain de jeu idéal. Les vents en font un spot prisé pour le kitesurf et la planche à voile. Les randonneurs, quant à eux, peuvent explorer les falaises environnantes et découvrir des criques secrètes, tandis que les amateurs de pêche trouveront ici un cadre idyllique pour pratiquer leur passion.
Ce qui la rend vraiment unique, c’est son ambiance sauvage et préservée. Ici, pas de constructions massives ni de foule bruyante, seulement une nature intacte qui invite à la contemplation.
Cette plage blanche longue de 40 kilomètres a longtemps servi de repère visuel pour les pilotes légendaires de l’Aéropostale, comme Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry ou Henri Guillaumet. Ces pionniers reliaient la France à l’Amérique du Sud en survolant l’Afrique de l’Ouest. Leur trajet passait par des étapes clés comme Toulouse, Casablanca, Cap Juby (aujourd’hui Tarfaya, au Maroc), Dakar, puis au-dessus de l’Atlantique.
À cette époque, les avions étaient rudimentaires et les instruments de navigation limités. Les pilotes s’orientaient souvent en suivant les côtes, les fleuves ou les reliefs marquants. La Plage Blanche, avec son sable blanc étincelant contrastant avec les falaises sombres et l’océan Atlantique, offrait un point de repère visuel clair pour les aviateurs survolant la région. Sa longue étendue linéaire permettait de vérifier leur trajectoire vers le sud, en direction de Cap Juby ou de Dakar.
Le vent chasse les nuages de la matinée et nous retrouvons très vite un beau ciel bleu. Nous préférons nous installer sur le parking asphalté plutôt qu’autour de l’Oued.
Après déjeuner, nous partons pour une longue ballade sur la plage. Ulla nous entraîne vers l’eau mais nous tenons bon.
En fin d’après-midi nous préparons de quoi grignoter pendant la cérémonie. Ce soir Alain nous propose une bouteille de Byrrh, boisson iconique de leur bonne ville de Thuir.
Triste coup de téléphone de nos amis Georges et Renée qui malades de la grippe, ont dû annuler leur départ. Georges a l’air mal en point et pas prêt de prendre la route. Nous leur souhaitons de se rétablir et de pouvoir nous rejoindre plus tard.
Nuit tranquille bercée par le bruit de l’océan. Nous roulons vers Guelmim au travers d’une région désertique. Très beaux paysages, nous sommes au milieu de nulle part et pourtant les routes sont en meilleur état que chez nous. De part et d’autre de la route, des bouteilles en verre de couleur verte brillent de mille feux. On ne comprend pas pourquoi il y en a autant, probablement des bouteilles de bière vides jetées par les consommateurs qui préfèrent rester discrets. A Guelmim, nous passons au Marjane pour faire le plein de ce qu’on ne trouve pas dans les petites boutiques marocaines. Dommage que la chaîne ait cessé de vendre de l’alcool qu’on ne trouve plus que dans les Carrefours et à Agadir. Nous avons encore du stock pour tenir un moment encore.
Après les courses, nous arrivons à Bouizakarne chez Lahrsen toujours content de nous voir. Il fait très chaud et Ianta qui souffre de la chaleur cherche la fraîcheur de l’ombre. Nous allons rester deux nuits ici avant de reprendre la route.
Le temps passe lentement quand on n’a rien à faire, nous profitons du soleil assez chaud pour nous permettre de déjeuner à l’extérieur tous les jours. Ulla, est toujours partante pour une petite randonnée d’exploration des sentiers environnants.
Le 31 décembre, nos amis Alain et Michèle nous rejoignent en fin d’après-midi pour célébrer ensemble une soirée en mode apéro dinatoire. Le jour de l’an Michèle nous prépare un délicieux repas de canard confits. Nous passons un moment gourmand et convivial, un vrai régal!
Après le départ de nos amis, nous profitons d’une dernière journée sur notre falaise avant de reprendre la route vers un autre bivouac le long de la mer. Ce nouveau décor ne nous retiendra qu’une journée avant que nous n’atteignions la plage de Palomares, une étendue peuplée de camping-cars à perte de vue. On se rappelle encore ici cette journée de 1966 où un bombardier américain perdit ses 4 bombes atomiques. Avouez que cela fait désordre.
Quelques jours s’écoulent dans ce cadre unique, et Ulla ne peut résister à l’appel de la mer, se baignant à deux reprises. Le 8 janvier arrive enfin et ultime frustration, un imprévu oblige l’atelier à annuler le rendez-vous. Notre déception nous mène à une journée de plus de détente à la plage.
Le lendemain matin, dès 8h00, nous sommes de retour au garage. Les techniciens s’affairent à comprendre les méandres de notre système électrique. Un certain Christian, un spécialiste allemand, prend finalement le relais, et avec sa maîtrise des technologies Lithium, il réussit à installer et configurer notre équipement avec brio.
Nous reprenons enfin la route, libres et impatients de continuer notre périple vers le Maroc. L’après-midi, nous rejoignons Algeciras et retrouvons notre parking bien connu entouré de nombreux magasins. Après quelques emplettes, nous nous préparons pour la traversée du détroit.
Dimanche matin, nous complétons les formalités nécessaires avant d’embarquer sur le bateau, avec un léger retard. Une traversée sans encombre et un passage ultra rapide à la douane plus tard, nous arrivons à Asilah. Tout le monde ne peut en dire autant au vu d’une quinzaine de véhicules marocains déchargés en mode « marché aux puces ». J’imagine très bien l’horreur de devoir tout remballer et recharger. Demain matin, direction Marrakesh.
Alors que les dernières lueurs de 2024 se sont éteintes, 2025 se profile, chargé d’espoir d’évasion et de découvertes. L’équipage de Trankilou vous adresse ses vœux les plus chaleureux et vous remercie pour les vôtres.
Cette année encore, notre fidèle (bof) Trankilou nous a mené sur des chemins sinueux, à travers des paysages magnifiques, au gré de rencontres et de moments d’amitiés inoubliables. Des côtes sauvages aux sommets montagneux, des villages pittoresques aux métropoles animées, chaque kilomètre parcouru a tissé le fil de précieux souvenirs (et de quelques contraventions).
Que 2025 soit une année riche en nouvelles aventures, en bivouacs enchanteurs sous des cieux étoilés, en levers de soleil majestueux. Que chaque virage dévoile des nouveaux horizons, que chaque étape soit une invitation à la rencontre et au partage.
Nous vous souhaitons de voyager, de prendre le temps de savourer chaque instant de la vie, de vous émerveiller devant la beauté du monde qui nous entoure. Que la route soit belle et parsemée d’instants de bonheur simples mais authentiques.
Alors, préparez vos itinéraires, bouclez vos valises, gonflez vos pneus, prenez soin de vous et que l’aventure continue !
Très belle année 2025 en bonne santé à vous tous !