Jeudi 14 septembre 2023
Le pluie se rappelle à notre bon souvenir à notre réveil et nous laissera heureusement en fin de matinée. Nous quittons la ville en direction de Chelm que nous atteignons en milieu de matinée. Tous les parkings proches du centre son pleins et nous finissons par nous disperser pour nous garer chacun de notre côté. Nous nous retrouvons à l’entrée des souterrains.
Les souterrains de craie de Chelm forment un labyrinthe unique de tunnels creusés dans la craie, qui s’étalent en cinq niveaux sur des dizaines de kilomètres sous la Vieille Ville. La craie, comme matière première précieuse a été extraite ici depuis le début du XIIIe siècle, d’abord dans le voisinage de la colline du château. Les souterrains ont été creusés durants des centaines d’années. L’exploitation a cessé au 19ème siècle. Ces tunnels ont servi aux habitants pour se protéger des guerres et des pillages. Aujourd’hui, deux kilomètres des quinze existants ont été aménagés pour une visite des touristes.
A notre arrivée, la visite de 11H00 est déjà complète et nous devrons attendre midi. En attendant, nous parcourrons un peu le centre ville et certains en profitent pour refaire du change.
À midi, nous voilà partis pour cette descente dans les souterrains de la ville, accompagnés par notre guide (uniquement en polonais). Première constatation, il y fait froid et humide. Deuxième constatation, la guide parle tellement fort que nous n’arrivons pas à entendre les commentaires en anglais de notre enregistreur. Bref, on se contentera de parcourir les tunnels. Au cours de la visite, dans une des chambres, le fantôme Bieluch, gardien légendaire du labyrinthe, apparaît. Cela fait rire la guide, manifestement très fière de l’attraction, nous beaucoup moins puisque nous ne le comprenons pas. La visite s’achève et nous retrouvons la chaleur et la lumière de la rue. Impression générale de la visite: bof, bof, bof.
Nous nous retrouvons pour déjeuner sur le parking d’un centre commercial avant de reprendre notre route vers une destination plus sombre, le camp d’extermination de Majdanek dans la banlieue de Lublin.
Le camp de Majdanek, appelé également Lublin-Majdanek, était situé dans le faubourg Majdan Tatarski de la ville de Lublin du Gouvernement général de Pologne. Outre Majdanek, il existait à Lublin d’autres camps relevant de l’autorité de la SS et du chef de la police du district de Lublin, le major général SS Odilo Globocnik. Dans ces camps, les détenus travaillaient principalement pour les usines d’armement.
Majdanek fut aussi un centre d’extermination pour de nombreuses victimes, au nombre desquels les membres de la Résistance polonaise, les otages provenant de la prison de la Gestapo de Lublin et les prisonniers juifs du camp jugés inaptes au travail. Lublin était le quartier général de l’Action Reinhard, nom de code pour l’extermination de deux millions de Juifs de Pologne.
Le gouvernement civil allemand créa deux ghetto à Lublin. Dans le premier, créé en mars 1941, vivaient environ 30 000 Juifs. En mars et avril 1942, la SS et la police déportèrent la plupart de ses habitants vers le camp de mise à mort de Belzek. Les survivants, 5 000 personnes environ, furent confinés dans un nouveau ghetto situé à Majdan Tatarski, près du camp de Majdanek. Les SS les déportèrent à Majdanek en novembre 1942 et liquidèrent le ghetto de Majdan-Tatarski.
Comme Auschwitz, Majdanek était un camp de concentration qui servait également de centre de mise à mort. Il était situé sur la route principale reliant Lublin à Chelm, dans les proches faubourgs de Lublin.
Le camp de Majdanek était divisé en six quartiers. A l’automne 1943, le Quartier I était un camp de femmes, le Quartier II un hôpital pour les collaborateurs russes attachés à l’armée allemande, le Quartier III un camp destiné aux prisonniers politiques polonais de sexe masculin ainsi qu’aux Juifs de Varsovie et de Bialystok, le Quartier IV un camp pour hommes, principalement des prisonniers de guerre soviétiques, des otages civils et des prisonniers politiques, le Quartier V servait de camp hôpital réservé aux hommes et le Quartier VI, encore inachevé, devait accueillir des baraquements supplémentaires, des fours crématoires, des chambres à gaz et des usines. Les Allemands n’eurent pas le temps d’achever la construction de ce quartier avant la libération du camp.
Les opérations d’extermination au gaz commencèrent à Majdanek en octobre 1942 et se poursuivirent jusqu’à la fin de l’année 1943. Trois chambres à gaz situées dans un même bâtiment, servaient à gazer les prisonniers au moyen de monoxyde de carbone ou de Zyklon B.
Majdanek était principalement un camp de travail forcé pour les prisonniers polonais juifs et non-juifs et un centre de détention pour les membres de la Résistance polonaise du Gouvernement général. Les convois de Juifs provenant de Pologne centrale et destinés à Belzec s’arrêtaient souvent à Lublin, de telle sorte que les Allemands pouvaient sélectionner les prisonniers aptes au travail et fournir de la main d’œuvre à Majdanek. Les SS de Majdanek pratiquaient régulièrement des sélections. Les détenus jugés inaptes au travail étaient fusillés ou gazés.
Après la destruction du ghetto de Varsovie en mai 1943, quelque 18 000 survivants du soulèvement furent transférés à Majdanek dans les installations des anciennes usines du ghetto. Les Juifs devaient travailler à un nouveau projet industriel SS, l’Osti (Ostindustrie GmbH), qui nécessitait de la main-d’œuvre forcée. En réaction à la Résistance juive lors des déportations de Bialystok et de Vilna à l’été 1943 et aux soulèvements de Treblinka et de Sobibor (août et octobre 1943), la haute hiérarchie SS de Berlin décida d’exterminer les Juifs restants à Majdanek.
Le 3 novembre 1943, des unités spéciales de la SS et de la police furent envoyées à Majdanek pour y exécuter les Juifs. 18 000 personnes furent tuées à l’extérieur du camp. Ce massacre, qui dura une seule journée, fut perpétré dans le cadre de l’Aktion « Erntefest » (Opération « fête des moissons »), le nom de code de l’extermination nazie des Juifs survivants du district de Lublin du Gouvernement général. Pendant les exécutions, les haut-parleurs diffusaient de la musique dans le camp pour couvrir le bruit.
Alors que les troupes soviétiques s’approchaient de Lublin en juillet 1944, les Allemands évacuèrent en hâte Majdanek et n’eurent pas le temps de le démanteler entièrement. Les Soviétiques entrèrent dans la ville et libérèrent le camp presque intact le 24 juillet. Majdanek fut le premier camp de concentration important à être libéré. Dès la fin de l’été, les autorités soviétiques y invitèrent des journalistes pour leur faire constater les horreurs qui s’y étaient produites.
Le camp compta jusqu’à 144 baraquements et plusieurs chambres à gaz sur une superficie de 516 Ha. Depuis la plate-forme symbolisant la porte d’entrée on réalise mieux l’étendue du camp qui ne couvre plus que 90 Ha aujourd’hui.
Nous parcourons les chambres à gaz et fours crématoires intacts et restaurés pour nous imprégner de l’horreur qui a régné ici durant ces sombres années pour l’humanité. Impossible de rester indifférent et comme à Auschwitz, l’émotion nous étreint.
Ce musée de l’holocauste mérite une visite d’une bonne demi-journée, le baraquement multimédia était malheureusement déjà fermé.
Le parking du cimetière proche nous semble idéal comme bivouac pour les deux prochaines nuits. Demain, quartier libre pour visiter la ville de Lublin.