Que la montagne est belle…

Lundi 15 septembre 2025
Après une bonne nuit, nous reprenons la route qui s’annonce exceptionnelle. Nous repartons vers la mer sur la côte orientale où nous coucherons ce soir. Nous avons prévu de passer par le très joli village d’Ulassai où nous devrions déjeuner dans un restaurant privilégiant les produits locaux. Ensuite cap sur Arbatax et puis un camping ACSI avec accès plage.

Ces routes SP52 et SS198 sont magnifiques et, à de rares exceptions, en très bon état. Nous en avons pris plein les yeux tout au long du parcours. Bien sûr, la traversée des villages peut parfois être stressante car encombrée par les voitures en stationnement tout en sachant comme le disait Georges qu’il ne faut pas oublier les balcons qui débordent des façades.

Comme si ce n’était pas suffisant, nous avons croisé des dizaines de motards qui attaquaient la route et coupaient les virages sur ces routes étroites. L’un d’entre eux s’est fait très peur et nous a évité de justesse. Il a réussi à rattraper sa moto de justesse et la motarde qui le suivait a pu freiner juste à temps. Pas mal de tarés ce jour-là sur cette route.

A plusieurs reprises, nous avons vu des parcs industriels aux bâtiments délabrés entourés de champs de panneaux photovoltaïques. Tout est abandonné. Quel gaspillage ces centaines de panneaux solaires qui ne servent à rien et qui ont été financés probablement par des fonds européens.

Tous ces villages colorés accrochés à la montagne sont ravissants et la preuve qu’il ne faut pas rester le long de la côte. L’intérieur de l’île vaut le détour.

Vers midi, nous sommes à Ulassai pour y subir une fois de plus une grosse déconvenue. Les parkings le long de la route sont pleins, il y a beaucoup de monde et s’aventurer dans les petites rues du village pour y trouver un autre parking est beaucoup trop risqué. s’il faut rebrousser chemin.

Nous voilà, une fois de plus frustrés de ne pouvoir nous arrêter et forcés de continuer notre route pour trouver un endroit pour déjeuner.

La route vers la côte est également très jolie et tout aussi parcourue à vive allure par les motards. Quelques petits vignobles çà et là et des cantina dans les villages.

Nous arrivons sur la côte et là grosse surprise, le parking gratuit autorisé pour le camping-car est vide ou presque. Nous nous y garons sans difficultés et les roches rouges que nous sommes venus voir sont juste à côté. Cela semble irréel.

La falaise féerique du Rocce Rosse est située à Arbatax (partie de la commune de Tortolì, dans l’est de la Sardaigne). Ce sont les vestiges de falaises de porphyre rouge où le vent et l’eau au cours des siècles ont créé des formes vaguement géométriques avec des fissures et des trous qui laissent entrevoir la mer ; le paysage est fascinant, surtout paraît-il au coucher du soleil, lorsque le reflet des roches rouges donne à l’eau une couleur vert émeraude irisée. De jeunes français et italiens sautent dans la mer pour épater une colonie de fille prenant le soleil sur les rochers.

Le camping est à quelques kilomètres et nous y trouvons encore deux places. Tout va bien, demain journée plage.

Mais finalement, qui a les plus belles miches ?

Dimanche 14 septembre 2025
Tout est parti d’une réflexion: « Comment est-il possible qu’un pays avec une gastronomie aussi riche et savoureuse, soit incapable de faire du pain correct ? « .

Evelyne a répondu que c’est vrai mais que les Italiens mangent moins de pain que nous. Je lui ai répondu qu’avec un tel pain, c’est normal d’en manger moins.

Après vérification, nous consommons en moyenne 1 kg de pain par semaine et les Italiens environ 900 grammes, soit presque autant que nous.

Caro rappelle que la ciabatta est parfois correcte mais je me demande bien où. Le seul pain correct que nous mangeons en Italie, c’est le multi-céréales qu’on ne trouve que dans les Lidl.

Mais alors qu’est-ce que Jim Lahey, promoteur du délicieux pain sans pétrissage, est-il venu faire à Rome pour étudier les méthodes antiques de panification ?

Ce n’est donc pas compliqué de faire du bon pain alors pourquoi le pain italien a-t’il une mie alvéolée comme un cake, une croûte ultra dure ou désespérément molle et aucun goût. Faire du bon pain, c’est à la portée de tout le monde puisque j’y arrive, alors pourquoi ?

C’est ce qui m’a motivé à faire quelques recherches pour comprendre pourquoi dans la terre bénie des dieux pour ses pâtes al dente, les tomates qui goûtent vraiment la tomate, les glaces qui font pleurer les enfants de joie, on ne trouve pas de pain convenable.

Pour nous qui sommes habitués à une croûte croustillante et une mie alvéolée qui a du goût, le pain italien ressemble à une éponge vaguement comestible.

Quand on rentre dans une boulangerie, on trouve des dizaines de pain aux noms chantants et on se dit qu’ils ont l’air de savoir ce qui est bon. Puis on mord dedans et là, c’est le drame. Pas de croûte, pas d’alvéoles, juste une masse molle insipide, parfois sans sel comme si le goût était une option. On regarde autour de nous comme si c’était une blague mais non les Italiens mangent ça, volontairement.

Comment un peuple capable de sublimer une aubergine peut-il rater un truc aussi fondamental que le pain ? C’est juste incompréhensible.

Et bien après analyse ce n’est pas accidentel mais culturel. Chez nous le pain est une star, il a son piédestal, ses concours, ses artisans qui se lèvent à 3H00 du matin pour lui donner une âme, du goût. En Italie, le pain est un faire-valoir. Il est là pour éponger la sauce, accompagner la charcuterie ou le fromage, se faire tremper dans l’huile d’olive. Modeste, il ne cherche pas à briller, il doit être neutre et ne pas prendre le pas sur l’aliment qu’il ne fait que supporter.

L’Italie possède des centaines de pains régionaux, du pane pugliese aux focaccias ligures, chacune adaptée à son terroir et ses usages locaux. Ces pains reflètent une richesse culturelle immense selon des critères esthétiques et gustatifs qui nous échappent et ne correspondent pas à nos attentes.

Alors oui, on râle, critique, peste mais au fond on sait que l’Italie nous bat sur tant d’autres terrains gastronomiques. Alors on accepte ce petit défaut, on le tolère ce pain raté et soyons honnête s’ils se mettaient à faire du pain comme nous, on n’aurait plus rien à leur reprocher et çà c’est juste insupportable.

Su Nuraxi, cœur de la civilisation nuragique (UNESCO)

Dimanche 14 septembre 2025
Après une journée de relâche à faire les lessives et se reposer au milieu des citronniers, il est temps de repartir. Il a fait très chaud et la clim en journée a été bien utile pour garder une température supportable dans Trankilou.

Ce matin, nous allons au parc de Molentargius et ses marais salants. Depuis l’arrêt de l’extraction du sel en 1985, la zone humide de Molentargius a connu un processus de réaménagement et de transformation, devenant l’un des sites les plus riches de Sardaigne pour l’avifaune. Ces dernières années, l’étang de Molentargius est devenu le site le plus important du bassin méditerranéen pour la nidification des flamants roses. Le parc, en plus d’abriter une grande variété d’habitats et d’espèces d’importance communautaire, conserve des traces de son passé, comme en témoignent les fascinants bâtiments de la Cité du Sel du début du XXe siècle et d’anciennes machines industrielles.

Le dimanche matin, les allées de cette réserve naturelle sont parcourues par des nuées de sportifs à vélo, à cheval ou en jogging. Tout le monde souffre et transpire. Nous trouvons quelques flamants roses épars sur les salines mais ils sont trop loin. Un gros télé et un doubleur de focale sont de mises pour prendre des photos correctes.

En roulant vers le centre ville, nous les verrons enfin en grand nombre sur un grand étang. Ils sont très nombreux mais encore une fois loin des berges. Il faudra se contenter de photos prises sur le site du parc.

Après cette petite promenade sous un soleil de plomb, nous tentons de trouver un parking proche du centre ville. Nous traverserons le centre ville et la périphérie proche en long et en large sans trouver de place. Les parkings sont pleins et une foule nombreuse se promène dans le centre. Une fois de plus nous devons renoncer.

Nous déjeunons près de la marina, avant de prendre la route vers Barumini que nous atteignons en début d’après-midi.

Ce nuraghe, le plus visité de l’île, est le seul site sarde inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco (en 1997). Son élément principal est la tour construite vers 1500 av. J.-C., solitaire à l’origine, puis incorporée à un ensemble de fortifications. Un bon nombre de constructions datent de l’âge du fer et constituent un réseau d’alvéoles circulaires enchevêtrées à flanc de colline.

La tour Nuraxi, l’élément le plus ancien du site, mesurait à l’origine 18,6 m de haut et comportait trois étages, chacun doté d’une salle intérieure au plafond voûté en encorbellement. Lors de sa fortification vers 1200 av. J.-C., on y ajouta quatre tours annexes reliées entre elles par un épais mur d’enceinte.

Les premières habitations sur le site, de petits édifices en pierre circulaires formés d’une simple salle, apparurent à l’âge du bronze, entre les XIe et IXe siècle av. J.-C., mais beaucoup des ruines visibles aujourd’hui datent d’une phase de construction ultérieure (VIIe et VIe siècles av. J.-C.). Quand le village se développa, un mur d’enceinte plus complexe fut construit autour de la partie centrale, avec neuf tours percées de meurtrières. Des boulets de pierre massifs, servant sans doute d’armes, ont été retrouvés lors des fouilles.

Au VIIe siècle av. J.-C., le site fut en partie détruit par les Carthaginois, sans être pour autant abandonné. Il continua même d’être habité et de se développer à l’époque romaine. Des vestiges d’égouts et de canalisations rudimentaires ont ainsi été identifiés.

Le guide nous emmène découvrir les entrailles de la tour, il ne faut pas être claustrophobe pour le parcourir. Certains passages sont très étroits et bas de plafond. Il faut faire attention et ne pas glisser sur ces marches très étroites. Par temps de pluie, ce doit être glissant.

Le parking du site étant très en pente, nous partons quelques kilomètres plus loin pour une aire municipale proche d’une pizzeria fort bonne, paraît-il.

Mais où sont les flamants roses ?

Vendredi 12 septembre 2025
Le ferry a tourné jusqu’à minuit, on ne peut pas parler de nuit reposante. Le parking est éclairé comme en plein jour ce qui nous oblige à fermer les lanterneaux et comme il fait très chaud ce n’est pas l’idéal. Le lever de soleil à l’aube nous réconcilie avec l’endroit.

Nous allons continuer la route de la côte vers Porto Pino, Chia et Pulla où nous irons au camping ACSI proche de la plage.

On en voit partout en Sardaigne, le long de la route, sur des promontoires, ce sont les nuraghes, ces tours coniques, datant de l’âge de bronze, construites en pierre sèche sans mortier. On parle de civilisation nuragique. Après Cagliari, nous quitterons la côte pour une incursion à l’intérieur de l’île afin de visiter le site de Su Nuraxi, classé Unesco.

La route est une nouvelle fois exceptionnelle mais aussi encombrée. Pas beaucoup de parking pour s’arrêter et quand il y en a, il faut qu’il y ait de la place pour deux camping-cars ce qui n’est pas arrivé souvent.

A Porto Pino, nous avons dû faire demi-tour sans nous arrêter. Il y avait de la place mais avec des tarifs uniques de 20€ pour la journée, nous avons renoncé. Quelques flamants rose dans un lac proche mais toujours pas de colonie.

Le long de la route n’est qu’une succession de points de vue et de parkings proches des plages de sable blanc. Tout est complet partout ce vendredi matin, on peut imaginer ce que ce sera ce week-end.

Nous arrivons à un grand parking avant l’ancien centre phénicien de Chia, quelques places en plein soleil que nous dépassons pour nous garer à l’ombre mais aussi dans une zone bleue à disque obligatoire pour maximum 60 minutes. C’est suffisant pour y déjeuner. Il n’y a pas grand monde mais la police passe et vient voir si nous avons bien mis notre disque. Elle repart rassurée et colle une prune à la voiture suisse garée à côté de nous. La policière prend de nombreuses photos avant de déposer son invitation à payer.

Le temps de déjeuner le parking est plein comme un œuf, nous repartons vers le camping proche où nous sommes très mal reçus. La sœur sourire de service ne prend même pas la peine de dire bonjour avant d’aboyer qu’il n’y a pas de place pour nous. Cette reconnaissance du client est toujours gratifiante, c’est bon de se savoir apprécié. Après l’avoir remerciée pour son accueil chaleureux et sa gentillesse, nous repartons vers des cieux plus accueillants. Nous trouvons notre bonheur au milieu des citronniers.

Le monde à sa fenêtre, c’est la magie de Trankilou.

Jeudi 11 septembre 2025
Un peu d’orage hier soir mais rien de grave, de fortes pluies ont rafraîchi notre nuit, finalement très bonne. Un Van est venu se garer près de nous, nous ne l’avons pas entendu.

Le soleil est vif et les températures remontent ce matin, les vilains nuages ont disparu. Plus loin sur la crête de l’horizon près d’un nuarghe, on distingue la silhouette d’un camping-car.

C’est pour des matins comme celui-ci que nous aimons notre vie nomade. Imaginez chaque jour, une vue différente par la fenêtre. Voir la nature paisible, un lac ou une mer tranquille… et nous voilà en paix avec le monde. C’est là qu’Ulla vous rappelle qu’il est temps de la sortir et de préparer sa gamelle.

Aujourd’hui, nous allons tenter de voir des flamants roses. Nous les verrons à Cagliari mais ils seraient déjà nombreux sur la côte si j’en crois les commentaires lus sur Park4Night.

Nous partons en direction de l’île de Sant’Antioco. En chemin, nous vouions voir le musée de la mine sarde à Ilglésias mais pas de chance, il n’est ouvert que le dimanche. Nous devons renoncer à rester sur la route sinueuse et étroite qui suit la côte si nous voulons arriver avant la nuit. Nous passons finalement sur l’île reliée à la Sardaigne pas un grand pont. La route nous a, une fois de plus, rempli les yeux de beaux paysages. On a aperçu quelques flamants roses çà et là mais on ne peut pas parler de colonie.

Nous nous installons sur le parking d’un port dans le nord de l’île. Un ferry assure la liaison régulière avec Caloforte sur l’île proche de San Pietro. Quelques magasins dont la plupart sont fermés, on se balade un peu dans la ville mais rien de très excitant.

Bosa et Torre dei Corsari pour un bivouac magique

Mercredi 9 septembre 2025
Après les fortes pluies, les grottes de Neptune que nous voulions voir ce matin sont fermées. Après nous être extirpés de la boue, nous reprenons la route vers Bosa. La côte est plus sauvage que celle du Nord, les paysages sont magnifiques.

Nous trouvons facilement à nous garer près d’un supermarché et allons nous balader dans la vieille ville.

La ville est réputée pour son vin de Malvasia di Bosa, une appellation DOC (Denominazione di Origine Controllata). Cette appellation se distingue par ses vins blancs de grande qualité, élaborés à partir du cépage Malvasia di Sardegna. Cette région bénéficie d’un climat méditerranéen idéal avec des étés chauds et secs et des hivers doux.

Les vins de Malvasia di Bosa sont réputés pour leurs arômes élégants de fruits secs, de miel et de fleurs blanches, souvent accompagnés d’une touche saline due à la proximité de la mer. Ils peuvent être produits en version sec, demi-sec ou doux, offrant une gamme qui plaira à divers amateurs de vin.

Ces vins sont particulièrement appréciés pour leur potentiel de vieillissement, développant des saveurs complexes et raffinées au fil du temps. Parfait pour enrichir votre gestion de cave à vins, la Malvasia di Bosa se marie merveilleusement bien avec les plats de poisson, les fromages affinés et les desserts aux amandes.

La petite commune, en haute-saison, s’anime de visiteurs, enchantés d’apprécier sa beauté. On les comprend. Lors d’un voyage dans la province d’Oristano, Bosa est une étape à ne pas manquer. Malgré sa popularité, Bosa est restée loin de la modernité qui défigure parfois. Nous avons pris énormément de plaisir à flâner dans les ruelles de la ville.

Après Bosa, nous prenons la direction de Torre dei Corsari, célèbre pour sa plage d’1,5 km mais ce n’est pas elle qui nous attire mais bien un bivouac sur les hauteurs qu’on dit magique sur Park4Night. La route pour y aller est déjà très sympathique, nous traverserons un lac sur un pont étroit (largeur maximum 2,3 m), franchirons des collines sur des routes tortueuses mais une fois arrivé à l’endroit, c’est la claque. Le point de vue est grandiose et tellement beaux qu’on se dit qu’on va venir nous demander de partir. Des voitures passent mais c’est pour jouir du point de vue comme nous.

L’apéro a un autre goût ce soir. Un orage arrive, il pleut et le vent nous secoue mais très vite la pluie s’arrête.

Alghero la Catalane dite la Barcelonette

Mardi 9 septembre 2025
Le ciel est bien gris ce matin, on prévoit de la pluie. Nous partons vers les remparts de la vieille ville en longeant l’immense plage de Maria Pia. La ville créée au XIéme siècle par la famille gênoise Doria (la même que la forteresse de Castelsardo) et puis conquise par les troupes d’Aragon au 13ème siècle. Aujourd’hui encore 30% de la population parle le Catalan.

Sur notre chemin, la pluie se met à tomber d’abord doucement et de plus en plus fort ensuite. Les vendeurs ambulants se dépêchent de sortir leur stock de parapluies.

Alghero est aussi surnommée la Côte de corail. De nombreux magasins de la ville propose des bijoux, liés à l’artisanat local, qui font le bonheur notamment des touristes. Ce corail caractérisé par sa couleur rouge rubis est considéré comme l’un des meilleurs de toute la Méditerranée.

C’est à partir  de 1354, que l’on a commencé à parler de l’or rouge d’Alghero. Ce travail sur le corail remonte à la nuit des temps, au 14ème siècle, les armoiries de la ville comportait déjà une branche de corail.

La ville possède son musée du corail, un lieu de découverte, mettant en lumière les différentes étapes de la pêche jusqu’à la fabrication du bijou. Tradition, culture et économie de cet or rouge, tout le parcours du corail y est présent.

La pluie s’est arrêtée pendant notre déjeuner et le soleil brille à nouveau, nous nous baladons sur les remparts animés de la vieille ville. Ulla repère une fontaine et passe s’y rafraîchir.

Sur le chemin du retour, le camping nous envoie un message d’alerte d’inondation possible et recommande que nous mettions nos affaires à l’abri. Il fait torride et cela nous amuse. Nous rigolerons moins au réveil.

Mercredi 10 septembre 2025
Il a plus toute la nuit et au matin, la jupe avant de Trankilou trempe dans l’eau. Pour sortir du camping-car, j’ai de l’eau au dessus des chevilles et il faut sortir Ulla. Tout autour de nous, des tentes inondées que leurs occupants sortent de l’eau. Il pleut toujours. Nous décidons d’attendre la fin de la matinée pour sortir de ce bourbier en espérant que d’ici-là le niveau de l’eau aura baissé. Vers 10H00, nous y allons et cela se passe bien quoique difficilement.

De la Capo Testa, interdite aux camping-cars à Castelsardo.

Jeudi 4 septembre 2025
Après les plages bondées de la Costa Smeralda inaccessibles, nous nous sommes installés au camping ACSI à l’ouest de Palau. Les plages proches sont très belles également mais plus de sable blanc genre fond d’aquarium de la Costa Smeralda.

Ulla trouve qu’il est temps de se rafraîchir et pique une tête dans le mer. Elle s’en donne à cœur joie et ne répond plus qu’à l’appel de la mer.

Vendredi 5 septembre 2025
Le lendemain, nous partons à Santa Terresa de Gallura pour rejoindre la Capo Testa. A l’entrée de la ville, des panneaux interdit aux camping-cars du 1/6 au 30/9 bloquent tous les accès. Nous prenons la route vers les plages de la Capo Testa pour trouver le même panneau mais passons outre. La côte égrène une série de 5 plages de toute beauté., mer transparente turquoise, sable blanc et fin, des rochers qui évoquent des sculptures.

Au bout de 4 km, nous trouvons enfin un parking payant accessible aux camping-cars mais malheureusement fort éloigné des sentiers aux rochers. Après une petite balade, nous prenons la route vers Isola Rossa. Tout le long de la route de cette Costa Paradiso, des plages et des points de vue magnifiques nous attendent.

Dix fois, nous tenterons de trouver un parking pour nous balader sur la côte, dix fois nous devrons renoncer. Nous ne sommes pas les bienvenus et on nous le dit.

A l’étape, Ulla retourne nager dans la mer proche. Elle vit sa meilleure vie ici.

Après une bonne nuit, nous prenons la direction de Castelsardo. Il y a un grand parking pour camping-cars à l’entrée de la ville, bien pratique pour aller visiter cette ancienne cité médiévale considérée comme un des plus beaux villages d’Italie.

Heureusement que le parking est assez grand car à notre arrivées, un rassemblement de camping-cars italiens l’occuper presque entièrement. Nous trouvons de la place et partons vers le village.

La vue du haut de la forteresse est superbe mais il faut la gagner et la grimpette est raide. Le château Doria abrite un musée de l’entrelacement végétal (sic), autre nom de la vannerie.

La visite terminée, Trankilou roule vers son destin sur la route de La Pelosa, une des plus belles plages d’Europe. Il est nécessaire de réserver en prenant un ticket sur Internet (3,5€).

C’est reparti, pour le moment.

Lundi 8 septembre 2025
A 8H45, Allessandro, le patron et un ouvrier traînant un gros cric à roulettes sortent du dépôt et viennent vers nous. Alessandro dépose un grand carton sur le sol, monte Trankilou à bonne hauteur, place une chandelle et se couche en dessous. Il suit les câbles et crie continuellement Aïe, aïe, aïe, problemo.

On commence tous à paniquer et se demander si ce sera réparable. Quelques minutes plus tard, il lance un support assez épais cassé qui fixait un gros câble positif à distance du pot catalytique. La brisure est marquée, preuve que c’est cassé depuis un moment. L’isolant du câble s’est alors usé par frottement et un gros câble comme cela qui arrive à la masse, ça fait des étincelles. Le tout gros fusible sur la batterie a fondu et est à remplacer.

A 9H45, tout était terminé, il avait isolé le câble à l’endroit abîmé, l’avait refixé ailleurs pour qu’il ne bouge plus et le fusible était remplacé. Un petit coup de booster de batterie, le tableau de bord s’éclairait comme un sapin de Noël, le moteur démarrait et l’alternateur chargeait la batterie. Welcome back Trankilou.

Nous avons discuté sport auto, il roule en circuit en Clio 3, son père m’a montré des photos de son ancienne Fiat 131 Mirafiori préparée pour la compétition, des passionnés. Nous avons sympathisé et ils ont été charmants.

Finalement, il ne m’a fait payer que le remorquage au tarif week-end (Aïe, aïe, aïe) et ne m’a rien compté pour le dépannage. Je lui ai donné quelques bouteilles de Triple Karmeliet et de Leffe Ruby, cela lui a fait très plaisir.

Nous avons fait quelques courses et nous nous sommes installés dans un camping ACSI car il n’y a rien par ici pour faire les services. Quelques gouttes de pluie tombent mais ne rafraîchissent rien. On a branché la clim pour rafraîchir le camping-car.

Ulla, interdite de plage, plonge dans la fontaine devant le resto où nous allons déjeuner.
Tout va bien jusqu’à la prochaine tuile.

La Sardaigne en camping-car
Globalement, nous trouvons que les camping-cars ne sont pas trop à leur aise en Sardaigne. Le camping sauvage est interdit et il n’y a pas trop de structures d’accueil.

La plupart des parkings sont payants et à 3€ de l’heure pour les camping-cars. A l’entrée de certaines villes, il y a des panneaux interdisant la circulation des camping-cars du 1er juin au 30 septembre.

Pas grand chose pour les services en dehors des campings qui pratiquent des prix usuraires (50 à 100€ la nuit). Les services sont à 15€. Heureusement que nous avons quelques campings ACSI à 27-30€ le forfait habituel.

En conclusion, il faut éviter de venir ici de juin à septembre, il y a trop de monde et trop de restrictions. Même quand il existe un parking pour camping-cars, il est squatté par de nombreuses voitures et nous n’avons pas pu nous garer. Il y a bien sûr des exceptions comme Castelsardo où un immense parking gratuit pour les camping-cars nous a permis de visiter la ville.

La Costa Smeralda
L’Aga Khan et la Costa Smeralda ont une histoire fascinante liée au développement touristique de luxe en Sardaigne.

L’Aga Khan IV Prince Karim Aga Khan, né en 1936 et récemment décédé, est l’imam spirituel des musulmans ismaéliens nizarites. Au-delà de son rôle religieux, il s’est distingué comme entrepreneur et développeur immobilier de prestige international.

Dans les années 1960, l’Aga Khan a découvert la côte nord-est de la Sardaigne, alors largement inhabitée. Frappé par la beauté sauvage de cette région aux eaux turquoise et aux plages de sable blanc, il a eu la vision d’y créer une destination touristique exclusive.

En 1962, il fonde le Consorzio Costa Smeralda et commence à acquérir des terres. Le projet était révolutionnaire pour l’époque car respectueux de l’environnement et de l’architecture locale. Il a su créer une destination de luxe préservant l’authenticité sarde.

Porto Cervo, village principal et port de plaisance de renommée mondiale est devenu le Saint-Tropez sarde où toute la jet set mondiale se retrouve.

La Costa Smeralda est devenue l’une des destinations les plus exclusives de Méditerranée, attirant célébrités, têtes couronnées et fortunés du monde entier, tout en préservant remarquablement son environnement naturel.

En dehors d’un parking proche d’une plage magnifique, nous n’avons pas pu nous y arrêter. Toutes les routes environnantes étaient bondées comme la route des plages à Ramatuelle. Dans tout le nord est de la Sardaigne, les paysages sont fabuleux et les plages magnifiques.

L’archipel de La Maddalena à l’ouest des plages de la Costa Smeralda tient une place à part dans la beauté sauvage de l’île. L’île principale est accessible par ferry, nous n’y avons pas été.


Trankilou, probablement un clap de fin 😞

Dimanche 7 septembre 2025
Hier en roulant du côté de la magnifique plage de La Pelosa, mon tableau de bord s’est éteint et le moteur s’est coupé. Le temps de freiner et de se ranger du côté droit, Trankilou ripait ses roues dans un dernier soubresaut et il était mort. Plus de contact, plus rien, la boîte bloquée en prise.

Contrôle de la batterie OK, contrôle des fusibles moteur OK. J’appelle l’assistance , il est près de 16H00, on n’aura aucune aide sous prétexte qu’aucun des dépanneurs qu’ils appellent ne parle l’anglais.

J’ai fini par appeler le 112 pour signaler que j’étais en panne et que je gênais la circulation. Une personne parlant français m’a donné des numéros de dépanneurs.

Le premier appelé ne parlait pas anglais mais m’a rappelé par message sur Whatsapp et nous avons conversé en traduisant en ligne nos messages.

A 22H30, il promettait de venir me chercher en fin de matinée ce dimanche. Il a cherché d’abord à me dépanner mais a constaté un court-circuit dans le moteur ou l’alternateur. Il m’a dit que le concessionnaire Fiat n’acceptait pas les camping-cars et a proposé de me remorquer à un de leur dépôt et de commencer les réparations dès lundi 9H00.

Nous avons passé une très mauvaise nuit et notre moral est au plus bas. Malgré les nombreux frais, les entretiens à la concession, chez Fiat, les grosses réparations, les nouveaux pneus, les travaux d’étanchéité, les nouveaux freins, le coussin de suspension explosé et remplacé une fois de plus, on ne peut plus faire un voyage sans panne sévère. Ce gouffre financier ressemble de plus en plus à de l’acharnement mécanique. Nous jetons l’éponge et allons nous en débarrasser.

Que ferons-nous ensuite ? Nous n’en savons rien,  nos rêves de voyage s’envolent, nous verrons comment les faire atterrir.

On aurait voulu vous parler du turquoise de l’eau, du sable blanc des plages, des villages et de tout ce qui fait la beauté de la Sardaigne mais on n’a pas le cœur à le faire.

Evelyne nous a concocté un bon repas que nous avons bien arrosé (le repas, pas Evelyne), histoire de forcer la sieste. Demain est un autre jour.