Lundi 10/6/2024
Nous repartons ce matin découvrir d’autres paysages. La route suit la lisière du Delta. Nous passons plusieurs bases nautiques. Le Delta drague de nombreux touristes et photographes amateurs ou professionnels. Des étoiles plein le yeux, nous quittons à regret cette région magnifique.
Premier arrêt pour des dernières courses au supermarché. On ne sait pas ce que nous allons trouver en Moldavie et nous préférons faire le plein de fruits, de légumes etc.
Plutôt que de prendre le bac payant à Braila, notre hôte nous a convaincu de prendre le pont gratuit plus rapide. Au fur et à mesure de notre progression, la route est de plus en plus mauvaise. Nous voilà au poste frontière roumain, nous sortons de l’Europe. Les gardes Frontex sont là et contrôlent nos papiers, ceux des chiens, du camion etc.
Nous franchissons la Prout (sic), cette rivière qui sépare la Roumanie de la Moldavie, et arrivons dans un autre monde. Tout est défoncé, sale et les bâtiments de la douane moldave semblent même abandonnés. Ils sont pourtant occupés par une armée de policières, douanières, jeunes et sympa. La communication est difficile mais une douanière connaissant l’anglais vient à notre secours.
Elles contrôlent tout y compris les assurances, les papiers des camions et même les numéros de châssis. Premier problème, la France ne distribue plus ni vignette d’assurance ni carte verte. Difficile de faire la preuve que le véhicule est bien assuré. Deuxième problème, Norbert ne sais pas où se trouve le numéro de châssis. En désespoir de cause, une photo de la plaquette signalétique passera crème. Discussions sur le voyage et notre parcours en Moldavie et nous franchissons enfin la douane.
Dernières formalités, je dois prendre une assurance locale, la mienne ne couvrant pas le pays, au contraire des assurances françaises. Une jeune femme parlant bien l’anglais me fait un contrat d’un mois pour une soixantaine d’euros. Malheureusement pas de change ni de carte téléphone à cette frontière. Nous achetons également nos vignettes autoroutières 5€ chacun pour une semaine.
Le décor change du tout au tout en Moldavie, les routes sont dans un triste état et me rappellent mon voyage en Albanie en 2017. On ne roule pas, on zigzague entre les trous profonds, le plus souvent sur la partie en terre du bord de la route. Pas besoin de radar ici on roule au pas.
La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe et l’espérance de vie n’est que de 69 ans. Ce chiffre à lui tout seul résume déjà le niveau des soins de santé.
Nous arrivons à Slobodia Mare, où nous avons prévu, comme les équipages VUCC d’un voyage précédent, de visiter le musée ethnographique. En tournant autour des bâtiments, une dame qui semble s’en aller sort de l’un d’eux. Elle comprend que nous voulons le visiter et nous ouvre, allume la lumière et s’obstine à nous donner plein d’explications que nous ne comprenons pas. De musée, il n’y en a pas vraiment. Six pièces remplies de vitrines hétéroclites censées témoigner de la vie passée de la région. On a vite fait le tour et arrive le moment où elle nous demande de payer nos entrées. Elle nous prend en photo, c’est apparemment tellement rare d’avoir des visiteurs qu’elle veut immortaliser l’instant. Je lui donne des Lei roumains mais elle en veut plus, puis nous redonne une partie des billets. Fatigués de discuter dans le vide, nous abandonnons et repartons.
Nous cherchons un endroit pour passer la nuit du côté du lac de la réserve naturelle proche. Les routes qui y vont ont l’air tellement pentues que nous renonçons. Nous allons voir plus loin mais sans succès. Les routes deviennent de plus en plus mauvaises. Ce pays a l’air africain par les pistes et soviétique par les bâtiments abandonnés et délabrés qui les bordent.
La Moldavie a une grande tradition viticole et exporte la plus grosse partie de sa production. Pour un pays de +/- 2,5 millions d’habitants et de 30.000 km2, les vignobles représentent à peu près la même surface que le bordelais. Les vignobles du centre sont les plus importants en volume et concentrés sur l’axe Vulcanesti-Comrat.
Arrivés à Vulcanesti, ville animée avec quelques parkings au bord de la route, nous nous installons devant un magasin à l’enseigne russe. Ce ne sera pas confortable à cause de la proximité de la route, mais nous y serons en sécurité. Avec les tortures de la piste, Trankilou souffre de tous ces chocs, de la tôle ondulée, des trous etc. Les armoires sont sens dessus dessous, des parties du marche-pieds, abimé au Maroc, se détachent et il faut bricoler un peu.
La nuit sera effectivement bruyante et nous dormirons mal. Depuis Bucarest, nous subissons des températures bien supérieures à 30 degrés sans pouvoir refroidir nos camping-cars.
Mardi 11/6/2024
Après cette mauvaise nuit, nous allons au bureau de change voisin et à la boutique Orange repérés la veille. Les affichages des vitrines sont en russe. Je prends un forfait prépayé qui me donne, pendant deux semaines, des communications locales et 20 GB de données pour la sommes de 49 MDL soit 2,7€.
Nous reprenons la route du vin. Il y a des portions de routes en très bon état et beaucoup d’autres défoncées. Celles en bon état sont toujours précédées par un panneau avec un drapeau européen indiquant “Financé par l’Europe” les autres par des signaux multiples de danger. Il y a même des limitations de tonnage à 20 tonnes si la température extérieure est égale ou supérieure à 30 degrés, ce qui n’est évidemment respecté par aucun des nombreux semi-remorques que nous croiserons.
Ces routes sont de véritables toboggans qui vous propulsent de trou en saignée. Les Moldaves roulent comme des fous, dépassent n’importe où et il n’est pas rare de se retrouver face à des voitures ou camions qui tardent à se rabattre.
Nous arrivons à Comrat, capitale de la région autonome de Gagaouzie. La population est anciennement turcophone convertie à l’église orthodoxe. Ils parlent le Gagaouze mais la langue véhiculaire reste le russe. Près de Comrat, nous visitons un autre musée ethnographique, tout aussi capharnaüm que le précédent. Il y a plusieurs employées mais personne qui parle anglais. Le tarif est de 10 Lei par personne mais ils nous demandent plus pour une excursion, je comprendrai plus tard que cela signifie une visite guidée ce qui n’a aucun intérêt vu qu’ils ne parlent que le russe. Nous voulons juste rentrer et visiter. Ces dames s’obstinent et puis nous réclament 15 Lei de supplément pour nos téléphones et appareils photos. Ils affichent un tarif mais rajoutent des suppléments inattendus. On nous prend une fois de plus en photo, probablement pour justifier l’emploi de ces dames.
Le musée n’est pas très intéressant et difficilement compréhensible pour des touristes car rien n’est traduit en anglais et que Google n’y arrive pas. On aurait aimé en apprendre plus sur cette ancienne république de Gagaouzie devenue maintenant région autonome.
Nous reprenons la piste vers un grand vignoble situé contre la frontière ukrainienne et de la Transnitrie. Cette route fut une longue succession de piste en terre, d’asphalte torturé et de portions très roulantes.
En passant par Causeni, nous visitons l’église Assomption de la Vierge, une des plus ancienne de Moldavie restaurée grâce à des aides américaines. Le travail fait est remarquable et fresques exceptionnelles. Une dame vient nous demander de nous inscrire et de signer un registre.
Arrivés au vignoble, il n’y a pas de dégustation aujourd’hui mais nous pouvons commander les différents vins au verre dans leur restaurant. Je leur dit que je ne souhaite pas boire mais goûter leurs vins pour en acheter. Devant leur refus. Je leur réponds que nous n’allons pas les encombrer plus longtemps de notre présence et nous nous en allons. Nous avions prévu de dormir dans les vignes du domaine mais cela aussi c’est impossible.
Un autre vignoble est à proximité mais leurs vins se vendent à des prix surfaits (65 à 170€). Nous n’irons donc pas.
Après quelques explorations sans rien trouver, nous nous garons pour la nuit sur le parking du monument aux morts soviétiques. Comme partout ce genre de monument est entretenu et fleuri au contraire des bâtiments. On y sera au calme et en sécurité. Demain direction Chisinau.
Les infrastructures de camping sont inexistantes en Moldavie, il n’y a rien. Il faut se débrouiller pour tous les services comme demander de l’eau lors des pleins de carburant ou alors remplir des bidons aux sources souvent présentes dans les monastères et vider chaque fois que c’est possible.