Les Greniers d’Amtoudi: trésors berbères de l’Anti-Atlas marocain.

Quelques balades dans la campagne environnante, quelques courses en ville, cette journée « off » est bien vite passée.

Mardi matin, nous reprenons la route vers Amtoudi. Toujours de beaux paysages, des montagnes, des zones désertiques colorées en vert par endroit, des palmeraies brûlées par la sécheresse. Nous étions en fin de matinée installés dans notre camping au pied des greniers d’Amtoudi. Le temps de préparer notre déjeuner et de le manger, nous partons sous un soleil de plomb. Ulla est ravie de nous accompagner.

Nous étions prévenus « les greniers ça se méritent », il faut y grimper par un sentier étroit et raide pour faire les 150 mètres de dénivelé jusqu’aux greniers situés à 1.000 mètres. Et défait ça grimpe raide et on se dit très vite qu’on aura pas dû terminer ce plat de pâtes, un peu plus tard que ces greniers c’est surfait, etc. Nous y arrivons enfin et la vue est magnifique. Le village est tout petit en dessous de nous et à l’horizon, nous distinguons un vent de sable qui souffle au loin. Le gardien du site nous ouvre et nous commençons notre visite.

Perchés dans les montagnes escarpées de l’Anti-Atlas marocain, près du village d’Amtoudi, se dressent des greniers collectifs ancestraux, véritables joyaux d’ingéniosité et de résilience. Ces structures fortifiées, appelées agadirs en berbère, témoignent d’une tradition millénaire de préservation des ressources et de coopération communautaire, caractéristique des populations amazighes (berbères) du Sud marocain.

Un Héritage Historique

Datant pour certains du XIIᵉ siècle, voire plus anciens encore, ces greniers étaient conçus pour stocker les provisions des communautés locales : céréales (orge, blé), huile d’argan, amandes, mais aussi documents juridiques ou objets précieux. En période de sécheresse, de conflits ou d’invasions, ces entrepôts jouaient un rôle crucial pour la survie des habitants. Leur emplacement en hauteur, souvent creusés à flanc de falaise ou juchés sur des pitons rocheux, les rendait facilement défendables, tout en offrant une vue panoramique sur les vallées environnantes.

Architecture Ingénieuse

Construits en pierre locale et en bois de genévrier, les greniers d’Amtoudi se distinguent par leur structure adaptée au climat aride. Les murs épais isolent la chaleur, tandis que des systèmes de ventilation naturelle et des ouvertures minutieusement orientées protègent les réserves de l’humidité et des rongeurs. Chaque famille disposait d’un compartiment verrouillé, fermé par une lourde porte en bois sculpté, dotée d’une serrure complexe en bois (tilast). Ces mécanismes, véritables œuvres d’art, symbolisaient la confiance et la responsabilité collective : chaque chef de famille possédait une clé, mais l’accès global était supervisé par un gardien désigné.

Une Organisation Sociale Rigoureuse

Au-delà de leur fonction utilitaire, ces greniers reflètent une organisation sociale rigoureuse, où la solidarité et l’entraide étaient essentielles pour la survie de la communauté.

Leur gestion était régie par des règles strictes (azerf), codifiées oralement ou par écrit, qui définissaient les droits et devoirs de chaque membre. Les sanctions contre le vol ou la négligence étaient sévères, renforçant la cohésion sociale. Ces greniers étaient aussi des lieux de rassemblement pour régler les litiges ou célébrer des pactes, reflétant l’équilibre entre l’intérêt personnel et collectif.

Notre visite terminée, nous prenons le chemin plus facile du retour. Il faut néanmoins rester prudents car les pierres roulent par endroit sous nos pieds.

La plage blanche, un trésor naturel encore préservé.

Vendredi 24 janvier 2025:
Nous profitons de notre dernière journée à Sidi Ifni pour acheter quelques légumes et fruits. En l’absence de produits de conservation, les produits frais pourrissent vite et il faut acheter de petites quantités et les consommer rapidement.

A l’heure du déjeuner nous rejoignons le restaurant du camping. Bien inspiré, Alain a amené une bouteille de rouge qui reste sous la table. Le serveur, complice, n’est pas plus étonné que cela. Pour faire bonne figure, une bouteille d’eau plate trône au milieu des assiettes, on ne la videra pas.

Le lendemain, nous quittons le camping pour rejoindre la plage blanche que nous aimons beaucoup. La route pour la rejoindre est magnifique, les paysages sont à couper le souffle, sauvages et désertiques qui bordent le turquoise de l’océan. Très peu de construction, quelques tentes berbères de nomades pêcheurs.

La Plage Blanche est un véritable paradis pour les amoureux de la nature. Loin de l’agitation des grandes villes, cet endroit offre une tranquillité absolue, bercée par le bruit des rouleaux de l’océan atlantique.

Pour les aventuriers, c’est un terrain de jeu idéal. Les vents en font un spot prisé pour le kitesurf et la planche à voile. Les randonneurs, quant à eux, peuvent explorer les falaises environnantes et découvrir des criques secrètes, tandis que les amateurs de pêche trouveront ici un cadre idyllique pour pratiquer leur passion.

Ce qui la rend vraiment unique, c’est son ambiance sauvage et préservée. Ici, pas de constructions massives ni de foule bruyante, seulement une nature intacte qui invite à la contemplation.

Cette plage blanche longue de 40 kilomètres a longtemps servi de repère visuel pour les pilotes légendaires de l’Aéropostale, comme Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry ou Henri Guillaumet. Ces pionniers reliaient la France à l’Amérique du Sud en survolant l’Afrique de l’Ouest. Leur trajet passait par des étapes clés comme Toulouse, Casablanca, Cap Juby (aujourd’hui Tarfaya, au Maroc), Dakar, puis au-dessus de l’Atlantique.

À cette époque, les avions étaient rudimentaires et les instruments de navigation limités. Les pilotes s’orientaient souvent en suivant les côtes, les fleuves ou les reliefs marquants. La Plage Blanche, avec son sable blanc étincelant contrastant avec les falaises sombres et l’océan Atlantique, offrait un point de repère visuel clair pour les aviateurs survolant la région. Sa longue étendue linéaire permettait de vérifier leur trajectoire vers le sud, en direction de Cap Juby ou de Dakar.

Imaginez un Bréguet 14 ou un Latecoère survolant cette côte immaculée et souvent hostile.

Le vent chasse les nuages de la matinée et nous retrouvons très vite un beau ciel bleu. Nous préférons nous installer sur le parking asphalté plutôt qu’autour de l’Oued.

Après déjeuner, nous partons pour une longue ballade sur la plage. Ulla nous entraîne vers l’eau mais nous tenons bon.

En fin d’après-midi nous préparons de quoi grignoter pendant la cérémonie. Ce soir Alain nous propose une bouteille de Byrrh, boisson iconique de leur bonne ville de Thuir.

Triste coup de téléphone de nos amis Georges et Renée qui malades de la grippe, ont dû annuler leur départ. Georges a l’air mal en point et pas prêt de prendre la route. Nous leur souhaitons de se rétablir et de pouvoir nous rejoindre plus tard.

Nuit tranquille bercée par le bruit de l’océan. Nous roulons vers Guelmim au travers d’une région désertique. Très beaux paysages, nous sommes au milieu de nulle part et pourtant les routes sont en meilleur état que chez nous. De part et d’autre de la route, des bouteilles en verre de couleur verte brillent de mille feux. On ne comprend pas pourquoi il y en a autant, probablement des bouteilles de bière vides jetées par les consommateurs qui préfèrent rester discrets. A Guelmim, nous passons au Marjane pour faire le plein de ce qu’on ne trouve pas dans les petites boutiques marocaines. Dommage que la chaîne ait cessé de vendre de l’alcool qu’on ne trouve plus que dans les Carrefours et à Agadir. Nous avons encore du stock pour tenir un moment encore.

Après les courses, nous arrivons à Bouizakarne chez Lahrsen toujours content de nous voir. Il fait très chaud et Ianta qui souffre de la chaleur cherche la fraîcheur de l’ombre. Nous allons rester deux nuits ici avant de reprendre la route.

Assilah, Marrakech, Tiznit, Aglou et Sidi Ifni…tout va bien

Notre petit parking près du port d’Assilah était complet mais les gardiens trouvent toujours une solution pour nous garer au chausse-pied entre deux véhicules pour la nuit. Ulla a retrouvé en promenade les chats et les chiens errants marocains. Les sorties sont plutôt compliquées avec cette laisse tendue qui part dans tous les sens.

Après une bonne nuit, nous faisons le plein à 1,12€/l, ce qui est bon marché pour nous mais reste très cher pour les Marocains. L’autoroute à péage est peu encombrée et nous arrivons à Marrakech dans l’après-midi. Nous retrouvons avec plaisir Le relais, camping tenu depuis 18 ans par une famille française. Nous y resterons le temps de bricoler le gâche électrique de la porte qui refuse parfois de l’ouvrir et de mettre de l’ordre dans les soutes. Il fait beau et chaud en journée mais les nuits sont glaciales (4°C).

Nous découvrons avec tristesse notre marchand ambulant de légumes et fruits qui a troqué sa charrette par un pickup suite à la mort brutale de son cheval. Quel dommage 🙁

Nous repartons vers le Sud, il y a plus de monde sur l’autoroute et il faut rester très vigilant pour anticiper les conneries de quelques chauffards suicidaires qui roulent très très vite. Nous traversons Agadir pour continuer par la Nationale jusqu’à Tiznit où tous les campings sont complets. Il n’y a de la place nulle part, tout est complet avec liste d’attente. Même les parkings interdits aux camping-cars sont complets.

Après quelques courses, nous allons jusqu’à Aglou où il y a du monde mais encore de la place. Le soleil est bien là mais il y a du vent. Nous profitons de la plage pour s’y promener, Ulla arrive même à se débarrasser de son collier pas assez serré pour piquer une tête dans l’océan.

Nous passons une journée à Tiznit et passerons dans le souk des bijoutiers. Nous déjeunons au Lieu dont nous apprécions la cuisine, la patronne nous prépare des Bricks à l’Oeuf et des boulettes de sardines préparées avec des épices dont elle a le secret.

Nous retournons le soir à Aglou et mauvaise surprise, des volutes noires et pestilentielles en provenance de l’intérieur du pays nous enfument. Le vent du désert a rallumé le feu de la décharge publique de Tiznit et cela va durer quelques jours. Le lendemain matin, le brouillard est toujours là.

Huguette et Didier qui venaient prendre l’apéro avec nous, nous sauvent de cette pollution en nous proposant de plier bagages et de nous installer sur le parking près de chez eux. Didier sortira quelques bonnes bouteilles et nous servira un risotto délicieux. C’est chouette un ami restaurateur. Nous avons passé une très bonne soirée, on reviendra 🙂

Le lendemain après un crochet par Tiznit, nous partons pour Sidi-Ifni, ancienne enclave espagnole, retrouver Alain et Michèle qui nous y attendent. Il y a du vent mais il finit par tomber pour laisser place au très beau temps. Ianta marche parfois avec difficultés, une de ses pattes antérieures décroche parfois. Nous lui donnons un cachet qui devrait la soulager.

Demain c’est vendredi, le jour du couscous et il nous faut le commander au restaurant du camping. Avec Alain, nous préparons notre prochain circuit qui ne nous privera pas de désert. Les choses sérieuses commencent samedi.

De retour à Asilah, nous sommes enfin au Maroc.

Le temps passe lentement quand on n’a rien à faire, nous profitons du soleil assez chaud pour nous permettre de déjeuner à l’extérieur tous les jours. Ulla, est toujours partante pour une petite randonnée d’exploration des sentiers environnants.

Le 31 décembre, nos amis Alain et Michèle nous rejoignent en fin d’après-midi pour célébrer ensemble une soirée en mode apéro dinatoire. Le jour de l’an Michèle nous prépare un délicieux repas de canard confits. Nous passons un moment gourmand et convivial, un vrai régal!

Après le départ de nos amis, nous profitons d’une dernière journée sur notre falaise avant de reprendre la route vers un autre bivouac le long de la mer. Ce nouveau décor ne nous retiendra qu’une journée avant que nous n’atteignions la plage de Palomares, une étendue peuplée de camping-cars à perte de vue. On se rappelle encore ici cette journée de 1966 où un bombardier américain perdit ses 4 bombes atomiques. Avouez que cela fait désordre.

Quelques jours s’écoulent dans ce cadre unique, et Ulla ne peut résister à l’appel de la mer, se baignant à deux reprises. Le 8 janvier arrive enfin et ultime frustration, un imprévu oblige l’atelier à annuler le rendez-vous. Notre déception nous mène à une journée de plus de détente à la plage.

Le lendemain matin, dès 8h00, nous sommes de retour au garage. Les techniciens s’affairent à comprendre les méandres de notre système électrique. Un certain Christian, un spécialiste allemand, prend finalement le relais, et avec sa maîtrise des technologies Lithium, il réussit à installer et configurer notre équipement avec brio.

Nous reprenons enfin la route, libres et impatients de continuer notre périple vers le Maroc. L’après-midi, nous rejoignons Algeciras et retrouvons notre parking bien connu entouré de nombreux magasins. Après quelques emplettes, nous nous préparons pour la traversée du détroit.

Dimanche matin, nous complétons les formalités nécessaires avant d’embarquer sur le bateau, avec un léger retard. Une traversée sans encombre et un passage ultra rapide à la douane plus tard, nous arrivons à Asilah. Tout le monde ne peut en dire autant au vu d’une quinzaine de véhicules marocains déchargés en mode « marché aux puces ». J’imagine très bien l’horreur de devoir tout remballer et recharger. Demain matin, direction Marrakesh.

Meilleurs voeux pour une année 2025 exceptionnelle.

Chers amis de Trankilou,

Alors que les dernières lueurs de 2024 se sont éteintes, 2025 se profile, chargé d’espoir d’évasion et de découvertes. L’équipage de Trankilou vous adresse ses vœux les plus chaleureux et vous remercie pour les vôtres.

Cette année encore, notre fidèle (bof) Trankilou nous a mené sur des chemins sinueux, à travers des paysages magnifiques, au gré de rencontres et de moments d’amitiés inoubliables. Des côtes sauvages aux sommets montagneux, des villages pittoresques aux métropoles animées, chaque kilomètre parcouru a tissé le fil de précieux souvenirs (et de quelques contraventions).

Que 2025 soit une année riche en nouvelles aventures, en bivouacs enchanteurs sous des cieux étoilés, en levers de soleil majestueux. Que chaque virage dévoile des nouveaux horizons, que chaque étape soit une invitation à la rencontre et au partage.

Nous vous souhaitons de voyager, de prendre le temps de savourer chaque instant de la vie, de vous émerveiller devant la beauté du monde qui nous entoure. Que la route soit belle et parsemée d’instants de bonheur simples mais authentiques.

Alors, préparez vos itinéraires, bouclez vos valises, gonflez vos pneus, prenez soin de vous et que l’aventure continue !

Très belle année 2025 en bonne santé à vous tous !

Caroline et Freddy