Que la montagne est belle…

Lundi 15 septembre 2025
Après une bonne nuit, nous reprenons la route qui s’annonce exceptionnelle. Nous repartons vers la mer sur la côte orientale où nous coucherons ce soir. Nous avons prévu de passer par le très joli village d’Ulassai où nous devrions déjeuner dans un restaurant privilégiant les produits locaux. Ensuite cap sur Arbatax et puis un camping ACSI avec accès plage.

Ces routes SP52 et SS198 sont magnifiques et, à de rares exceptions, en très bon état. Nous en avons pris plein les yeux tout au long du parcours. Bien sûr, la traversée des villages peut parfois être stressante car encombrée par les voitures en stationnement tout en sachant comme le disait Georges qu’il ne faut pas oublier les balcons qui débordent des façades.

Comme si ce n’était pas suffisant, nous avons croisé des dizaines de motards qui attaquaient la route et coupaient les virages sur ces routes étroites. L’un d’entre eux s’est fait très peur et nous a évité de justesse. Il a réussi à rattraper sa moto de justesse et la motarde qui le suivait a pu freiner juste à temps. Pas mal de tarés ce jour-là sur cette route.

A plusieurs reprises, nous avons vu des parcs industriels aux bâtiments délabrés entourés de champs de panneaux photovoltaïques. Tout est abandonné. Quel gaspillage ces centaines de panneaux solaires qui ne servent à rien et qui ont été financés probablement par des fonds européens.

Tous ces villages colorés accrochés à la montagne sont ravissants et la preuve qu’il ne faut pas rester le long de la côte. L’intérieur de l’île vaut le détour.

Vers midi, nous sommes à Ulassai pour y subir une fois de plus une grosse déconvenue. Les parkings le long de la route sont pleins, il y a beaucoup de monde et s’aventurer dans les petites rues du village pour y trouver un autre parking est beaucoup trop risqué. s’il faut rebrousser chemin.

Nous voilà, une fois de plus frustrés de ne pouvoir nous arrêter et forcés de continuer notre route pour trouver un endroit pour déjeuner.

La route vers la côte est également très jolie et tout aussi parcourue à vive allure par les motards. Quelques petits vignobles çà et là et des cantina dans les villages.

Nous arrivons sur la côte et là grosse surprise, le parking gratuit autorisé pour le camping-car est vide ou presque. Nous nous y garons sans difficultés et les roches rouges que nous sommes venus voir sont juste à côté. Cela semble irréel.

La falaise féerique du Rocce Rosse est située à Arbatax (partie de la commune de Tortolì, dans l’est de la Sardaigne). Ce sont les vestiges de falaises de porphyre rouge où le vent et l’eau au cours des siècles ont créé des formes vaguement géométriques avec des fissures et des trous qui laissent entrevoir la mer ; le paysage est fascinant, surtout paraît-il au coucher du soleil, lorsque le reflet des roches rouges donne à l’eau une couleur vert émeraude irisée. De jeunes français et italiens sautent dans la mer pour épater une colonie de fille prenant le soleil sur les rochers.

Le camping est à quelques kilomètres et nous y trouvons encore deux places. Tout va bien, demain journée plage.

Mais finalement, qui a les plus belles miches ?

Dimanche 14 septembre 2025
Tout est parti d’une réflexion: « Comment est-il possible qu’un pays avec une gastronomie aussi riche et savoureuse, soit incapable de faire du pain correct ? « .

Evelyne a répondu que c’est vrai mais que les Italiens mangent moins de pain que nous. Je lui ai répondu qu’avec un tel pain, c’est normal d’en manger moins.

Après vérification, nous consommons en moyenne 1 kg de pain par semaine et les Italiens environ 900 grammes, soit presque autant que nous.

Caro rappelle que la ciabatta est parfois correcte mais je me demande bien où. Le seul pain correct que nous mangeons en Italie, c’est le multi-céréales qu’on ne trouve que dans les Lidl.

Mais alors qu’est-ce que Jim Lahey, promoteur du délicieux pain sans pétrissage, est-il venu faire à Rome pour étudier les méthodes antiques de panification ?

Ce n’est donc pas compliqué de faire du bon pain alors pourquoi le pain italien a-t’il une mie alvéolée comme un cake, une croûte ultra dure ou désespérément molle et aucun goût. Faire du bon pain, c’est à la portée de tout le monde puisque j’y arrive, alors pourquoi ?

C’est ce qui m’a motivé à faire quelques recherches pour comprendre pourquoi dans la terre bénie des dieux pour ses pâtes al dente, les tomates qui goûtent vraiment la tomate, les glaces qui font pleurer les enfants de joie, on ne trouve pas de pain convenable.

Pour nous qui sommes habitués à une croûte croustillante et une mie alvéolée qui a du goût, le pain italien ressemble à une éponge vaguement comestible.

Quand on rentre dans une boulangerie, on trouve des dizaines de pain aux noms chantants et on se dit qu’ils ont l’air de savoir ce qui est bon. Puis on mord dedans et là, c’est le drame. Pas de croûte, pas d’alvéoles, juste une masse molle insipide, parfois sans sel comme si le goût était une option. On regarde autour de nous comme si c’était une blague mais non les Italiens mangent ça, volontairement.

Comment un peuple capable de sublimer une aubergine peut-il rater un truc aussi fondamental que le pain ? C’est juste incompréhensible.

Et bien après analyse ce n’est pas accidentel mais culturel. Chez nous le pain est une star, il a son piédestal, ses concours, ses artisans qui se lèvent à 3H00 du matin pour lui donner une âme, du goût. En Italie, le pain est un faire-valoir. Il est là pour éponger la sauce, accompagner la charcuterie ou le fromage, se faire tremper dans l’huile d’olive. Modeste, il ne cherche pas à briller, il doit être neutre et ne pas prendre le pas sur l’aliment qu’il ne fait que supporter.

L’Italie possède des centaines de pains régionaux, du pane pugliese aux focaccias ligures, chacune adaptée à son terroir et ses usages locaux. Ces pains reflètent une richesse culturelle immense selon des critères esthétiques et gustatifs qui nous échappent et ne correspondent pas à nos attentes.

Alors oui, on râle, critique, peste mais au fond on sait que l’Italie nous bat sur tant d’autres terrains gastronomiques. Alors on accepte ce petit défaut, on le tolère ce pain raté et soyons honnête s’ils se mettaient à faire du pain comme nous, on n’aurait plus rien à leur reprocher et çà c’est juste insupportable.