Au petit matin, notre parking du départ de randonnée est quasi vide. Malgré l’altitude de 875 mètres, il a fait chaud cette nuit. Après cette nuit si tranquille, nous quittons le mont Polonia et cette vallée considérée comme le Western polonais.
Notre première étape sera dans le petit village de Michniowiec pour y voir une dernière église en bois. Ce n’est pas la plus jolie que nous ayons vue jusqu’ici. Elle est fermée et nous ne verrons donc pas l’intérieur. Nous devons être à moins d’un kilomètre de la frontière ukrainienne.
Nous repartons car nous devons être tôt à Łańcut car il y a pas mal de choses à voir et il reste encore pas mal de kilomètres. Nous devons faire les pleins mais les stations services rencontrées sont du mauvais côté. Pas de panique, nos réservoirs ne sont pas encore vide. Nous avançons bien et il est déjà midi quand nous atteignons un grand parking près de l’autoroute. Nous y déjeunons et c’est en repartant que les choses se compliquent. Il aurait fallu prendre la voie de gauche et nous prenons celle de droite qui m’ont sur l’autoroute en direction de l’ Ukraine et pas de sortie avant 20 km. L’aiguille du réservoir descend inexorablement. Nous sortons de l’autoroute pour la reprendre dans l’autre sens. C’était la dernière sortie avant la frontière, ouf.
On repart dans l’autre sens et finalement mon témoin de réserve s’allume alors qu’il n’y a aucune station sur cet autoroute. Nous finissons par en sortir pour trouver la station où nous ferons nos pleins de gasoil et de gaz.
Nous repartons vers Lancut car nous avons perdu trop de temps. Et c’est arrivé à 1 km de notre bivouac que le GPS de notre leader a commencé à perdre le Nord. Il nous a baladé dans la campagne et nous avons eu bien du mal à retrouver la bonne route. Nous arrivons enfin à notre parking derrière la piscine. L’endroit est impeccable et calme à proximité du château. Pour l’usine de Vodka et la synagogue, il est déjà trop tard et nous devrons nous contenter d’une promenade dans le parc. La ville est très verte et assez jolie.
Nous nous consolons en commençant l’apéro plus tôt.
Grasse matinée ce matin après une nuit tranquille, nous avons pu prendre tout notre temps ce matin. Ulla court ivre de bonheur et de liberté dans les prairies autour de l’église. Elle joue à cours après moi si tu m’attrapes. Il fait beau même si la brume occulte un peu l’horizon.
En milieu de matinée, nous partons vers le centre commercial (sic) de Sanok, en fait un Intermarché et une galerie commerciale avec quelques boutiques mais rien de transcendant. Nous quittons Sanok pour nous rejoindre nos amis et compagnons de voyage. Notre route nous conduira dans les Carpates près de la frontière ukrainienne mais aussi celles de la Roumanie, Bulgarie et Slovaquie.
Nous roulons sur une route en très bon état située qui serpente dans les Bieszczady. Dans la vallée de l’Ostawa, les Lemkos y ont construit au début du 19ème siècle des églises en bois de la religion greco-orthodoxe. Elles ont été converties en églises catholiques romaines au milieu du 20ème avant d’être restituées à leur église originale.
Le peuple Lemko: Dans le sud-est de la Pologne, dans les Basses Beskides, se trouve une terre appelée Lemkivshchyna. Aujourd’hui isolé et peu peuplé, ce territoire est le foyer ancestral de l’une des minorités les plus distinctes d’Europe : les Lemkos. Qui sont-ils et pourquoi vivent-ils en exil ?
Les Lemkos sont l’une des quatre minorités ethniques autochtones qui habitent actuellement la Pologne (avec les Tatars, les Karaïtes de Crimée et les Roms). Bien que leur origine fasse encore l’objet de discussions académiques, la version la plus probable veut que le groupe ethnique se soit formé à la suite de l’installation au XVIe siècle des Rusynes et des Valaques dans les Basses Beskides et de leur mélange avec les habitants polonais de cette région.
Entre le XVIe et le XIXe siècle, les Lemkos ont forgé leur propre identité distinctive basée sur leur culture traditionnelle, leur propre langue (lemko) et leur affiliation à l’Église gréco-catholique ukrainienne ou à l’Église orthodoxe orientale. Depuis lors, les Lemkos sont constamment sous la pression des dirigeants (ou agresseurs) ultérieurs des Basses Beskides : Pologne, Autriche-Hongrie, Ukraine ou Empire russe. Dans ces circonstances, de manière typique pour une minorité petite mais distinctive, ils ont déployé de nombreux efforts pour établir avec leur pays patron un partenariat stable qui garantira leur existence paisible et leurs droits. C’est ainsi que se sont façonnées les trois composantes principales de leur identité nationale.
Selon les siècles et le climat politique, différents groupes de Lemkos revendiquaient des identités nationales différentes (polonaise, ukrainienne, russe). Alors qu’avant la Seconde Guerre mondiale, les factions pro-russes et pro-ukrainiennes étaient les plus prépondérantes, aujourd’hui, la moitié de tous les Lemkos vivant en Pologne ne déclarent aucune autre identité que Lemko, tandis que l’autre moitié se déclare d’origine lemko et citoyen polonais. Seules quelques centaines de Lemkos déclarent la nationalité russe ou ukrainienne.
Après la Première Guerre mondiale, le président Thomas Woodrow Wilson a déclaré le droit des nations à l’autodétermination. Grâce à cette doctrine et aux dispositions du Traité de Versailles, la Pologne a retrouvé son indépendance après 123 ans de domination par les puissances voisines (Autriche-Hongrie, Empire russe et Royaume de Prusse). En conséquence, les Basses Beskides et leur population Lemko allaient bientôt devenir polonaises.
Alors que les frontières restaient instables au cours des mois qui suivirent la guerre, les Lemko décidèrent de profiter de leur droit nouvellement acquis à déterminer eux-mêmes leur appartenance et fondèrent la République de Komancza – un État Lemko indépendant d’orientation pro-ukrainienne, visant à établir une union avec l’Ukraine occidentale. La république naissante a existé pendant moins de deux mois, supprimée par l’armée polonaise pendant la guerre polono-ukrainienne de 1918-1919. Même si la Pologne était l’un des plus grands bénéficiaires du droit à l’autodétermination, les autorités polonaises n’étaient pas disposées à accepter l’autodétermination des minorités polonaises.
Après la chute de la République de Komancza, un groupe pro-russe prit la tête des Lemkos. Cette faction plus forte et plus large était dirigée par un avocat, Jarosław Kaczmarczyk, qui était conscient que la seule façon pour un État Lemko de survivre était d’obtenir des garanties officielles de son existence légale de la part des principaux acteurs de la Conférence de paix de Paris. Les délégués de Lemko n’ont cependant pas réussi à se rendre à Paris en raison de l’ingérence du gouvernement polonais.
Finalement, le 5 décembre 1918, les représentants de la majorité des villes et villages lemko décidèrent de prendre les choses en main et proclamèrent la fondation de la République Lemko (parfois appelée République Lemko-Rusyn) – avec son propre gouvernement, sa propre administration et son propre gouvernement. police. L’idée était de légitimer l’existence de l’État en montrant qu’il pouvait se gouverner efficacement et ensuite rechercher le soutien des vainqueurs de la Première Guerre mondiale.
La république nouvellement fondée n’a pas été reconnue par la Pologne (ni par aucun autre pays), mais a réussi à durer jusqu’en 1920. Le Traité de Saint-Germain et la Paix de Riga ont finalement cédé Lemkivshchyna, comme on l’appelait, à la Pologne. Disposant d’un document légitime prouvant son droit sur cette région, le gouvernement polonais a commencé à appliquer la loi polonaise, par exemple en appelant Lemkos dans l’armée polonaise, engagée dans une guerre contre les bolcheviks.
Toute résistance se heurtait à une réaction énergique de la part du gouvernement polonais et bientôt, tous les dirigeants de la République Lemko furent arrêtés et confrontés aux accusations les plus sévères possibles. Finalement, le jury les acquitta, mais la république fut perdue à jamais. Les Lemkos ne sont plus qu’une minorité ethnique en Pologne et la culture de leur culture traditionnelle se heurte à de nombreux autres obstacles dans les années à venir.
En 1939, environ 140 000 Lemkos vivaient à Lemkivshchyna, mais la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences se sont révélées être un tournant dans leur histoire. Le premier coup fut porté par l’armée soviétique lorsqu’elle réinstalla de force environ 90 000 Lemkos. Ils ont été transportés au plus profond de l’Union soviétique et la grande majorité d’entre eux n’en sont jamais revenus.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la prise du pouvoir par le gouvernement communiste satellite en Pologne, Lemkivshchyna est devenue l’un des territoires soumis à l’opération Vistule – une réinstallation forcée des minorités ukrainiennes, lemkos et boykos à l’intérieur de la Pologne, d’est en ouest et du nord (donc vers la Récupération). Territoires). Le but de l’opération était de disperser une population qui aurait pu constituer une base de soutien pour l’armée insurrectionnelle ukrainienne, engagée dans une guérilla avec le régime communiste en Pologne et remettant en question les nouvelles frontières d’après-guerre. Même si les Lemkos n’avaient pratiquement rien à voir avec l’armée insurrectionnelle ukrainienne et n’avaient jamais officiellement rejoint en grand nombre un groupe opposé au régime, 35 000 d’entre eux furent réinstallés à l’ouest et au sud de la Pologne.
Selon le recensement de 2011, il y a environ 10 500 Lemkos en Pologne, dont 7 000 se déclarent d’abord Lemko et 5 000 la considèrent comme leur seule identité nationale. Le plus important est que ces chiffres ont presque doublé depuis le précédent recensement de 2002, ce qui prouve qu’ils ne se sentent plus contraints de déclarer ouvertement leur identité Lemko et de perpétuer leurs traditions. Cependant, plus de 50 % des Lemkos vivent en Basse-Silésie (donc sur l’un des territoires récupérés) et en Petite-Pologne, avec seulement une très petite population vivant à Lemkivshchyna.
La plupart des Lemkos parlent lemko à la maison et presque tout le groupe déclare son affiliation à l’ Église orthodoxe orientale . Depuis 1991, ils peuvent officiellement apprendre la langue lemko à l’école et depuis 2000, à l’Institut de philologie russe de l’Université pédagogique de Cracovie, les étudiants peuvent choisir le lemko comme spécialisation. Néanmoins, leur diasporisation s’est avérée irréversible ; Les Lemkos ne sont pas retournés à Lekivshchyna et beaucoup d’entre eux se sont assimilés là où ils ont été réinstallés, mais beaucoup d’entre eux considèrent toujours les Basses Beskides comme leur patrie. C’est ici que se déroulent les plus grands watras – des réunions destinées à apprécier la culture Lemko et à inculquer un sentiment de communauté.
Les paysages sont magnifique et très verts, toujours pas de bétail dans les pâtures. Nous nous arrêtons à la gare de Majdan (Cisna) pour y visiter le musée de la réhabilitation de la ligne ferroviaire à voie étroite et peut-être de prendre ce train à vapeur pour une courte excursion. À la fin du 19ème siècle, l’enclavement de la région était telle que les Autrichiens décidèrent de relier Cisna à la ligne L’viv Budapest. La ligne fut utilisée au cours du 20ème siècle tantôt par l’armée autrichienne, tantôt par l’occupant nazi, puis par les Russes. Aujourd’hui un segment de la ligne tirée par une locomotive vapeur au charbon relie quelques villages.
A notre arrivée, la grille du site est à moitié ouverte et une dame nous fait signe de faire demi-tour et de nous en aller. Impossible de visiter et au ton de la dame qui nous invective en polonais, nous n’insistons pas.
Nous continuons notre chemin et retrouvons nos amis au pied du mont Polonia. Nous y passerons la nuit avant de continuer notre périple demain.
Notre camping est bien équipé avec de très grandes parcelles. A l’extérieur de la ville, il est en pleine nature au bord d’un gros ruisseau. A la promenade matinale d’Ulla, je rencontre des petits chevreuils qui finissent par s’enfuir lorsque je m’en rapproche.
Une fois les services faits, nous repartons vers Sanok pour visiter le musée en plein air Skansen. Comme son homologue à Stockholm, ce Skansen est un écomusée où sont présentés toutes sortes de métiers et constructions typiques de la région.
A l’entrée du site, le montage d’un marché de produits locaux est en cours. Un grand podium sonorisé est en cours de montage. Des groupes de danses folkloriques s’y produiront dans la journée. Nous arrivons avant l’heure d’ouverture du site et prenons nos billets. A l’entrée, un gardien me fait comprendre qu’Ullla doit porter une muselière pour rentrer sur le site. On en rigole mais lui ne plaisante pas. Finalement une employée après avoir l’avoir vue, dis aux gardes de la laisser passer.
Le Parc ethnographique et musée-skansen (Muzeum Budownictwa Ludowego) de Sanok compte parmi les plus grands musées en plein air de Pologne. Sur la rive droite de la rivière San, on trouve une reconstitution de nombreuses habitations anciennes typiques de la région avec leurs intérieurs tels qu’ils étaient autrefois.
Etabli en 1958, il jouit d’une renommée internationale. Il présente les constructions des différents groupes ethniques ayant vécu dans la région jusqu’en 1947, soit une bonne centaine d’habitats en bois du XVIIe au XXe siècle, ainsi que des églises, des moulins et des ateliers d’artisans. Le site est exceptionnel et nous fait penser à l’écomusée d’Alsace que nous avons visité l’année dernière à Ungersheim.
Ces maisons typiques de la région ont été assemblées à l’ancienne. La plupart des toits sont en tuiles en bois. Ces dernières se recouvrent peu et sont ici de section triangulaire avec rainure et languette qui permet de les assembler et de donner une certaine rigidité à l’ensemble du toit.
On retrouve la poste, la pharmacie, la forge, la ferme, l’église en bois, la synagogue et tous les anciens métiers des villages de la région. Les intérieurs nous permettent d’imaginer la vie parfois rude de l’époque. L’odeur du pain qui sort du four nous attire vers la boulangerie où nous achetons du pain et des pâtisseries.
La matinée est vite passée et nous sortons pour déjeuner dans nos camping-cars. Après le café, notre groupe se sépare en deux, un groupe qui part en randonnée faire l’ascension du Mont Polonia et un groupe qui restera l’après-midi pour visiter la ville. Nous nous retrouverons demain soir au bivouac du Mont Polonia, jouxtant la frontière ukrainienne.
Notre groupe visite le piétonnier du centre ville. Il fait beau mais malheureusement les magasins sont tous fermés le dimanche. Nous nous rattraperons demain matin au centre commercial.
En fin d’après-midi, nous rejoignons note bivouac pour la nuit, trouvé sur l’application Park4Night, outil indispensable des camping-caristes. La sortie du musée Skansen produit de nombreux bouchons et la police a fort à faire pour dégager les carrefours. La sortie du parking du musée passe par un antique pont métallique sur la rivière San. Il est impossible de s’y croiser et nous devons l’emprunter. Le policier qui détourne le trafic nous autorise à le franchir. Une fois sur l’autre rive, nous rejoignons par une route fort étroite entre les villas, le parking d’une église. L’endroit est bucolique et nous y serons bien.
Pour la nuit, nous sommes restés sur notre parking de la descente en radeau. Nous nous réveillons dans le brouillard, il fait frisquet. La nuit fut calme et tranquille. Nous apprenons la triste nouvelle du tremblement de terre au Maroc, que de morts.
Nous prenons la route sous le soleil qui entre-temps s’est montré. La route traverse des villages bien coquets, les maisons sont belles et les abords bien entretenus. Après être passé faire quelques course dans un supermarché, nous arrivons vers midi à notre première étape à Binarowa.
Dans ce village on trouve un bijou de l’architecture en bois, l’église de Saint-Michel-l’Archange de style gothique tardif, qui date d’environ 1500. Elle fait partie des plus grands trésors architecturaux de la région, voire de l’Europe. A la fin du XVIe siècle, on a construit une tour accolée à l’église, et vers 1640 une chapelle a été ajoutée. L’église se compose d’une nef. L’extension vers le nord constitue la chapelle des Saints Anges Gardiens. La nef et le chœur sont couverts d’un toit en billots horizontaux.
L’intérieur est orné d’une magnifique polychromie. Les peintures à motifs géométriques, figuratifs ou végétaux couvrent les murs, le plafond et même les objets. Les plus anciennes de ces peintures datent de la fin du Moyen-Age, début XVIe siècle, les autres du XVIIe siècle.
En juin 2003, l’église Binarowa a été inscrite sur la Liste du patrimoine Culturel de l’UNESCO. C’est une distinction exceptionnelle qui témoigne de l’ampleur de la richesse de l’église historique.
En 2010, l’église a été inondée par la crue d’un ruisseau voisin mais n’a heureusement pas trop souffert.
Nous poursuivons notre route vers Bóbrka à la recherche d’un musée de l’extraction du pétrole. Arrivé dans le village, à une intersection, notre convoi fait preuve d’un certain cafouillage et d’incompréhension qui nous disperse. Après quelques échanges radio, nous finissons par reprendre la bonne route et trouvons enfin l’entrée de ce site en plein air. Nous suivons les indications pour nous garer dans un parking adjacent au musée. Mandaté par son patron qui manifestement n’aime pas les camping-cars, un employé vient nous demander de quitter les lieux. Même en l’assurant que nous voulions uniquement visiter le musée et que nous n’avions pas l’intention de passer la nuit là, rien à faire nous avons dû partir. Nous avons vu quelques puits le long de la route mais tant pis, nous ne verrons pas ce musée du pétrole. Dans le courant du 15ème siècle, on avait déjà noté dans des écrits la présence de cette précieuse huile.
Nous continuons notre route jusqu’à Sanok mais le bivouac choisi est assez bruyant et pas autorisé pour la nuit. Nous nous réfugions dans un très beau camping pas trop éloigné de la ville. Nous ne sommes plus très loin de la frontière ukrainienne que nous frôlerons demain et après-demain. Sur la route, on voit de plus en plus des panneaux de direction mentionnant des villes ukrainiennes.
Nuit trop courte, nous nous réveillons à 6H00, il faut faire les services, sortir le chien, déjeuner car nous partons à 8H00. Il ne fait pas chaud, nous sommes à 880 mètres d’altitude et les nuits sont plus froides en montagne.
Nous partons, faisons le plein à une station proche et prenons la route vers la montagne. A cette heure, pas de bouchons mais déjà du monde dans l’autre sens. Nous prenons des petites routes sympas, à l’approche de notre destination, il y a de plus en plus de brouillard. Surprise près de l’arrivée, le GPS du véhicule de tête nous fait passer en Slovaquie. Nous ferons demi tour au bout de trois kilomètres pour nous rendre compte que nous sommes du mauvais côté de la rivière.
Arrivés au bon endroit en Pologne, nous nous garons sur un immense parking où nous passerons la nuit prochaine. Nous partons en reconnaissance et miracle le brouillard se lève et le soleil apparaît.
La rivière fait durant des kilomètres la frontière entre la Slovaquie (rive droite) et la Pologne (rive gauche). Les montagnards assemblent des barques étroites pour en faire des sortes de radeau qui transportent des touristes sur une vingtaine de kilomètres. Nous avons choisi Flacy, la plus grosse société située en Pologne.
La descente en radeaux des gorges du Dunajec,est l’une des attractions touristiques les plus originales de la région de la Petite Pologne. La rivière Dunajec, située à une centaine de kilomètres au sud de Cracovie, coule à travers les Piénines, une petite chaîne montagneuse réputée pour ses sites calcaires d’une beauté exceptionnelle. Elle fait partie des Carpates polonaises.
Chaque année, du printemps à l’automne, les touristes peuvent descendre les gorges du Dunajec en radeaux de bois, pilotés par des montagnards-bateliers et admirer au passage les roches calcaires et les escarpements rocheux – presque à la portée de main – qui atteignent plusieurs centaines de mètres. C’est une façon originale de faire connaissance avec les plus belles parties du Parc national des Piénines et d’admirer la beauté remarquable des montagnes polonaises – cette attraction touristique a attiré l’an dernier environ 220 000 touristes. Il y a donc beaucoup de monde mais le système est bien huilé et on n’attend pas trop longtemps pour prendre ses billets et embarquer.
Il fait beau, nous glissons sur l’eau à la vitesse du courant parfois lentement, parfois plus vite grâce aux remous.
Nos radeleurs savent y faire et nous dépassons d’autres radeaux. Des canots pneumatiques, beaucoup plus rapides, nous dépassent également. La promenade dure près de 2H30 et nous arrivons enchantés à Szczawnica. Une navette nous ramène à notre point de départ.
Nous avons bien dormi sur notre parking devant la piscine d’Oświęcim, peu de passage et calme olympien. Nous allons à Zakopane en passant par Wadowice, ville natale du pape Jean-Paul II (sanctuaire, basilique) et aussi à Kalwaria (Abbatiale des Bernardins, monastère, église) et puis direction vers le bivouac choisi.
Route facile et arrivée à Wadowice, petite ville industrielle nichée au cœur d’un paysage vallonné, elle ne doit sa notoriété qu’au fait que Karol Wojtyla qui allait devenir le pape Jean-Paul II y est né et y a passé sa jeunesse. Nous nous garons sur le parking bus du Sanctuaire. La basilique de la Présentation de Notre Dame où il fut baptisé, se trouve sur la place à quelques pas. Sur le chemin, nous croisons un bâtiment bien protégé dont la façade nous apprend que c’est un tribunal. Arrivé à la basilique, un office s’y tient et nous nous montrons discrets.
Nous remontons au sanctuaire et le visitons. Jean-Paul II est partout, le contraire aurait été étonnant.
Nous reprenons nos véhicules pour rejoindre notre prochaine étape Kalwaria (le calvaire) qui est connu dans toute la Pologne comme lieu de pèlerinage, le second en terme de fréquentation après Częstochowa que nous avons déjà visité. Près du Monastère des Bernardins, construit en 1600, se trouve une quarantaine de chapelles Renaissance et Baroque évoquant le Golgotha. L’église de style baroque est splendide et richement décorée. Elle abrite notamment une icône de la Vierge qu’on aurait vu pleurer au 17ème siècle. L’ensemble respire la quiétude.
Nous déjeunons sur le grand parking ombragé avant de prendre la route vers Zakopane, station de ski située au pied des Tatras et connue surtout pour son tremplin de sauts à skis. C’est la capitale des sports d’hiver de la Pologne. La route est longue et très embouteillée à son approche, des bouchons partout, on n’avance qu’au pas quand on avance. Nous arrivons enfin au Camper Park proche du centre ville. Il y a énormément de monde dans les rues et les établissements dans le centre. Beaucoup d’hôtels, de restaurants et de boutiques de luxe.
Après nous être baladés dans la ville et avoir fait quelques courses, nous rentrons aux camping-cars. Pour éviter les bouchons, nous décidons de nous lever tôt et de partir à 8H00.
Nous avons passé une bonne nuit sur notre parking tranquille et ce matin nous nous préparons à une journée éprouvante sur le plan de la marche et des émotions. On ne peut pas rester indifférent à tant d’horreurs et de souffrances.
Nous rejoignons la parking du musée où nous pouvons nous raccorder à l’électricité ce qui permettra de brancher le climatiseur pour maintenir une température supportable pour Ulla. Il va faire chaud aujourd’hui.
Nous retrouvons assez facilement notre guide qui, une fois de plus, parle très bien le français. Les formalités sont nombreuses, nous devons présenter notre carte d’identité, passer un portique en vidant nos poches comme pour prendre l’avion.
Nous visiterons deux sites Auschwitz 1 et Auschwitz Birkenau, le premier était surtout un camp de concentration et le deuxième un camp d’extermination.
Nous recevons chacun un casque d’écoute et un récepteur pour entendre les commentaires de notre guide. Nous marchons en silence dans une sorte de tranchée bétonnée où des hauts-parleurs diffusent les prénoms et noms de toutes les victimes d’Auschwitz.
Nous marchons vers le célèbre portique « Arbeit macht frei » par lequel nous rentrerons sur le site pour visiter quelques baraquements.
Oświęcim, l’une des plus anciennes villes polonaises (plus de 800 ans) est surtout inscrit dans l’histoire du monde à cause du chapitre le plus tragique du XXe siècle. C’est ici que les nazis ont fondé à partir de 1940 le camp de concentration Auschwitz I, qui avec le camp Auschwitz II de Birkenau (Brzezinka) est devenu le plus grand camp d’extermination nazi. Jusqu’en 1945 les nazis y ont assassiné presque un million et demi de personnes, surtout des Juifs d’Europe, mais aussi de nombreux Polonais, Tsiganes et Russes.
Aujourd’hui le terrain du camp a été transformé en musée et lieu de mémoire. Les baraques en brique qui se trouvent derrière la porte d’entrée du camp portant l’inscription sinistre Arbeit macht frei abritent des expositions consacrées aux prisonniers de différentes nationalités. A côté de la baraque n◦11 se trouve un « mur de la mort » où étaient fusillés les détenus. On a également laissé comme avertissement les ruines des chambres à gaz et des fours crématoires, ainsi que la rampe ferroviaire où descendaient les prisonniers pendant leur dernier voyage…
En 1979 les terrains de l’ancien camp Auschwitz-Birkenau ont été placés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Sur le site d’Auschwitz I, le baraquement 20 est consacré à une exposition spécifique aux nationaux français et belges.
Sur le site de Birkenau, on voit plusieurs groupes de lycéens israéliens qui viennent se recueillir, prier et chanter. À une époque où certains voudraient refaire l’histoire, le devoir de mémoire doit se perpétuer pour ne jamais oublier ce triste massacre. Construire le futur c’est également connaître une partie sombre de son passé. Il est essentiel de se souvenir des victimes et des héros de la déportation et de veiller à ce qu’un tel génocide ne se répète plus jamais. La visite d’un site comme Auschwitz, aussi difficile soit-elle, est donc nécessaire pour toutes les générations.
Après notre visite, nous passons à des choses plus agréables en rejoignant l’hôtel où nous accomplirons la partie utile de notre voyage. La délégation de la ville et son maire nous attendent. Nous déchargeons et remettons nos jouets destinés aux enfants nécessiteux et ukrainiens. Ensuite le maire nous invite pour un déjeuner fort agréable.
Nous quittons la ville de Cracovie se matin pour nous rendre dans la grande banlieue, voir les mines de sel de Wieliczka. Ce n’est pas très loin et nous devons y être à 11H45. Le site est tellement fréquenté qu’il est impératif d’arriver à l’heure sous peine de se voir refuser l’entrée.
Nous quittons notre camping et je m’arrête au feu rouge des voies du tram. Un tram vient de gauche et passe. Le feu repasse en clignotant orange et je redémarre pour traverser les voies. Au dernier moment, je vois un tram qui arrive à toute vitesse de droite. J’ai juste le temps d’accélérer à fond et il passe heureusement juste derrière moi. On a eu 🥵 et nos amis ont bien cru que le tram allait nous percuter l’arrière. Le feu clignotant ne veut rien dire en Pologne et nous ferons doublement attention la prochaine fois.
Nous arrivons bien à temps pour notre visite et nous nous garons à 100 mètres de l’entrée de la mine. Il y a un monde fou. Nous allons descendre à -135 m par les 800 marches d’escaliers. Tout est bien organisé, les visiteurs sont triés par langue et une guide parlant français nous accompagnera.
Notre guide nous raconte l’histoire de la mine et nous informe de la partie physique de cette longue promenade. Tout d’abord nous avons 53 volées d’escaliers à descendre d’un coup. Ensuite ce sera plus horizontal mais avec régulièrement d’autres escaliers pour continuer notre descente qui culminera à 135 mètres.
La mine n’est plus exploitée depuis 1993 suite à des inondations. Il y a de nombreux niveaux mais seuls les trois premiers sont accessibles aux touristes. L’ensemble des galeries fait 300 km. Il y a un sanatorium à 200 mètres de profondeur. A partir du 8ème niveau tout est sous eau. Tout est contrôlé pour notre parfaite sécurité: air, absence de méthane, hygrométrie, température etc. Les saumures sont également pompées continuellement pour garder les pieds au sec, ces saumures sont ensuite dessalées avant de relâcher l’eau douce dans la rivière proche. C’est ce qui explique la production actuelle symbolique de 15.000 tonnes par an. La mine est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1978.
La mine a été exploitée dès le 10ème siècle, mais c’est à partir du 13ème siècle que ce labyrinthe souterrain de galeries a été creusé. Le sel, véritable or blanc dont l’exploitation constituait une manne pour les finances du royaume polonais.
Le sel a été déposé il y a 14 millions d’années par la mer avant qu’elle ne soit recouverte et asséchée par les plaques tectoniques. L’exploitation a dégagé de nombreuses salles qui ont été aménagées en restaurants, salles de spectacle et concert et même une cathédrale souterraine avec une messe tous les samedis. Le sol à de nombreux endroits et dans la plupart des salles est constitué de carrelages réalisés en sel.
Après cette longue randonnée, nos jambes sont fatiguées et nous sommes heureux d’apprendre que la remontée se fait en ascenseur. Malheureusement nous découvrons très vite que pour le prendre il faudra suivre une accompagnatrice durant des kilomètres à très bonne allure. On suit des galeries dont on ne voit pas la fin avec comme tout au long de cette visite des sas où on ouvre une porte qui doit être fermée pour ouvrir la suivante (sécurité oblige). C’est éreintant et nous atteignons enfin l’ascenseur où nous sommes entassés comme des sardines. Heureusement la montée ne dure pas très longtemps et nous voyons enfin la lumière aveuglante du jour.
Nous reprenons la route jusqu’à notre bivouac de la nuit près du camp d’Auschwitz que nous visiterons demain matin. Tout le monde est allé coucher tôt, après l’apéro, pour récupérer après cette journée bien remplie.
Nous nous réveillons sous le soleil, quelques nuages mais il ne devrait pas pleuvoir aujourd’hui. Nous avons rendez-vous avec notre guide à 10H30 à Barbacane. Elle ne pouvait pas commencer plus tôt car aujourd’hui c’est la rentrée des classes et notre guide va d’abord conduire ses enfants à l’école.
Le trajet vers Barbacane se fera en tram. En ce qui nous concerne, nous préférons prendre un Uber Pet qui accepte les chiens. Cela nous évitera de laisser Ulla une longue journée enfermée dans Trankilou. Nous n’attendons pas longtemps au point de rendez-vous. Notre guide arrive très vite et nous commençons immédiatement la visite. Janina parle très bien le français et a prévu deux fois trois heures de visite avec une pause déjeuner dans un restaurant traditionnel.
Établie sur la rive gauche de la haute Vistule, Cracovie constitue un véritable joyau urbain de la Pologne, une splendeur digne des plus belles villes européennes, classée par l’Unesco sur son premier inventaire du patrimoine mondial dès 1978. Chère au cœur des Polonais, l’élégante métropole culturelle et universitaire, ancienne capitale royale, incarne le berceau de la nation et de la culture polonaise. Si le centre-ville fut épargné par les destructions de la seconde guerre mondiale, la communauté juive du quartier de Kazimiers fut, elle, durement éprouvée comme le relate le film de Spielberg La Liste de Schindler. Symbole de la « vieille Pologne » durant l’ère communiste, cette capitale provinciale est aujourd’hui, avec près de 130.000 étudiants, une ville jeune et dynamique qui a fait du tourisme sa principale raison d’être.
Le monument à la mémoire de la bataille de Grunwald détruit par les Allemands a été complètement restauré. A l’avant plan, on voit le monument au soldat inconnu.
Nous traversons un petit marché fort fréquenté où nous pourrons acheter quelque spécialités locales.
Dans la ville, on croise beaucoup d’écoliers et lycéens, souvent en uniformes. Le premier jour de la rentrée, ils ne restent qu’une heure à l’école, c’est une journée supplémentaire de congé.
Nous nous baladons vers le Rynek, la grande place du marché d’une surface de 4 Ha créée en 1257. Elle reste encore aujourd’hui le centre névralgique de la ville.
Dans la tour du clocher, une fenêtre s’ouvre et on entend un sonneur.
Nous visitons la basilique Notre-Dame de Cracovie pour voir le retable de Veit Stoss qu’une religieuse ouvre périodiquement.
Nous parcourons de nombreuses rues pour retrouver notre restaurant traditionnel.
Nous déjeunons de plats de la cuisine traditionnelle que nous approuvons. Il est temps de nous diriger vers le quartier juif. Nous visitons plusieurs endroits où fût tourné des plans du film La Liste de Schindler, le ghetto, des rues d’habitations, une synagogue et un cimetière.
Il est temps maintenant de nous diriger vers la colline de la cathédrale du Wawel. Nous ne pouvons malheureusement pas y aller avec Ulla. Nous appelons alors notre Uber Pet qui nous ramène en quelques minutes au camping. Encore une journée bien remplie de découvertes de beaux endroits. Cracovie est une très belle ville et nous aurions pu rester encore plusieurs jours pour en découvrir toutes les richesses.
Nuit tranquille sur notre parking jusqu’à ce que au petit matin, nous tombe un rideau de pluie qui inonde les allées autour de nous. La pluie finit enfin par s’arrêter et nous démarrons notre route vers Kraków (Cracovie), classée l’une des 12 plus belles villes du monde par l’Unesco. Nous la visiterons demain mais aujourd’hui, nous allons nous installer dans un camping pas trop éloigné du centre ville. A 17H00, nous visiterons l’usine d’Oskar Schindler.
Vers 10H00, nous arrivons sous la pluie au camping. Le terrain est détrempé et où nous installons sur le parking asphalté car les camping-cars redoutent l’herbe mouillée et la boue. Les dames se précipitent sur les laves-linge pendant que la pluie s’arrête enfin pour faire place au soleil.
Nous avons rendez-vous avec notre guide francophone à 17H00. Le dimanche tous les trams ne roulent pas et nous devons prendre un bus avec une correspondance sur un tram. Nous recherchons des solutions plus simples avant de nous souvenir de la possibilité de prendre des taxis Uber. Il nous faudra trois voitures pour transporter notre groupe de 12.
Tout le monde découvre l’application Uber et est étonné de l’efficacité de l’application. Nous connaissons immédiatement le prix du voyage, le temps d’attente et de parcours. Nous commandons trois voitures et elles arrivent en à peine deux minutes.
Arrivés rapidement à l’usine Schindler, tout le monde est conquis et partisan du système. L’aller/retour nous coûtera à peine 3€ par personne.
Notre guide nous accueille et parle très bien le français. Elle nous met à l’aise tout de suite en faisant preuve de beaucoup d’humour: un phénomène.
Karolina maîtrise parfaitement son sujet, très cultivée elle nous décrit par le détail la vie paisible et heureuse à Cracovie avant l’invasion subite de la Pologne par l’Allemagne et la Russie. L’usine Schindler a été transformée en musée qui par la création d’une succession d’ambiances nous fait comprendre le processus de destruction et d’anéantissement de la population et en particulier de la communauté juive de la ville par la création d’un ghetto.
On ne connaît finalement pas la Pologne et ce qu’elle a vécu avant, pendant et après la guerre. Sa population a souffert énormément et le pays n’existe finalement que depuis peu. La communauté juive très importante de la ville a été décimée par l’occupant. Notre guide partage avec émotion les souvenirs de sa famille pendant cette triste période. On ne ressort pas intact de cette visite.
La visite terminée nous commandons nos voitures Uber qui nous prennent en charge rapidement. Demain nous visiterons la ville.