Mercredi 19/6/2024 Une nuit tranquille et reposante jusqu’à 6H00. Je dors d’un sommeil profond et puis Caro me réveille pour me dire que Ianta est malade et essaie de vomir. J’émerge tout doucement et puis la vois s’accroupir en position “deux”, c’est-à-dire celle de la grande commission. Je bondis et la pousse du pied vers la sortie mais elle a malgré tout le temps de lâcher deux grenades heureusement bien moulées. Et puis je sors voir comment Ianta achève ce qu’elle a commencé dans Trankilou. C’est alors que je vois le soleil qui perce au travers de la brume et prends ces photos. Parfois le ciel nous envoie des signes ou peut-être était-ce Ianta ce matin. Va savoir. En attendant, il a fallu tout nettoyer avant de déjeuner.
Toute petite étape aujourd’hui puisque nous allons à Marginea, centre roumain de la poterie noire. Elle était en voie de disparition mais quelques familles l’ont relancée. Sur la route entre Marginea et Sucevita, trois magasins et ateliers sont installés côte à côte.
Marginea est célèbre dans le pays et à l’étranger grâce au centre de poterie, où l’argile prend différentes formes : tasses, cruches, bols, marmites, vases, assiettes et autres ustensiles de différentes tailles, etc., décorés par impressions directes sur le récipient humide et en polissant avec des crèmes le pot à sec. La particularité de cette céramique est sa couleur noire obtenue par une technique vieille de milliers d’années, qui se transmet de génération en génération, et qui n’est connue qu’ici, à Marginea.
Après cette visite et quelques achats, nous rejoignons un “camping” ACSI où nous passerons deux nuits, histoire de nettoyer les camping-cars, de faire les lessives et se reposer. Nous avons également commandé un repas traditionnel à la patronne qui cuisine sur commande. Il fait chaud et la piscine est en phase de remplissage avec l’eau verte de la rivière proche. Il faudra quelques jours pour que l’eau soit complète filtrée et clarifiée.
Les camping roumains sont rarement de vrais campings. Il n’y a presque jamais de véritable aire de services et une place pratique pour vider les eaux grises. Ici, il y a des robinets un peu partout, des prises de courant (j’ai essayé pour la Clim mais ce courant instable affole mon convertisseur), les sanitaires sont impeccables mais rien pour les eaux grises. Ce sera donc au seau.
Mardi 18/6/2024 Une nuit calme et reposante sur notre parking devant les murs du Monastère de Zosin. il n’est pas repris dans notre Guide Vert et pourtant, il est magnifique et transpire la quiétude.
A 6H00, les premières cloches étaient discrètes mais c’est à 7H00 qu’elles se sont déchaînées pour nous réveiller. Après notre petit-déjeuner, le soleil chauffe déjà nos camping-cars, je déplace Trankilou pour le mettre à l’ombre du mur d’enceinte et nous allons visiter ce Monastère de la Moldavie roumaine assez récent. Il a été construit sur le site de l’ancien monastère.
L’église du monastère a été construite en 2012 sur le même modèle que l’église de l’Ermitage datant de 1779. Les travaux de construction du monastère ont commencé en 2007 et les derniers travaux de décorations se sont terminés en 2015.
Ce n’est évidemment pas un site UNESCO et propre comme un sous neuf, il ressemble plutôt à un édifice en pain d’épice de ces contes pour enfants. À la sortie, nous passons par le magasin du monastère où une nonne très gentille nous aide dans nos choix. Je retiens de cette discussion que comme nos amis catalans qui ne parlent que d’une seule grande Catalogne, ils ne font aucune différence entre lles différentes partie de la principauté de Moldavie soit la Moldavie Roumaine, la Moldavie ukrainienne et celle de la république du même nom.
Il est temps maintenant de nous rendre dans la ville de Botosani. Nous voulons voir la Piata 1 décembre 1918, présentée dans mon guide comme une des plus belles places de Moldavie. On se gare sur le parking d’un Lidl poche du centre ville. Une jeune femme approche, me demande l’heure et me touche la main, le bras. Comme j’ai lu le petit traité de la manipulation à l’usage des honnêtes gens, je sais que tout cela ne sert qu’à améliorer le taux de réussite à la question principale “t’as pas 10 balles?”. Je lui demande donc d’arrêter de me toucher et je m’éloigne mais elle me suit. Je me fâche et puis elle recommence le même scénario avec Norbert qui s’énerve aussi. Elle est rejointe par une autre jeune femme et elles tournent toutes les deux autour de nous en nous demandant de l’argent. On se fâche pour de bon, en faisant semblant de les prendre en photos. Elles plongent derrière la capot d’une voiture en rigolant. Ouf, ces deux jeunes Roms nous lâchent enfin.
La Piata 1 décembre, réminiscence du quartier juif n’a rien d’exceptionnel et nous avons vite fait le tour. Passant devant une banque, Norbert veut changer de l’argent au guichet. Les taux de change sont affichés et devant nous un Roumain change des euros en RON.
La caissière demande le passeport d’Evelyne, fait une copie va consulter une collègue et puis nous dit qu’elle ne peut pas faire l’opération car Evelyne n’a pas de carte d’identité roumaine. On demande comment font les touristes pour changer de l’argent. Elle téléphone plusieurs fois, consulte des collègues. Tout cela prend pas mal de temps et les clients dans la queue derrière nous, ne comprennent pas non plus. Finalement, le Roumain derrière nous donne sa carte d’identité et obtient que le change se fasse à son nom. On le remercie, la caissière continue à aller voir des collègues et à téléphoner mais fini par tendre les RON. Incompréhensible cette attitude de la banque.
Nous repartons vers notre prochaine étape le Monastère de Dragomirna où nous arrivons peu après midi. Un grand écriteau rappelle que la rénovation du site a coûté 14,5 millions de lei dont 12,8 ont été financés par l’Europe.
À seulement 10 km au nord de Suceava, à Mitocul Dragomirnei, ce monastère où vivent 60 religieuses fut fondé entre 1602 et 1609 par l’évêque, érudit, artiste et calligraphe Anastasie Crimca. La tresse de trois cordes sculptées sur le côté principal de l’église (et présente partout à l’intérieur) représente la Sainte Trinité, ainsi que la brève unification des principautés de Moldavie, Valachie et Transylvanie en 1600.
Le muséed’Artmédiéva de Dragomirna renferme des croix en cèdre ouvragées, montées sur un filigrane plaqué argent, ainsi qu’un grand nombre de textes sacrés. Une petite boutique vend les articles fabriqués par les religieuses – icônes en bois et en verre, fromages, etc. Lors de notre visite le musée et la boutique étaient fermés. S’il est vrai que le Monastère est majestueux et bien rénové, nous n’avons pas retrouvé la quiétude de Zosin et repartirons un peu déçus.
Nous repartons maintenant vers le Monastère d’Humor, classé Unesco. Le Monastère de Humor dont la couleur rouge prédomine est remarquable par son architecture et ses fresques mais aussi par son cadre naturel. Il a été édifié en 1530 près des ruines d’une église par Toader Bubiuog, sous le règne de Petru Rares. L’intérieur et l’extérieur de l’église sont ornés de fresques dans le style Byzantin. C’est au monastère Humor qu’on peut évoquer pour la première fois le style d’architécture moldave et où les architectes ont introduit pour la première fois le exonarthex ouvert.
Mais nous voilà déjà en router vers notre dernier monastère de la journée, celui de Voronet, également classé par l’Unesco. Le monastère de Voronet fut construit en 1488 en seulement 3 mois et 3 semaines pour célébrer une victoire sur les Ottomans.
Il ne nous reste plus qu’à trouver un endroit pour dormir ce soir et une panne de serveur sur Park4Night nous oblige à le rechercher à l’ancienne. Nous rayonnons un peu autour du village et c’est à moins d’un kilomètre du monastère que Norbert repère un parking en contrebas d’une rue tranquille. Nous y serons bien.
Dimanche 16/6/2024 La nuit, peu de véhicules passent la frontière ce qui nous permet de passer une nuit potable. Le plus gros problème reste la chaleur avec les températures qui remontent, un parking tout en béton, ce n’est pas l’idéal et sans un souffle de vent, la température à l’intérieur de nos camping-cars reste élevée. Je mouille régulièrement la tête des chiens qui souffrent de la chaleur.
Ce poste frontière est magnifique du côté moldave, même les poubelles ont été payées par l’Europe.
Nous avons quelques échanges avec l’assistance en France et leur relais roumain mais rien de concret ne se dégage. On doit se faire une raison, il faudra attendre lundi. On passe le temps comme on peut et les longues files de voitures et puis de camions envahissent notre parking.
En fin de journée, on apprend enfin du concret, une voiture viendra lundi matin à 6H30 pour tirer le camion de Norbert de l’autre côté de la frontière roumaine et là une dépanneuse chargera le camping-car pour le conduire à la concession Fiat Iveco de Iasi. Les choses bougent enfin et le moral remonte.
Lundi 17/6/2024 Après une courte nuit, le dépanneur est là à 6H10, il ne parle que le russe et le roumain mais on arrive à se comprendre. Il se prépare à remorquer le véhicule de Norbert qui machinalement met le contact et tire au démarreur. Le camion démarre du premier coup, voilà bien la loi de la vexation universelle. Ce camion nous a encore fait un caprice.
Il ne nous reste plus qu’à nous confondre en excuses et à annuler l’opération de remorquage/dépannage. Nous irons au garage Fiat par nos propres moyens et on ne rappellera le dépanneur qu’en cas de problème.
Nous repassons la Prout et nous revoilà en Europe enfin presque. Au contrôle de la frontière, je remets mes papiers et explique que le camion de Norbert est en panne et qu’il ne faut pas qu’il coupe son moteur. Le policier parle bien l’anglais et passe le message. Tous nos papiers sont en ordre puis il voit les chiens et c’est là que cela devient surréaliste: nous allons être refoulés par la douane, me dit-il, car même si nos papiers sont en ordre, ils n’ont pas de vétérinaire et nous devons passer par un autre poste situé à 50 km où là il y a un vétérinaire. Je me dis que c’est une blague mais non, rien n’y fait. Ensuite j’apprends qu’ils ont un vétérinaire mais qu’il n’a pas de lecteur de puce et ne peut donc pas identifier les chiens.
Devant tant de conneries, on ne peut que s’incliner. Norbert ira tout seul au garage et je le rejoindrai plus tard. Je repasse tous les contrôles pour rentrer en Moldavie et mon problème ne les étonne pas car manifestement ce n’est pas la première fois que cela arrive.
Le douanier moldave met les coordonnées du poste frontière qui ne se trouve pas à 50 mais bien à 97 kilomètres d’ici. Je râle de devoir refaire une telle distance sur ces routes moldaves. Heureusement la route sera en bon état, en dehors de quelques centaines de mètres, jusqu’à la frontière.
En arrivant à la frontière, je me rappelle que ma vignette moldave est périmée depuis minuit et tente d’en acheter une d’un jour pour éviter tout soucis. Personne ne vend cette vignette ici et on me montre une machine qui ne fonctionne qu’en russe ou roumain. Je n’arrive pas à en prendre une et repars vers les contrôles. Les bâtiments du côté moldave sont délabrés et vides, c’est à n’y rien comprendre, nous franchissons la Prout et nous voilà en Europe. Le poste roumain n’est pas super engageant, je croyais que c’était un passage plus important mais cela ne semble pas être le cas. Le contrôle des documents se passe bien et c’est d’abord Vama qui fait le contrôle d’entrée suivi du Frontex juste après. Ensuite le policier me montre une petite cabane grande comme un abri de jardin où je dois me présenter. C’est donc là que se trouve le vétérinaire. Je me présente et un jeune douanier les cheveux hirsutes sort de sa cabane une cigarette à la main. Il me voit et me fait signe d’ouvrir le camping-car, les deux chiens sont couchés et le regardent. Le douanier sourit fait un petit geste amical aux chiens et me dit avec un grand sourire d’y aller. Je n’explose pas et refoule ma colère. Ces douaniers roumains se sont bien moqués de nous et je ne sais pas encore à qui je vais me plaindre mais je vais dénoncer cette attitude que je ne comprends pas. Peut-être une tentative d’extorsion d’un billet ou deux ? Je n’ai aucune explication.
J’appele Evelyne qui me dit qu’ils sont au garage et qu’on travaille sur le véhicule. Il nous reste un peu plus de 60 kilomètres pour les rejoindre. Cet excès de zèle des douaniers m’aura obligé à faire 160 kilomètres pour rien.
Un peu plus tard, nous voilà au garage. Les mécanos travaillent toujours le problème, ils sont perplexes et pensent que cel pourrait venir de l’alternateur. Quand Norbert est arrivé, heureusement le moteur a refusé de démarrer. Ils l’ont redémarré au booster et ont contrôlé la batterie qui est bonne. Depuis ils cherchent sans rien trouver.
Selon eux, il n’y a aucun problème avec le stop and start qu’ils ont rebranché sinon la batterie risque de ne pas se recharger correctement. L’alarme n’est pas en cause non plus.
Ils contrôlent à nouveau la batterie qui cette fois apparaît comme défectueuse et arrivent à la conclusion qu’il faut la remplacer. Il ne nous reste plus qu’à l’attendre du fournisseur voisin. Cela mettra un certain temps et en début d’après-midi, nous quittons enfin le garage. La tension allait et venait en fonction des éléments en court-circuit. Trois ans, c’est une durée de vie un peu courte pour une batterie mais on ne va pas gâcher notre satisfaction d’être enfin débarrassé de ces problèmes.
Direction le supermarché voisin car nos frigos sont vides et puis nous repartons vers Botoşani. En quittant, pour une raison que ni Norbert, ni moi ne comprenons, je me fais arrêter par la police. A cause du stress de l’interpellation, je ne comprends quasi plus que le français. Ils essaient l’anglais et me demandent de les suivre. Devant mon air ébahi, ils me disent de faire plus attention (oui mais à quoi) et ils s’en vont. Ouf.
Nous quittons Iasi pour rejoindre le bivouac touvé sur Park4Night, le parking d’un beau monastère. Nous aurons même l’occasion de faire le plein d’eau au puits voisin. Cela a pris du temps mais c’était finalement une expérience assez amusante.
Ce monastère est effectivement superbe et au calme, nous le visiterons demain matin. Nous passerons une chouette soirée sur notre parking avant d’aller dormir toutes fenêtres ouvertes car il fait très chaud. Norbert démarre nerveusement son moteur plusieurs fois avec succès, il dormira mieux.
Vendredi 14/6/2024 Qu’écrire ? Une de ces journées où tout foire, de celles qu’on voudrait oublier au plus vite, où chaque fois qu’on pense avoir touché le fond et qu’elle ne peut qu’aller mieux, on tombe un peu plus de Charybde en Scilla.
Il a plu une grande partie de la nuit et ce matin, il tombe toujours des cordes quand nous partons vers le Nord. Nous avons prévu de longer la frontière avec la Transnitrie jusqu’à Soroca. Tout se passe bien jusqu’à ce que la route asphaltée laisse la place à de la piste en très mauvais état.
Nous roulons lentement et sommes régulièrement dépassés par des voitures, mini bus et même semi-remorques qui nous frôlent à toute allure. Heureusement, il n’y a pas trop de boue, le sol de la piste est assez dur. Nous arrivons enfin à notre première étape le Monastère de Dobrusa. Il pleut toujours autant et la petite route qui y descend est trop raide et pourrait nous empêcher de remonter. Nous préférons renoncer et ne pas prendre de risques.
Nous continuons vers Japca. La piste continue pendant des dizaines de kilomètres et nous cahotons de plus en plus. Difficile de dépasser les 20 km/h, nous sommes épuisés par cette conduite éprouvante. Arrivés enfin à destination, nos GPS veulent absolument nous faire prendre des routes très étroites qui plongent dans le village. Il n’y a aucune plaque indicatrice du monastère, ce n’est pas normal.
Alors que nous sommes arrêtés et sur le point de renoncer à notre étape, un automobiliste s’arrête et vient nous proposer de nous conduire jusqu’au monastère. Nous le suivons dans une toute autre direction qui nous mène à une forte descente le long de la rivière jusqu’à notre destination. Il est midi et il pleut de plus en plus fort. Nous préférons déjeuner avant notre visite.
Après la café nous nous équipons pour affronter la pluie et visiter ce monastère de Japca qui fut le seul à ne pas être fermé durant la période soviétique. Les avaloirs ont de la peine à évacuer toute cette pluie. Notre visite fut intéressante mais courte et nous reprenons notre route en direction de Soroca.
Nous longeons la rivière, sur l’autre rive c’est la Transnitrie. Un pont est bloqué par un poste frontière où personne ne passe. Nous lui tournons le dos et la piste est toujours aussi mauvaise. On roule comme on peut et ne retrouverons l’asphalte qu’aux abords de Soroca.
Nous tournons en rond avant d’enfin trouver un endroit pour nous garer face à la forteresse qui surplombe la rivière. La pluie a enfin cessé. Le parc, la forteresse et ses chemins ont été rénovés par des fonds européens. Sans ces derniers, tout resterait délabré.
Ulla particulièrement nerveuse après ces heures de cahots, tire comme une folle sur sa laisse, la faute à un chat qui la nargue. J’aurai les pires difficultés à la maîtriser. Nous sommes accueillis en français à l’entrée de la forteresse. Le “guide” nous réclame 120 Lei pour rentrer sans nous donner de tickets. Encore de l’argent qui finira en poche restante.
La forteresse de Soroca est bien rénovée mais vide, en dehors de la vue sur les environs, peu d’intérêt de la visiter. Il est temps de chercher notre bivouac pour la nuit. Après deux essais infructueux, je trouve un endroit très tranquille proche du monastère de Rudi, dans la vallée des loups.
Nous remontons la colline des tsiganes et prenons une route parfaite rénovée par un financement européen. Après la matinée et l’après-midi, nous n’en pouvons plus de faire de la piste et cette route vient bien à point pour nous redonner envie de rouler.
Cette envie disparaît quelques kilomètres plus loin quand la route fait place aux travaux puis à une piste encore plus mauvaise de celle du matin. Je ne sais pas comment nous n’avons pas rebroussé chemin en direction de la Roumanie mais nous sommes finalement arrivés à un bel endroit au calme devant une église proche du monastère de Rudi. Petite alerte quand Norbert se gare, son camion refuse de redémarrer.
Samedi 15/6/2024 Au petit matin, tout le monde a bien dormi. Nous nous sommes écroulés, épuisés par cette journée tremblée.
Les chiens courent dans la nature et s’en donnent à cœur joie après cette journée de secousses. Le monastère est à 1.200 mètres et le chemin qui y va est raviné après ces fortes pluies. Accompagnés d’Ulla, nous y allons à pieds. Une demi-heure plus tard, le monastère apparaît enfin. L’église de la Sainte-Trinité est entourée de plusieurs bâtiments dont une école de théologie et d’une ferme. A l’extrémité au loin, on voit quelque plantations dont un champ de maïs. Entre les arbres, on distingue l’autre versant de la rivière situé en Ukraine. Sur son telephone, Evelyne reçoit un message de bienvenue en Ukraine.
Une nonne affolée par la présence d’Ulla vient à notre rencontre. Norbert se propose de la tenir pendant que notre visite (Ulla, pas la nonne) et il ira ensuite. Nous franchissons la grille mais ce n’est pas terminé, la nonne habille Evelyne d’une jupe et d’un foulard. Nous sommes suivis par la Nonne qui nous accompagnera partout. Des moines et des nonnes sortent d’un des bâtiments et vaquent à leurs occupations. Nous visitons une chapelle que nous ne pouvons photographier. La,décoration est sans grand intérêt. Nous nous promenons dans le jardin et autour ses autres bâtiments. L’accès à l’église nous est refusé. Après quelques photos, nous allons relever Norbert. Un petit bus arrive et débarque une vingtaine de visiteuses. Notre visite terminée nous retournons à nos camping-cars.
Échaudé par les mauvaise routes de la veille, nous ne voulons plus les reprendre dans l’autre sens et repartons en direction d’Edinet. C’est un détour mais les routes doivent être meilleures de ce côté-là, ce fut effectivement le cas. Sur la route, un VW Caddy immatriculé en Belgique nous dépasse et nous salue. Des camions et camionnettes circulent à toute allure car au bout de la route, il y a un passage vers l’Ukraine.
Nous roulons dans l’autre sens vers Edinet que nous atteignons vers midi et décidons d’y déjeuner. Nous trouvons un restaurant installé à côté d’un hotel. Un des nombreux jeunes serveurs parle un peu le français et s’occupe de nous. Nous espérions trouver de la cuisine moldave traditionnelle mais il n’y en a pas à la carte.
Après notre repas, nous partons vers la réserve naturelle de Paduera Domneasca et sa réserve de bisons.
La route est bonne un moment et puis nous recommençons à sauter de bosse en trou. En traversant les villages, on voit la conduite aérienne de gaz qui raccorde les maisons. Lorsqu’elle traverse la rue, elle monte à une hauteur suffisante pour ne pas être accrochée par les camions. Esthétiquement ce n’est pas une réussite.
Nous arrivons enfin à la réserve et nous nous garons. Norbert essaye de relancer son moteur qui ne redémarre pas et cette fois les témoins lumineux de l’alarme clignotent sans raisons.
Nous allons voir les bisons et ce sera la même déception qu’en Pologne. Un seul est visible dans son enclos, un second est couché entre des bottes de paille sous son abri. Ils sont sales et souillés de boue. Il y en aurait 8 dans la “réserve” mais nous ne les verrons pas.
Nous repartons et cette fois le camion de Norbert démarre. Suite à la réapparition des problèmes, nous préférons écourter notre programme et passer au plus vite en Roumanie.
Notre route assez jolie mais toujours non revêtue traverse de nombreux villages. Beaucoup d’oies et de canards et canetons bordent la route. Nous n’en écraserons aucun.
À proximité de la frontière, nous rejoignons enfin une belle route asphaltée. Nous faisons les pleins de carburant et de bière pour dépenser notre monnaie moldave.
Le poste frontière est moderne et nous passons le contrôle moldave. Un douanier demande à Norbert de couper son moteur qui ne redémarrera plus. Au bout de deux heures, il est toujours immobile. Nous trouvons la centrale de l’alarme installée juste avant son départ et la coupons avec la clé mais il refuse toujours de redémarrer. Une camionnette moldave remorque Norbert jusqu’au parking à la sortie du contrôle.
Nous passons nos téléphones en mode manuel et les bornons sur un opérateur roumain. Evelyne appelle l’assistance qui les prend en charge. Un dépanneur ne pourra pas venir ce soir mais on nous le promet le lendemain matin.
Il ne nous reste plus qu’à prendre l’apéro et à nous installer pour la nuit. Dégoûtés par les multiples problèmes avec leur Niessman-Bisshoff qui n’a pas encore roulé un mètre complètement en ordre depuis qu’ils l’ont acheté, il y a tout juste trois ans, Norbert et Evelyne veulent le revendre dès leur retour en France.
Pendant l’apéro, nous débattons du marché de l’occasion et puis allons nous coucher en attendant le dépanneur.
Mercredi 12/6/2024 Nous quittons notre monument aux morts après une bonne nuit et retrouvons la route assez roulante vers Chisinau. Nous aurons quelques kilomètres plus compliqués mais dans l’ensemble ce fut roulant jusqu’à ce qu’on arrive à Chisinau. La capitale est très encombrée et notre route nous emmène sur une large avenue avec des camions chargés de toutes sortes de pondéreux, des sables et des terres. Ces camions sont garés sur les côtés de l’avenue. Cela ressemble à un marché en plein air où les chargements des camions attendent un acheteur.
Sur les quatre voies de l’avenue, d’autres camions circulent à vive allure et nous essayons de nous frayer un chemin. Toutes les voies sont défoncées et même à vitesse réduite, la suspension tape et souffre. Impossible d’éviter les trous et saignées en travers de la route, c’est l’horreur. Et ce qui devait arriver, arriva, ma suspension se met en alarme et ne réagit plus normalement. On tape de plus en plus. Les souvenirs du Maroc remontent à la surface et la tension monte dans Trankilou. Je m’arrête pour couper et relancer le moteur afin de supprimer l’alarme mais cela revient tout le temps.
Nous nous glissons dans les bouchons et avançons de plus en plus doucement. Ma suspension ne réagit plus et l’alarme hurle dès que je roule à plus de 35 km/h. Nous arrivons au parking mais impossible d’y rentrer, il est plein comme un œuf. Je continue et tente un autre parking à quelques kilomètres où on trouve de la place dans une sorte de parc d’attraction désaffecté au bord d’un lac.
Je regarde ma suspension et cela ne s’annonce pas bien. Impossible de redonner une assiette correcte à Trankilou. Nous nous voyons déjà installer le coussin de réserve. Par acquit de conscience, je contrôle la pression dans les 4 circuits et mesure plus de 4 bar. Je regonfle le tout à 6,5 et la pression tient. Ce n’est donc pas une fuite. Un rapide coup d’œil sur les bras, je ne vois rien de tordu ou cassé.
Nous déjeunons et puis nous partons dans le centre de la ville en passant par le parc. Le coin est très joli, nous traversons l’escalier des cascades, voyons divers bâtiments avant de rejoindre le boulevard Stefan cel Mare et son Arc de Triomphe. Dans une église orthodoxe, un baptême est en cours, nous nous faisons discrets et ressortons. Les pires vestiges délabrés soviétiques succèdent à de magnifiques édifices. On remarque le siège de plusieurs organisations dont divers sièges de l’ONU et d’autres organismes internationaux.
Préoccupé par les problèmes de Trankilou, nous ne prolongeons pas notre balade et retournons au parking. Nous repartons vers Cricova après avoir regonflé la suspension. Cela restera malgré tout délicat par moment. Nous cherchons un bon endroit proche des caves que nous visiterons demain et nous installons sur un parking près d’un arrêt d’autobus. Nous sommes devant une épicerie qui fait également bistrot pour une clientèle d’habitués. Nous irons boire une bière fraîche également. Il fait toujours aussi chaud.
Une fois désaltéré, je continue à chercher l’origine de la panne et remarque que le compresseur ne se met plus en route. Le fusible de 40A de ce dernier est grillé ce qui est une bonne nouvelle. Je le change provisoirement par un de 30A, je n’en ai pas de 40 et miracle la suspension se remet de niveau. Le fusible tient et le moral revient instantanément. 😥
Un peu plus tard, un riche Moldave passe avec sa Porsche Cayenne toute neuve pour nous convaincre de nous installer ailleurs dans un plus bel endroit. Il me montre plusieurs endroits très sympas mais on ne peut pas y passer la nuit. Nous discutons de la Moldavie qui affiche partout que la Moldavie rejoindra la communauté européenne en 2030. Il me dit qu’il n’y croit pas car les politiciens moldaves corrompus sont plus préoccupés par leur intérêt personnel que celui du pays.
La nuit, la pluie se met à tomber de plus en plus fort. Cela va ramener les températures à des niveaux plus agréables.
Jeudi 13/6/2024 Il pleut toujours au réveil et le ciel est bouché de tous les côtés. La pluie est là pour la journée. Vers 9H00, nous allons nous garer près des caves de Cricova. Sans réservation, nous allons tenter notre chance en nous présentant à la première heure.
Le bureau ouvre à 9H45 et on nous propose une visite en roumain/russe à 10H00 ou à 11H00 en anglais. Quand la dame nous entend parler français, elle me dit que nous partirons à 10H10. Une première voiturette part avec les premiers visiteurs, puis une seconde. Une autre dame arrive et, belle surprise, nous dit en français qu’elle sera notre guide pour la visite. C’était inattendu et nous voilà partis dans une autre voiturette électrique vers les caves. Notre guide parle très bien le français et nous explique avec moultes détails l’histoire de ces caves taillées dans d’anciennes mines de craie. La température de cette ville souterraine n’est que de 12 degrés et nous avons bien fait de nous habiller chaudement. Ces caves sont sillonnées de rues d’une longueur de plus de 100 km au total, c’est impressionnant.
Une partie des caves est utilisée pour la production de vins effervescents par la méthode champenoise. Ces vins sont à base des mêmes cépages qu’en champagne: le Chardonnay, le Pinot Noir et le Meunier. Ils ont obtenus de très bons produits avec des cépages locaux mais le succès commercial n’était pas au rendez-vous et ils ont abandonné l’idée.
Dans une salle de cinéma, un film sous-titré en français nous explique l’histoire des caves. Outre l’oenothèque, les caves comportent des salles de dégustation, une chapelle et bien sûr une boutique où nous achetons quelques bouteilles.
Il est midi et nous terminons notre visite au restaurant où nous déjeunons fort bien. La pluie ne s’est pas arrêtée au moment de repartir vers notre étape de l’après-midi. Nos GPS rament un peu pour sortir de Cricova en voulant nous faire prendre des routes non revêtues, après plusieurs demi-tours, nous trouvons enfin la sortie et la route vers Orhei.
La route n’est pas très longue pour arriver au Monastère de Curchi. Après les années soviétiques de persécution, les moines sont revenus et le monastère a retrouvé sa quiétude. L’endroit est paisible et magnifique.
Nous nous installons pour la nuit sur le parking et profitons de la source proche pour faire le plein d’eau.
Lundi 10/6/2024 Nous repartons ce matin découvrir d’autres paysages. La route suit la lisière du Delta. Nous passons plusieurs bases nautiques. Le Delta drague de nombreux touristes et photographes amateurs ou professionnels. Des étoiles plein le yeux, nous quittons à regret cette région magnifique.
Premier arrêt pour des dernières courses au supermarché. On ne sait pas ce que nous allons trouver en Moldavie et nous préférons faire le plein de fruits, de légumes etc.
Plutôt que de prendre le bac payant à Braila, notre hôte nous a convaincu de prendre le pont gratuit plus rapide. Au fur et à mesure de notre progression, la route est de plus en plus mauvaise. Nous voilà au poste frontière roumain, nous sortons de l’Europe. Les gardes Frontex sont là et contrôlent nos papiers, ceux des chiens, du camion etc.
Nous franchissons la Prout (sic), cette rivière qui sépare la Roumanie de la Moldavie, et arrivons dans un autre monde. Tout est défoncé, sale et les bâtiments de la douane moldave semblent même abandonnés. Ils sont pourtant occupés par une armée de policières, douanières, jeunes et sympa. La communication est difficile mais une douanière connaissant l’anglais vient à notre secours.
Elles contrôlent tout y compris les assurances, les papiers des camions et même les numéros de châssis. Premier problème, la France ne distribue plus ni vignette d’assurance ni carte verte. Difficile de faire la preuve que le véhicule est bien assuré. Deuxième problème, Norbert ne sais pas où se trouve le numéro de châssis. En désespoir de cause, une photo de la plaquette signalétique passera crème. Discussions sur le voyage et notre parcours en Moldavie et nous franchissons enfin la douane.
Dernières formalités, je dois prendre une assurance locale, la mienne ne couvrant pas le pays, au contraire des assurances françaises. Une jeune femme parlant bien l’anglais me fait un contrat d’un mois pour une soixantaine d’euros. Malheureusement pas de change ni de carte téléphone à cette frontière. Nous achetons également nos vignettes autoroutières 5€ chacun pour une semaine.
Le décor change du tout au tout en Moldavie, les routes sont dans un triste état et me rappellent mon voyage en Albanie en 2017. On ne roule pas, on zigzague entre les trous profonds, le plus souvent sur la partie en terre du bord de la route. Pas besoin de radar ici on roule au pas.
La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe et l’espérance de vie n’est que de 69 ans. Ce chiffre à lui tout seul résume déjà le niveau des soins de santé.
Nous arrivons à Slobodia Mare, où nous avons prévu, comme les équipages VUCC d’un voyage précédent, de visiter le musée ethnographique. En tournant autour des bâtiments, une dame qui semble s’en aller sort de l’un d’eux. Elle comprend que nous voulons le visiter et nous ouvre, allume la lumière et s’obstine à nous donner plein d’explications que nous ne comprenons pas. De musée, il n’y en a pas vraiment. Six pièces remplies de vitrines hétéroclites censées témoigner de la vie passée de la région. On a vite fait le tour et arrive le moment où elle nous demande de payer nos entrées. Elle nous prend en photo, c’est apparemment tellement rare d’avoir des visiteurs qu’elle veut immortaliser l’instant. Je lui donne des Lei roumains mais elle en veut plus, puis nous redonne une partie des billets. Fatigués de discuter dans le vide, nous abandonnons et repartons.
Nous cherchons un endroit pour passer la nuit du côté du lac de la réserve naturelle proche. Les routes qui y vont ont l’air tellement pentues que nous renonçons. Nous allons voir plus loin mais sans succès. Les routes deviennent de plus en plus mauvaises. Ce pays a l’air africain par les pistes et soviétique par les bâtiments abandonnés et délabrés qui les bordent.
La Moldavie a une grande tradition viticole et exporte la plus grosse partie de sa production. Pour un pays de +/- 2,5 millions d’habitants et de 30.000 km2, les vignobles représentent à peu près la même surface que le bordelais. Les vignobles du centre sont les plus importants en volume et concentrés sur l’axe Vulcanesti-Comrat.
Arrivés à Vulcanesti, ville animée avec quelques parkings au bord de la route, nous nous installons devant un magasin à l’enseigne russe. Ce ne sera pas confortable à cause de la proximité de la route, mais nous y serons en sécurité. Avec les tortures de la piste, Trankilou souffre de tous ces chocs, de la tôle ondulée, des trous etc. Les armoires sont sens dessus dessous, des parties du marche-pieds, abimé au Maroc, se détachent et il faut bricoler un peu.
La nuit sera effectivement bruyante et nous dormirons mal. Depuis Bucarest, nous subissons des températures bien supérieures à 30 degrés sans pouvoir refroidir nos camping-cars.
Mardi 11/6/2024 Après cette mauvaise nuit, nous allons au bureau de change voisin et à la boutique Orange repérés la veille. Les affichages des vitrines sont en russe. Je prends un forfait prépayé qui me donne, pendant deux semaines, des communications locales et 20 GB de données pour la sommes de 49 MDL soit 2,7€.
Nous reprenons la route du vin. Il y a des portions de routes en très bon état et beaucoup d’autres défoncées. Celles en bon état sont toujours précédées par un panneau avec un drapeau européen indiquant “Financé par l’Europe” les autres par des signaux multiples de danger. Il y a même des limitations de tonnage à 20 tonnes si la température extérieure est égale ou supérieure à 30 degrés, ce qui n’est évidemment respecté par aucun des nombreux semi-remorques que nous croiserons.
Ces routes sont de véritables toboggans qui vous propulsent de trou en saignée. Les Moldaves roulent comme des fous, dépassent n’importe où et il n’est pas rare de se retrouver face à des voitures ou camions qui tardent à se rabattre.
Nous arrivons à Comrat, capitale de la région autonome de Gagaouzie. La population est anciennement turcophone convertie à l’église orthodoxe. Ils parlent le Gagaouze mais la langue véhiculaire reste le russe. Près de Comrat, nous visitons un autre musée ethnographique, tout aussi capharnaüm que le précédent. Il y a plusieurs employées mais personne qui parle anglais. Le tarif est de 10 Lei par personne mais ils nous demandent plus pour une excursion, je comprendrai plus tard que cela signifie une visite guidée ce qui n’a aucun intérêt vu qu’ils ne parlent que le russe. Nous voulons juste rentrer et visiter. Ces dames s’obstinent et puis nous réclament 15 Lei de supplément pour nos téléphones et appareils photos. Ils affichent un tarif mais rajoutent des suppléments inattendus. On nous prend une fois de plus en photo, probablement pour justifier l’emploi de ces dames.
Nous reprenons la piste vers un grand vignoble situé contre la frontière ukrainienne et de la Transnitrie. Cette route fut une longue succession de piste en terre, d’asphalte torturé et de portions très roulantes.
En passant par Causeni, nous visitons l’église Assomption de la Vierge, une des plus ancienne de Moldavie restaurée grâce à des aides américaines. Le travail fait est remarquable et fresques exceptionnelles. Une dame vient nous demander de nous inscrire et de signer un registre.
Arrivés au vignoble, il n’y a pas de dégustation aujourd’hui mais nous pouvons commander les différents vins au verre dans leur restaurant. Je leur dit que je ne souhaite pas boire mais goûter leurs vins pour en acheter. Devant leur refus. Je leur réponds que nous n’allons pas les encombrer plus longtemps de notre présence et nous nous en allons. Nous avions prévu de dormir dans les vignes du domaine mais cela aussi c’est impossible.
Un autre vignoble est à proximité mais leurs vins se vendent à des prix surfaits (65 à 170€). Nous n’irons donc pas.
Après quelques explorations sans rien trouver, nous nous garons pour la nuit sur le parking du monument aux morts soviétiques. Comme partout ce genre de monument est entretenu et fleuri au contraire des bâtiments. On y sera au calme et en sécurité. Demain direction Chisinau.
Les infrastructures de camping sont inexistantes en Moldavie, il n’y a rien. Il faut se débrouiller pour tous les services comme demander de l’eau lors des pleins de carburant ou alors remplir des bidons aux sources souvent présentes dans les monastères et vider chaque fois que c’est possible.
Dimanche 9/6/2024 Il a fait un peu moins chaud et nous avons mieux dormi mais pas assez puisque le réveil sonne à 4H30 pour partir une heure plus tard sur ce Delta du Danube.
On branche la Clim en partant pour le confort des chiens qui resteront enfermés jusqu’à notre retour. Il est 5H30 et tout le monde est là. Court trajet jusqu’au port et embarquement immédiat après avoir enfilé notre gilet de sauvetage. Le jour se lève et le port se réveille tout doucement.
Le capitaine lance le moteur et nous voilà déjà à toute vitesse dans le chenal qui nous mène au bras principal du Delta. La brume flotte au dessus de l’eau. Quelques bateaux sont déjà présents mais nous en croiserons peu aussi tôt le matin, le delta étant immense.
Les eaux du Danube, à leur entrée dans la mer Noire, forment le deuxième plus grand, après la Volga, et le mieux préservé des deltas européens, à la croisée des zones biogéographiques paléarctique et méditerranéenne. Il s’agit d’un écosystème dynamique relativement sauvage avec une riche diversité d’habitats humides, de nombreux lacs, étangs et marais qui attirent plus de 300 espèces d’oiseaux et 45 espèces de poissons d’eau douce. Le tourisme, la pêche et les safaris photos sont devenus les activités principales du delta.
Notre guide connaît bien le delta et nous emmène voir des coins tranquilles où nous verrons quantité d’oiseaux, parfois en franchissants des rideaux de roseaux et de nénuphars, bercés parfois par le coassement des grenouilles. Ces trois heures d’excursion passeront très vite et je prendrai plus de six cent photos avec évidemment beaucoup de déchets. Il m’en reste encore beaucoup à trier et développer mais en voilà déjà quelques-unes.
Les yeux encore pétillants de toute la beauté du Delta, nous rentrons au camping pour prendre notre petit-déjeuner et nous reposer. À midi, nous déjeunons d’un bon BBQ avant une bonne sieste. Demain, nous prenons la direction de la Moldavie que nous devrions atteindre dans l’après-midi.
Heureusement qu’elles sont noire et chocolat, ce qui nous permet de les trouver facilement et les enlever. Nous leur en ôterons des dizaines. Le lendemain on en trouvera encore. Il est temps de prendre la route vers Constanța, un des ports importants sur la Mer Noire avec Odessa et Sébastopol.
La route se passe bien, nous faisons le plein d’eau et de gasoil et arrivons à notre destination vers midi. Le parking est rare et difficile ce qui nous oblige à nous séparer. Nous déjeunons et puis direction la plage de Mamaia. On y trouve un grand parking face à la mer où nous nous installons. Ancien village de pêcheur grecs et de bergers roumains, Mamaia est devenue le St Trop de la Mer Noire.
Direction la plage en sable fin et la mer qui nous tend les bras. L’eau est chaude, on s’y jetterait bien, ce que fait Ulla avant de se rouler dans le sable. La plage n’est pas trop peuplée mais le week-end arrive et en fin d’après-midi, les gens arrivent à la sortie du boulot.
Nous passons un bon moment sur la plage et à l’apéro. La brise de la côte rend la chaleur supportable. Nous dormirons bien malgré la sono d’un bar proche et de quelques voitures au petit matin.
Samedi 8/6/2024 En route vers le Delta, nous avons prévu plusieurs arrêts sur la route de Murighiol. Il fait beau et nous suivons la route de la côte en bon état.
Une première étape au site archéologique de la cité antique Histria, ancien comptoir fondé par les Grecs en 657 av. JC. Le parking est vide, nous serons les premiers visiteurs. On visite le musée et les ruines, le prix est modeste et l’employée n’accepte que le cash malgré le terminal bancaire allumé devant elle et prétexte un problème pour ne pas donner de tickets. Encore une somme qui n’arrivera pas dans les caisses du musée. La visite est intéressante et Google Traduction nous lit les explications affichées en Roumain. Une employée balaie délicatement le sol et progresse en même temps que nous. Nous serons ainsi surveillés jusqu’à la sortie.
L’étape suivante n’est pas bien loin: Jurilovca, un village de pêcheurs fondés par les Lipovènes. Le port a été récemment rénové comme l’atteste un panneau indiquant un projet de 18,5 millions financé à hauteur de 15 millions par l’Europe. A l’arrivée, un gardien nous guide vers le terminal de paiement histoire de nous faire repayer les aides reçues.
L’Europe justifie les aides dans la cadre du tourisme durable “Jurilovca se trouve au milieu d’un paysage de conte de fées, à proximité de la mer Noire et du delta du Danube, une zone humide unique et un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, connu pour ses paysages époustouflants et sa biodiversité.
Accessibilité : Les autorités locales souhaitent accueillir des visiteurs de tous âges venant de toute l’Europe. Des efforts sont déployés pour garantir que tous les visiteurs puissent y passer des vacances tout aussi agréables. L’office du tourisme local est à la disposition de tous les visiteurs pour trouver des réponses à toutes leurs questions lors de leur séjour dans la région.”
Pour info, Ottignies-Louvain la Neuve a bénéficié de subsides dans le cadre du même programme.
En finale, le terminal de paiement ne fonctionne pas et je serai incapable de payer le parking. Le gardien me dit plusieurs fois “No Camping”, nous pouvons rester une heure sans payer mais pas plus. Une dame roumaine nous aborde en français. Elle habite Constanta et est venue passer la journée en excursion. Son groupe prendra un des bateaux qui va les emmener dans de l’autre côté de la baie où il y a plein de boutiques et d’attractions.
Nous ne resterons même pas une heure, quelques échoppes mais aucun pêcheur qui ne vende sa prise. Nous reprenons la route sans rien acheter.
Le ciel est gris, on va vers la pluie. On aperçoit le delta du Danube et les nombreux postes d’observation proposés aux touristes photographes. Le safari photo semble être la principale activité de la région.
Nous arrivons à l’heure du déjeuner à la citadelle d’Enisala. Nous nous installons pour manger au moment où la pluie se met à tomber. Pas de quoi mouiller un camping-car, elle s’arrêtera bien vite et le ciel repassera au bleu.
La forteresse médiévale est bien conservée et son principal atout c’est la vue panoramique sur le Delta. Nous nous contenterons de cette dernière.
En route vers notre bivouac sauvage au bord du Delta à Murighiol, centre touristique des excursions sur le Danube. Arrivés à l’endroit, nous somme immédiatement conquis par sa beauté. La vue sur le delta est superbe sauf qu’immédiatement une escadrille de taons pénètre dans nos camions. Norbert en tuera 6 avant de pouvoir fermer portes et fenêtres. Chez nous c’est pareil sauf que nous ne les avons pas comptés.
Vous l’aurez compris, le coté bucolique de l’endroit n’a pas résisté plus d’une minute que nous faisions déjà demi-tour direction le camping du Lac dont nous avons lu le plus grand bien. Le propriétaire est charmant et parle français, l’accueil est chaleureux, nous nous installons pour deux nuits. Le raccordement à l’électricité permettra de brancher la climatisation pendant notre croisière sur le delta. Octavian nous convainc de partir le matin à 5H30 pour une expérience inoubliable sur le Delta. Il connaît bien le Delta et partir tôt permet de passer sans bruit près des oiseaux, ce qui est impossible lorsqu’il y a plein de bateaux dans tous les sens. Nous nous coucherons donc tôt: lever à 4H30.
Après une très bonne nuit au calme devant le camping, nous partons vers Bucarest. Nous avons prévu de passer chez le gros concessionnaire Fiat utilitaires. Il faut absolument trouver une jante pour remplacer celle voilée qui martyrise mon roulement de roue.
Nous arrivons au garage qui n’a pas de jante en stock et qu’il faudra attendre 5 à 10 jours pour être livré d’Italie. J’insiste sur l’urgence de remplacer ma jante abîmée et leur demande de me trouver une jante d’occasion. Ils finissent par me susurrer du bout des lèvres que je peux essayer au marché Park Auto, où on pourra peut-être m’aider.
C’est juste en face de l’autre côté de la rivière et nous y allons aussitôt. Je m’attendais au chantier d’un casseur mais c’est une sorte de marché permanent de l’automobile où des dizaines d’échoppes offrent des pneus, amortisseurs, batteries, jantes, accessoires. D’autres petits ateliers proposent le montage ou des réparations.
C’est immense et le parking est limité pour des grands gabarits comme nous. Je me pose en plein milieu, me fait aussitôt renvoyer par un gardien qui finit par me laisser aborder le premier marchand proche de pneus, jantes etc. Il me dit qu’il a deux jantes neuves de Fiat Ducato et se propose de me les vendre au prix de 400 RON/pce soit 80€. J’achète les deux à ce prix-là et me rends ensuite à un atelier pour monter mon pneu et la réserve sur les jantes neuves. Cela ne prend pas trop de temps et me voilà enfin dépanné.
Nous avons repéré un parking pas trop éloigné du centre où nous nous installons. Il y a un peu d’ombre ce qui est bien car nous dépassons les 30 degrés aujourd’hui.
Ensuite, nous prenons un Uber qui nous conduit au Parlement installé dans l’ancien palais de Ceausescu. Ce bâtiment est le deuxième plus grand du monde après le Pentagone. L’histoire de ce chantier pharaonique est assez incroyable, il a coûté 40% du PIB roumain. Il a été payé par la population. Question style, on n’est pas dans le sobre, c’est du colossal et moche.
Il est possible de visiter le Parlement mais il faut s’inscrire normalement 24H à l’avance pour une courte visite guidée d’une infime partie de l’édifice. Il faut dire que si on voulait passer dans chaque pièce et en faire le tour complet, il faudrait marcher sans discontinuer pendant 18 heures. Nous tentons notre chance et allons vers le guichet fermé des tickets surmonté d’un écran affichant Sold Out. Cela commence mal. Je m’adresse à un des préposés qui me confirme que tout est vendu pour aujourd’hui mais qu’il peut nous inscrire sur la liste d’attente pour la visite de 16H00, c’est dans garantie. Si plusieurs personnes ne se présentent pas, nous pourrons en faire partie. Nous présentons nos cartes d’identité et il en prend une copie. Nous avons une petite demi-heure à perdre en visitant une petite exposition temporaire sur les artistes peintres amateurs roumains.
A 16H00, le groupe se forme et rentre au contrôle de sécurité. Nous désespérons mais un gardien m’appelle et me donne un sauf-conduit m’autorisant à acheter les tickets. Nous voilà dans la file vers le portique de sécurité, comme dans un aéroport. Norbert se fait remarquer car la machine a détecté qu’il porte une arme, un couteau, dans son sac. Norbert dément mais doit vider son sac et tout au fond découvre un petit couteau genre Opinel qu’il avait oublié. L’arme lui est immédiatement confisquée.
Nous courrons rejoindre le groupe pour cette visite qui nous conduira dans une salle de concert, une salle de travail, de conférence et des halls gigantesques. Tout est recouverte de marbre. La population a payé un lourd tribut à la mégalomanie de Céausescu. A sa mort, il a été question de détruire le bâtiment mais cela aurait coûté trop cher, ils ont finalement décidé de le garder et d’y loger le parlement et le sénat.
La dernière pièce est celle du commandement communiste qui a été rebaptisée la salle des droits humains. C’est dans cette pièce qu’en 1991, on a révisé la constitution de la Roumanie libérée du communisme.
Après la visite, nous partons nous balader en direction du centre proche. Il fait chaud et nous recherchons l’ombre. Il y a de nombreux bâtiments imposants souvent dans un état délabré. Tout semble manquer d’entretien.
Nous approchons d’une église orthodoxe mais une lamentation est en cours et on nous fait fermement comprendre que notre présence n’est pas souhaitée. Comme nous n’aimons pas nous imposer, nous nous retirons.
Au hasard d’une rue, on entend un hurlement ou plutôt une harangue qui couvre tout bruit ambiant. Il y a des véhicules d’intervention et des policiers et gendarmes qui encadrent une manifestation. Tout se passe bien, une dame aboie sur la foule qui répond en applaudissant. Nous passons notre chemin pour entrer dans le quartier des bars et restaurants. On cherche une boulangerie qu’on ne trouvera pas. En désespoir de cause, nous trouvons un Carrefour ouvert jour et nuit 7 jours sur 7. Chez nous, c’est impensable mais peut-être pas vraiment nécessaire non plus. Qui va faire ses courses à minuit ?
Nous rentrons avec notre Uber en Mercedes Classe E full options pour 5€. L’apéro est torride, il y a 34 degrés dans les camping-cars et guère moins à l’ombre. Mon frigo rame déjà. La nuit va être difficile.
Lors de notre apéro du soir, un couple de jeunes roumains vient nous parler. Ils rêvent de s’offrir un Van ou un camping – car et de voyager intensément. Nous échangeons quelques idées pour distinguer le mythe de la réalité. Il me parle même de toilette à incinération (4.000€) pour être complètement autonome. Dans la discussion, ils le disent que la Tranfaragasan est ouverte et qu’il ne faut pas croire les informations trouvées sur Internet ou même la signalisation routière rarement synchronisée avec la réalité. Que croire ?
Jeudi 6/6/2024 La nuit a été compliquée pour Ianta qui peine à respirer avec la canicule. Je lui ai mouillé la tête pour la rafraîchir mais avec son âge, elle souffre de la chaleur, nous aussi par ailleurs. Tout était ouvert mais malgré cela, on se réveiller avec encore 28 degrés.
La journée va encore être chaude, nous partons vers un grand centre commercial où Caro a repéré une machine à laver de 20 kg. Nous nous installons et les lessives démarrent aussitôt. Nous sommes sur le parking d’un supermarché Kaufland (même groupe que le Lidl), le responsable de la sécurité me demande de déplacer Trankilou et m’indique une place plus adéquate. Il me dit qu’il a vécu un an en Belgique à la prison de Mol. Il assurait la sécurité d’un client condamné pour avoir tué quelqu’un avec une arme à feu. Il parle toutes les langues dont le russe, c’est le genre de personne qu’il vaut mieux avoir à ses côtés plutôt qu’en face de soi. Il est heureusement très sympa et nous le rencontrerons quelques fois lors de nos courses.
Les courses et les lessives terminées nous déjeunons sur place de poulet frit et de frites du restaurant proche. C’est bon et même si ce n’est pas un poulet fermier, il est délicieux.
Nous retrouvons notre parking et partons en Uber visiter le musée du paysan roumain annoncé à trois étoiles dans le guide vert. En finale, la gestion des musées étant encore semblable à celle de la période communiste, toutes les salles du musée sont fermées pour entretien (manifestement opéré dans le noir absolu d’après ce que nous avons vu au travers des portes vitrées) et il n’y a qu’une exposition temporaire que nous pouvons visiter pour un prix modique qui nous donne droit en plus à deux cartes postales. Quel dommage.
Pas grand chose à voir, tout est en roumain, rien n’est traduit. Nous repartirons assez vite.
Un Uber nous ramène dans la circulation assez dense à notre parking. Le chauffeur nous dit que les températures actuelles ne sont pas inhabituelles à Bucarest mais cependant un peu tôt dans la saison.
Nous nous disons qu’il vaut mieux éviter de passer une seconde nuit dans la fournaise. Nous partons vers un bivouac en pleine nature au bord d’un lac sur la route de la Mer Noire.
Une heure plus tard, nous sommes installés dans un endroit comme on les aime. Il fait nettement plus frais, il n’y a personne sauf plein d’oiseaux.
Mardi 4/6/2024 Bonne nuit tranquille sur notre parking de grand centre commercial. Au petit matin, le parking s’éveille en attendant que les magasins n’ouvrent (vers 10H00 pour la plupart). Heureusement, les toilettes publiques sont restées ouvertes, ce qui nous permet d’y faire nos services en toute discrétion.
Il y a très peu de structures d’accueil pour les camping-cars en Roumanie. Et quand il y en a, les prix sont prohibitifs pour des services souvent inexistants malgré les promesses. Il faut donc constamment profiter des opportunités rencontrées sur la route, demander de l’eau aux stations service lors d’un plein (certains refusent) etc. En quittant la ville, nous nous arrêtons à une source le long de la route où les Roumains remplissent les bouteilles qui traînent toujours dans leur coffre. Le problème c’est le débit et pas question de faire le plein sans provoquer d’émeute. On se contente de remplir un gros bidon pour laisser la place aux autres.
Aujourd’hui dans notre programme, nous avons la visite du château de Peles. Nous prenons la route vers un bivouac à proximité mais au dernier moment parce que nous avons envie de nature, je reprends les coordonnées du bivouac d’un ancien voyage VUCC indiqué « au bord du lac ». Comme un débutant, je ne les vérifie et ne le reporte pas sur la carte. Quelle erreur.
Nous roulerons en fait des heures dans la mauvaise direction pour nous retrouver à Targoviste bien loin de notre destination. Le précédent voyage avait visité le château avant de s’arrêter au bord du lac et en fait de lac, c’est celui d’un parc désormais inaccessible aux camping-cars. Voilà une bonne leçon à ne plus reproduire.
Nous voilà privé de la visite du deuxième bâtiment le plus visité de Roumanie. Cette visite incontournable en Roumanie, nous devrons nous en passer et nous contenterons comme vous de le visiter sur Internet. C’est dommage car ce château avait l’air bien plus intéressant que celui de Bran.
Donc arrivé à la mauvaise destination, nous nous rendons compte que la disposition du parking a changé et que nous ne pourrons pas y passer la nuit. On essaye plusieurs endroits avant de trouver un parking pas très bucolique mais il y a de la place et il a l’air d’être au calme. Ce sera effectivement le cas et nous ferons ainsi étape dans la ville où fut exécuté Ceausescu.
Mercredi 5/6/2024 Nuit sans histoire, au petit matin il y a déjà plusieurs voitures garées avec le moteur qui tourne. Il nous faut vous parler de cette habitude des Roumains que nous avons du mal à comprendre. Sur tous les parkings où nous nous sommes passés, nous voyons régulièrement des voitures qui s’arrêtent et qui y passent un bon moment sans que le conducteur sorte de sa voiture. Il laisse le moteur tourner, histoire probablement de profiter de la climatisation, tout en laissant une vitre ouverte bien sûr. Il écoute ou non sa radio, regarde son téléphone et puis repart. Cela semble être une occupation nationale.
Nous prenons la direction de Buzau pour aller voir les volcans de boue. La route est agréable et régulièrement bordée de marchands de légumes ou de fruits, Ce sont le plus souvent des particuliers qui vendent les produits de leur jardin. En ce moment, ce sont surtout des cerises et des abricots qui vous sont proposés à des prix imbattables (cerises 3€/kg).
Il fait de plus en plus chaud, nous avons plus de 30 degrés dans Trankilou et nous recherchons un endroit ombragé pour déjeuner. On ne trouvera qu’un parking inconfortable le long de la route. Nous arrivons aux volcans de boue et les derniers kilomètres, la route devient de plus en plus déformée au point de nous donner le mal de mer.
Nous payons nos entrées un prix modeste et allons voir ces fameux volcans. Sur une dune de terre, on aperçoit plusieurs monticules de taille modeste qui laissent s’écouler des larmes d’argile. Lorsqu’on s’en approche, on distingue de temps en temps un petit bloub en même temps qu’une bulle éclate à la surface de la boue très liquide. On a vite fait le tour de ces « volcans » minuscules peu nombreux et nous repartons.
Mais comment ce phénomène se produit-il ? Les gaz des profondeurs de la terre poussent les eaux souterraines à la surface et stockent l’argile des roches qu’ils rencontrent en cours de route. Cela crée de la boue qui génère des éruptions permanentes et finit par former de petits cônes et cratères.
Le paysage est complété par “des fossés profonds et des rochers, des plaques polygonales de boue sèche et d’efflorescences salées, mais aussi par une végétation variée, installée moins sur les mauvaises terres et plus sur les pentes des plateaux” (Prof. Mihai Mîncu).
Les volcans boueux sont regroupés en quatre zones : “La Fierbători”, Pâclele Mari, Pâclele Mici et Beciu.
Les chaudières sont situées au nord de Berca et représentent des cratères de forme presque circulaire, qui contiennent de la boue liquide. Les gaz qui remontent à la surface secouent la boue, donnant l’impression qu’elle est en ébullition.
Les Volcans boueux de Pâclele Mari sont situés dans la partie centrale de la dépression de Berca sur un plateau aride, de forme circulaire, où se trouvent de nombreux dispositifs actifs de 2-3 m et fossiles de 6-8 m, développés sur une superficie de 22 ha. La boue volcanique, qui montre des traces d’huile, prédomine ici.
Les volcans boueux de Păclele Mici sont légèrement plus petits en hauteur et en nombre, à l’exception de la partie centrale du plateau, où se trouve un cône haut et proéminent, qui a deux grands cratères actifs au sommet.
À Beciu, les volcans sont situés sur une petite zone, près de la route Beciu-Arbanași, leur activité consistant principalement en des chaudières. Ah oui, dernière précision, pour avoir mis la main dedans, ces boues sont froides et ne vous brûleront pas.
Après la visite, nous cherchons un bivouac et commençons par rejoindre un restaurant qui accueille les camping-cars de ses clients. Cela a l’air bien et nous voilà partis pour découvrir à l’arrivée que le chemin en terre est trop raide pour nos camions.
Il nous reste un petit camping sympa à quelques minutes. Nous y trouverons les grilles fermées et un papier indiquant que suite au départ à l’étranger du propriétaire, le camping est fermé et à vendre. Nous nous installons sur le terrain herbeux devant la grille. Une voiture arrive, ce sont les propriétaires du terrain de foot voisin. Après discussion, nous pouvons y passer la nuit.