Bari sera toujours Bari, capitale joyeuse des Pouilles

Samedi 27 septembre 2025
La quiétude du matin à Alborello fait place à des coups de canon. Au bruit, on tire un feu d’artifice mais à 8H00 de matin qui peut le voir ?

Nous partons vers Bari, le cœur battant des Pouilles, et trouvons sans trop de problème notre parking gardé proche du centre historique (sic). L’endroit n’est pas très engageant et l’espace est limité mais ce n’est que pour une nuit et un parking gardé dans une ville, c’est rassurant.

Nous passons par le bord de mer et rejoignons le centre historique où en recherchant notre restaurant nous passons par la rue des Oriecchette. Les ménagères y fabriquent et vendent leurs pâtes « maison ».

Après avoir tourné en rond en passant plusieurs fois devant le restaurant (le cecchina), nous le trouvons enfin et y déjeunons fort bien.

Beaucoup de monde dans ce centre historique où il est facile de se perdre dans les nombreuses ruelles qui ne vont nulle part. Il faut continuellement se faufiler entre les tables des touristes qui déjeunent ou se désaltèrent. Comme si l’espace n’était pas assez encombré, il faut encore faire attention aux scooters qui tentent de passer dans ces rues piétonnes.

En cherchant la cathédrale nous tombons sur la magnifique basilique de Saint Nicolas, le saint patron de Bari. Le plafond est remarquable.

Près du château normand-souabe, la cathédrale San Sabino (autrefois appelée Santa Maria) se dresse, majestueuse, sur la Piazza dell’Odegitria, aux portes de la partie ouest de la vieille ville. L’édifice pré millénaire et les restes archéologiques mis au jour sous la cathédrale confirment son origine très ancienne ; elle remonterait au Ve-VIe siècle. La structure de l’église actuelle, reconstruite suite à la destruction de la ville perpétrée par le roi normand Guglielmo il Malo (Guillaume le Mauvais) en 1156, reprend, dans ses éléments fondamentaux, la structure de la basilique San Nicola, beaucoup plus célèbre que la cathédrale. Bien que ces deux églises se ressemblent beaucoup, la cathédrale San Sabino est le seul édifice de culte des vieux quartiers qui possède un campanile imposant. Des éléments architecturaux appartenant à des époques différentes témoignent des influences (romaines, paléochrétiennes, arabes, byzantines, normandes-souabes) englobées au fil des siècles par la cathédrale actuelle, qui était l’édifice de culte le plus noble et le plus ancien de la ville. C’était d’ailleurs le siège de l’Archevêché et le point de référence de la classe dirigeante de Bari. Si la cathédrale, en forme de croix à bras orthogonaux, surmontée d’une coupole au tambour octogonal, « se trouvait Place des Miracles à Pise […] elle aurait le même impact visuel, avec le baptistère sur le côté et les campaniles touchant le ciel » (Nino Lavermicocca, Bari e le chiese della città vecchia, 2005). Rue Dottula, sur le côté droit de l’édifice, voici le Palazzo Arcivescovile (Palais de l’Evêché), qui accueille aujourd’hui le Musée Diocésain. Ce dernier abrite les objets les plus anciens appartenant à l’histoire millénaire de la cathédrale, véritable joyau de l’architecture romane. Trois Exultet, des rouleaux de parchemin enluminés, exposés et déroulés depuis la chaire au cours des rites religieux de Pâques, sont les pièces les plus précieuses du musée.

Après avoir encore flâné dans les ruelles du centre historique nous reprenons la direction de notre parking. Si les centres historiques en Italie sont magnifiquement restaurées, il y a un très grand contraste avec le reste de la ville, souvent sale et délabrée. Quel contraste. Au vu des nombreuses antenne TV râteaux, on comprends que la fibre n’est pas encore disponible partout.

Demain nous partons vers l’ergot de l’Italie, le parc national du Gargano.

La vallée d’Itria, de la casedda au trullo à Martina Franca, Locorontodo et Alberobello

Vendredi 26 septembre 2025
Notre parking fort calme, est cependant envahi par une colonie de chats errants qui ont l’art de compliquer toute sortie d’Ulla. En dehors de cela, nous avons bien dormi.

Ce matin, nous traversons la vallée d’Itria. cette vallée du centre des Pouilles se déploie sur le plateau calcaire de la Murgia (qu’on appelle aussi les Murge) à l’étrange géologie karstique. Constellé de brèches et de ravins, ce plateau ressemble à une gigantesque éponge.

Le cœur de la vallée est le pays des trulli, ces maisons circulaires en pierre sèche coiffées d’un toit conique, que l’on dirait sorties d’un conte de fées. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, Alberobello est le fleuron de cette architecture unique dont nul ne connaît vraiment l’origine.

Nous nous arrêterons dans les 3 centres historiques de Martina Franca, Locorotondo, et Alberobello, riches d’une histoire plusieurs fois millénaire.

La casedda est l’évolution d’anciennes structures en pierre sèche, présentes dans toute la campagne des Pouilles, aux formes et aux fonctions variées selon les activités pastorales et agricoles. Ces structures anciennes constituaient le modèle de construction imité par les agriculteurs de la vallée d’Itria lorsqu’ils construisaient leurs habitations permanentes à la campagne, notamment au XIXe siècle, pour y pratiquer la viticulture.

De la cabane en pierre unicellulaire d’origine, la structure a évolué vers une structure à plusieurs pièces reliées par des arcs en plein cintre et des voûtes coniques. L’intérieur se composait généralement d’un grand trullo, la pièce d’habitation, relié aux arcuoli  (petites pièces) où se trouvaient les chambres ; la pièce avec la cheminée servait de cuisine, avec des bancs de pierre caractéristiques adossés aux murs latéraux. La base circulaire d’origine du trullo a été progressivement transformée en carré, optimisant l’espace de vie intérieur, notamment pour l’agencement du mobilier, toujours intégré dans des niches creusées dans l’épaisseur des murs.

Sur la route, magnifique entre Ostuni et Alberobello, nous verrons des trulli, tantôt remise agricole, tantôt habitation.

Après quelques kilomètres, nous arrivons déjà à Martina Franca que nous traversons pour rejoindre un parking. La ville nous semble quelconque et nous ne sommes pas loin de faire demi-tour la considérant sans intérêt. Heureusement pour nous, nous ne le ferons pas et nous nous baladons vers le centre historique de la ville.

L’origine du nom Martina provient de la dévotion des habitants à saint Martin de Tours, tandis que le terme Franca fut ajouté au XIVe siècle, lorsque la ville fut élevée au rang de commune par Philippe Ier d’Anjou, qui accorda à ses citoyens des privilèges particuliers tels que des franchises et la propriété perpétuelle de l’État. Le XVIIIe siècle fut une période de grand développement, comme en témoignent les nombreux bâtiments, monuments et églises érigés dans un style baroque caractéristique, appelé « Martina Baroque ».

Dans le labyrinthe de ruelles et de rues charmantes qui reflètent les maisons blanchies à la chaux, se distinguent la basilique baroque de San Martino, dédiée au saint patron, le Palazzo Ducale et plusieurs autres bâtiments nobles.

De nombreux touristes arpentent déjà la ville en suivant leur guide. Il fait beau et nous prenons le temps de prendre un café sur une terrasse.

Nous parcourons les quelques kilomètres qui nous amènent à Locorontodo où nous nous garons sur un parking proche du centre historique. C’est jour de marché, et nous en profitons pour acheter quelques fruits avant de flâner dans les rues circulaires de la ville.

Son nom à lui seul en dit long : Locorotondo est un village de forme ronde. Ce paisible village niché sur une colline est composé de petites maisons en briques blanches aux toits pointus et pentus, les cummerse typiques , rappelant les villages d’Europe du Nord. Disposées en cercle autour du centre, les maisons sont entourées du célèbre balcon, le « lungomare », dont le nom ne doit pas être trompeur, car il est niché dans les collines.

Parmi les maisons du centre, se distinguent le Palazzo Morelli, de style baroque, ainsi que l’église San Giorgio, principale église de la ville, avec sa façade néoclassique, et l’église Santa Maria la Greca, du XVe siècle, qui, malgré son caractère minimaliste, arbore une rosace moderne et élaborée sur sa façade.

Locorotondo abrite également le plus ancien trullo de la région, datant de 1509, mais il ne peut malheureusement pas être visité et n’est visible que de loin. 

Nous repartons déjà vers Alberobello notre dernière étape de la journée où nous nous installons dans l’aire de camping-car proche du centre ville. Il y a déjà énormément de monde, les touristes sont très nombreux.

C’est vraiment une zone ultra touristique, et la majorité des trulli sont désormais devenus des magasins de souvenirs. On y accède par l’une de ses ruelles en pente, et là, on découvre un autre monde.

Le décor est absolument fascinant : des trulli placés à la suite les uns des autres sur des centaines de mètres donnent l’impression d’être dans un petit village de lutins. En flânant dans ses ruelles, on peut admirer l’architecture des ces maisons si atypiques. Il est possible d’entrer dans certaines, comme dans le Trullo Siamese, et ainsi d’accéder à une terrasses avec vision panoramique.

Il y a tellement de monde que nous ne retrouvons pas le trullo soverano, (le « trullo souverain »). C est le plus haut et le plus grand, il fut construit par une famille de prêtres au XVIIIème siècle, et c’est le seul à posséder un étage. Il appartenait à une famille fortunée. Aujourd’hui il abrite un musée, dont l’intérieur a été reconstruit selon les témoignages des anciens du village, pour donner un aperçu du mode de vie de ces habitations. On y trouve la réplique d’un fournil, et des meubles qui vous transportent dans le passé. Nous l’avions visité en 2017.