Après une très bonne nuit au calme devant le camping, nous partons vers Bucarest. Nous avons prévu de passer chez le gros concessionnaire Fiat utilitaires. Il faut absolument trouver une jante pour remplacer celle voilée qui martyrise mon roulement de roue.
Nous arrivons au garage qui n’a pas de jante en stock et qu’il faudra attendre 5 à 10 jours pour être livré d’Italie. J’insiste sur l’urgence de remplacer ma jante abîmée et leur demande de me trouver une jante d’occasion. Ils finissent par me susurrer du bout des lèvres que je peux essayer au marché Park Auto, où on pourra peut-être m’aider.
C’est juste en face de l’autre côté de la rivière et nous y allons aussitôt. Je m’attendais au chantier d’un casseur mais c’est une sorte de marché permanent de l’automobile où des dizaines d’échoppes offrent des pneus, amortisseurs, batteries, jantes, accessoires. D’autres petits ateliers proposent le montage ou des réparations.
C’est immense et le parking est limité pour des grands gabarits comme nous. Je me pose en plein milieu, me fait aussitôt renvoyer par un gardien qui finit par me laisser aborder le premier marchand proche de pneus, jantes etc. Il me dit qu’il a deux jantes neuves de Fiat Ducato et se propose de me les vendre au prix de 400 RON/pce soit 80€. J’achète les deux à ce prix-là et me rends ensuite à un atelier pour monter mon pneu et la réserve sur les jantes neuves. Cela ne prend pas trop de temps et me voilà enfin dépanné.
Nous avons repéré un parking pas trop éloigné du centre où nous nous installons. Il y a un peu d’ombre ce qui est bien car nous dépassons les 30 degrés aujourd’hui.
Ensuite, nous prenons un Uber qui nous conduit au Parlement installé dans l’ancien palais de Ceausescu. Ce bâtiment est le deuxième plus grand du monde après le Pentagone. L’histoire de ce chantier pharaonique est assez incroyable, il a coûté 40% du PIB roumain. Il a été payé par la population. Question style, on n’est pas dans le sobre, c’est du colossal et moche.
Il est possible de visiter le Parlement mais il faut s’inscrire normalement 24H à l’avance pour une courte visite guidée d’une infime partie de l’édifice. Il faut dire que si on voulait passer dans chaque pièce et en faire le tour complet, il faudrait marcher sans discontinuer pendant 18 heures. Nous tentons notre chance et allons vers le guichet fermé des tickets surmonté d’un écran affichant Sold Out. Cela commence mal. Je m’adresse à un des préposés qui me confirme que tout est vendu pour aujourd’hui mais qu’il peut nous inscrire sur la liste d’attente pour la visite de 16H00, c’est dans garantie. Si plusieurs personnes ne se présentent pas, nous pourrons en faire partie. Nous présentons nos cartes d’identité et il en prend une copie. Nous avons une petite demi-heure à perdre en visitant une petite exposition temporaire sur les artistes peintres amateurs roumains.
A 16H00, le groupe se forme et rentre au contrôle de sécurité. Nous désespérons mais un gardien m’appelle et me donne un sauf-conduit m’autorisant à acheter les tickets. Nous voilà dans la file vers le portique de sécurité, comme dans un aéroport. Norbert se fait remarquer car la machine a détecté qu’il porte une arme, un couteau, dans son sac. Norbert dément mais doit vider son sac et tout au fond découvre un petit couteau genre Opinel qu’il avait oublié. L’arme lui est immédiatement confisquée.
Nous courrons rejoindre le groupe pour cette visite qui nous conduira dans une salle de concert, une salle de travail, de conférence et des halls gigantesques. Tout est recouverte de marbre. La population a payé un lourd tribut à la mégalomanie de Céausescu. A sa mort, il a été question de détruire le bâtiment mais cela aurait coûté trop cher, ils ont finalement décidé de le garder et d’y loger le parlement et le sénat.
La dernière pièce est celle du commandement communiste qui a été rebaptisée la salle des droits humains. C’est dans cette pièce qu’en 1991, on a révisé la constitution de la Roumanie libérée du communisme.
Après la visite, nous partons nous balader en direction du centre proche. Il fait chaud et nous recherchons l’ombre. Il y a de nombreux bâtiments imposants souvent dans un état délabré. Tout semble manquer d’entretien.
Nous approchons d’une église orthodoxe mais une lamentation est en cours et on nous fait fermement comprendre que notre présence n’est pas souhaitée. Comme nous n’aimons pas nous imposer, nous nous retirons.
Au hasard d’une rue, on entend un hurlement ou plutôt une harangue qui couvre tout bruit ambiant. Il y a des véhicules d’intervention et des policiers et gendarmes qui encadrent une manifestation. Tout se passe bien, une dame aboie sur la foule qui répond en applaudissant. Nous passons notre chemin pour entrer dans le quartier des bars et restaurants. On cherche une boulangerie qu’on ne trouvera pas. En désespoir de cause, nous trouvons un Carrefour ouvert jour et nuit 7 jours sur 7. Chez nous, c’est impensable mais peut-être pas vraiment nécessaire non plus. Qui va faire ses courses à minuit ?
Nous rentrons avec notre Uber en Mercedes Classe E full options pour 5€. L’apéro est torride, il y a 34 degrés dans les camping-cars et guère moins à l’ombre. Mon frigo rame déjà. La nuit va être difficile.
Lors de notre apéro du soir, un couple de jeunes roumains vient nous parler. Ils rêvent de s’offrir un Van ou un camping – car et de voyager intensément. Nous échangeons quelques idées pour distinguer le mythe de la réalité. Il me parle même de toilette à incinération (4.000€) pour être complètement autonome. Dans la discussion, ils le disent que la Tranfaragasan est ouverte et qu’il ne faut pas croire les informations trouvées sur Internet ou même la signalisation routière rarement synchronisée avec la réalité. Que croire ?
Jeudi 6/6/2024
La nuit a été compliquée pour Ianta qui peine à respirer avec la canicule. Je lui ai mouillé la tête pour la rafraîchir mais avec son âge, elle souffre de la chaleur, nous aussi par ailleurs. Tout était ouvert mais malgré cela, on se réveiller avec encore 28 degrés.
La journée va encore être chaude, nous partons vers un grand centre commercial où Caro a repéré une machine à laver de 20 kg. Nous nous installons et les lessives démarrent aussitôt. Nous sommes sur le parking d’un supermarché Kaufland (même groupe que le Lidl), le responsable de la sécurité me demande de déplacer Trankilou et m’indique une place plus adéquate. Il me dit qu’il a vécu un an en Belgique à la prison de Mol. Il assurait la sécurité d’un client condamné pour avoir tué quelqu’un avec une arme à feu. Il parle toutes les langues dont le russe, c’est le genre de personne qu’il vaut mieux avoir à ses côtés plutôt qu’en face de soi. Il est heureusement très sympa et nous le rencontrerons quelques fois lors de nos courses.
Les courses et les lessives terminées nous déjeunons sur place de poulet frit et de frites du restaurant proche. C’est bon et même si ce n’est pas un poulet fermier, il est délicieux.
Nous retrouvons notre parking et partons en Uber visiter le musée du paysan roumain annoncé à trois étoiles dans le guide vert. En finale, la gestion des musées étant encore semblable à celle de la période communiste, toutes les salles du musée sont fermées pour entretien (manifestement opéré dans le noir absolu d’après ce que nous avons vu au travers des portes vitrées) et il n’y a qu’une exposition temporaire que nous pouvons visiter pour un prix modique qui nous donne droit en plus à deux cartes postales. Quel dommage.
Pas grand chose à voir, tout est en roumain, rien n’est traduit. Nous repartirons assez vite.
Un Uber nous ramène dans la circulation assez dense à notre parking. Le chauffeur nous dit que les températures actuelles ne sont pas inhabituelles à Bucarest mais cependant un peu tôt dans la saison.
Nous nous disons qu’il vaut mieux éviter de passer une seconde nuit dans la fournaise. Nous partons vers un bivouac en pleine nature au bord d’un lac sur la route de la Mer Noire.
Une heure plus tard, nous sommes installés dans un endroit comme on les aime. Il fait nettement plus frais, il n’y a personne sauf plein d’oiseaux.